La rémunération au mille est-elle révolue? -Opinion
«J’ai réalisé que mes chauffeurs qui étaient payés au mille, quand ils sont arrêtés comme ça, ils ne gagnent pas un sou!»
Cette citation, elle vient de Jérôme Veer, président de VTL Express\MV Express à Lévis. Vous pouvez lire l’article dont il fait l’objet en page 27 de ce numéro. Depuis 2017, tous les camionneurs de la compagnie, qu’ils fassent du transport régional, interprovincial ou transfrontalier, sont payés à l’heure. Tous.
Grâce aux données télématiques, l’entreprise a pu élaborer un système de rémunération horaire équitable qui tient compte aussi de l’expérience et de la conduite. La rémunération à l’heure aide aussi à recruter et à garder les chauffeurs.
Dans son livre <it>Sweatshops on Wheels<|it>, publié en 2000, Michael H. Belzer, professeur d’économie de la Wayne State University, écrit que les chauffeurs «sont victimes de l’indignité d’être obligés d’attendre des heures pour que leurs camions soient chargés et déchargés, alors que l’on s’occupe d’abord des personnes dont le temps est plus précieux».
Il affirme que les expéditeurs ont tendance à avoir un certain pouvoir de marché. Ils contrôlent la relation, peuvent faire pression sur les transporteurs pour obtenir des prix déraisonnablement bas, et les forcer à accepter des immobilisations aux quais de chargement pour lesquelles ils ne paieront pas.
L’un des problèmes avec la rémunération au mille, donc, c’est l’immobilité. Le modèle de la paye au mille fonctionne quand le camion roule.
Or, les délais que les camionneurs subissent en raison de la congestion dépassent le milliard d’heures par année aux États-Unis. Quelque 12 % du coût de la congestion serait assumé par les entreprises de camionnage.
C’est aussi un modèle qui encourage le chauffeur à rouler un maximum de milles dans la plus courte période possible. Un modèle développé alors que le carburant ne coûtait pas très cher et que les réglementations sur les heures de conduite et de repos étaient permissives ou inexistantes.
Mais la réalité a changé. Nous vivons dans une ère de congestion routière, de temps d’attente et de dispositifs de consignation électronique des heures de travail et de repos. Des dispositifs qui fournissent d’ailleurs les données nécessaires pour passer à un mode de rémunération à l’heure. Et qui permettent de bonifier le salaire des chauffeurs les plus performants.
Certains transporteurs mettent en place une structure salariale hybride qui comprend une forme de rémunération pour les temps d’attente.
«Dans le cadre de notre programme des Meilleurs transporteurs employeurs, nous avons constaté un changement important : la plupart des employeurs proposent un système de rémunération hybride pour les chauffeurs de camions longue distance en offrant un salaire horaire pour les temps d’attente», indique Craig Faucette, directeur des politiques et des programmes chez RH Camionnage Canada.
«Aussi, dans le cadre de notre dernier sondage annuel, nous avons constaté une augmentation du nombre d’employeurs qui délaissent complètement la rémunération au kilomètre pour offrir un salaire horaire à leurs chauffeurs longue distance.»
C’est à chacun d’y voir. Pour certains types de transport, la rémunération au mille peut s’avérer la meilleure approche. Mais la question se pose maintenant c’est : la paye au mille est-elle révolue?
À l’heure où les défis en matière de recrutement et de rétention sont immenses, alors que l’industrie peine à trouver des chauffeurs, la rémunération horaire ne s’avérerait-elle pas plus séduisante pour attirer la main-d’œuvre?
On peut aussi se demander quel devrait être le salaire horaire d’un camionneur. Mais ça, c’est une question qui vaut d’être débattue à elle seule.
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Bonjour
Je me questionne à savoir si il y a d’autres modes de rémunération pour un chauffeur qui, comme moi, a un revenu de pension et qui débute dans le camionnage. Le but est toujours de sauver de l’impôt. J’ai entendu dire que les cie offre des contrats mais je n’ai pas plus de détails.
Merci pour votre chronique