L’ACQ parle Chauffeur inc. en rencontre privée avec le ministre Miller

Le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, était de passage dans les bureaux de l’Association du camionnage du Québec (ACQ) lundi pour parler des enjeux de l’industrie en lien avec la main-d’œuvre immigrante. Le stratagème Chauffeur inc. a bien sûr animé une bonne partie des discussions.

Le ministre Miller s’est entretenu pendant plus d’une heure et demie avec Marc Cadieux, PDG de l’ACQ; Claude Robert, président du Conseil de Groupe Robert, Jean-François Pagé, vice-président exécutif de Transport Hervé Lemieux et Martin Lavoie de Transport Lavoie.

En entrevue avec Transport Routier, le ministre Miller s’est dit très conscient des enjeux avec lesquels l’industrie du camionnage doit composer, à commencer par la pénurie de camionneurs, ajoutant qu’il s’agit d’un défi qui dépasse le point d’entrée en immigration. «La pénurie de main-d’œuvre se rétrécit et devient plus sectorielle au pays, mais c’est clair qu’on a besoin de camionneurs. Mon ministère est au début de l’équation, mais c’est important pour moi d’écouter les représentants de votre industrie, de savoir qu’il y a un écosystème qui a été créé et qui n’est pas nécessairement très sain », dit-il, faisant référence au stratagème Chauffeur inc.

«Je comprends leurs frustrations.»

Conscient également de l’impact négatif que ce stratagème a sur la rentabilité d’entreprises de camionnage réputées au Québec et ailleurs au Canada, il dit vouloir travailler à enrayer ce fléau, mais reconnait aussi l’ampleur du défi, indiquant qu’il est plus facile en théorie qu’en réalité de s’attaquer à des situations qui naviguent en zones grises. «Je comprends les frustrations des membres de l’ACQ. Je les aurais moi-même si j’avais une compagnie. C’est un défi auquel je vais m’attaquer avec mes collègues des autres ministères fédéraux et provinciaux.»

Le ministre Miller est conscient également que l’industrie s’impatiente. Il réitère qu’un budget a été alloué à ESDC pour enrayer la fraude et faire des vérifications et que c’est un travail de longue haleine.

Le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, bien que crucial dans le dossier Chauffeur inc., demeure limité dans son action.

«Pour des motifs de crédibilité et de capacité d’agir, je dois rester dans mon champ de compétences et dans mon domaine. J’ai dit aux gens de l’ACQ que je vais travailler avec mon collègue Randy Boissonneault (ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et des Langues officielles), à qui revient le plus gros de la tâche au fédéral.»

«Il y a de la fraude, je ne vais pas vous le cacher. Il y a du travail à faire et, dans le contexte d’un ministère qui se doit de réduire de 20% les gens qui sont ici de façon temporaire, cela pourrait être une piste de solution parmi tant d’autres. L’autre côté de la médaille, c’est que nous avons encore besoin de camionneurs. Nous devons agir de façon responsable.» 

Marc Miller rencontrera demain la ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration du Québec, Christine Fréchette. Il y a fort à parier que le stratagème Chauffeur inc. fera partie des discussions.

À la suite de la rencontre, Marc Cadieux a souligné la très grande écoute dont Marc Miller a fait preuve. «Le ministre Miller a conclu la rencontre en disant que son ministère et les autres ministères impliqués avaient un devoir envers les transporteurs en ce qui a trait à Chauffeur inc. Il m’a dit qu’il avait déjà compris le problème mais que, maintenant, il le comprend infiniment mieux. »