Lancement d’une étude sur le potentiel de l’hydrogène vert dans le camionnage de longue distance

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Propulsion Québec et InnovÉÉ ont dévoilé leur étude sur le potentiel d’adoption de l’hydrogène vert dans l’industrie du transport lourd et de longue distance au Québec.

(Photo : Propulsion Québec)

«Le camionnage lourd représente un fort potentiel de décarbonation. La stratégie québécoise sur l’hydrogène vert et les bioénergies illustre que l’hydrogène est une alternative intéressante à considérer», a déclaré Bruno G. Pollet, professeur à l’Institut de recherche sur l’hydrogène (IRH) et au Département de chimie, biochimie et physique à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR)

Le lancement de l’étude s’est déroulé à l’UQTR, en plein cœur de la nouvelle Vallée de la transition énergétique, plus précisément dans le secteur du développement de l’hydrogène vert. L’UQTR est aussi membre du Centre international des technologies de production d’hydrogène (HyPT).

«Il n’existe pas une seule technologie qui va répondre à tous les enjeux et besoins de la décarbonation du transport, affirme Victor Poudelet, vice-président des opérations par intérim chez Propulsion Québec. Chaque solution possède des inconvénients, des avantages et des limites, il est donc important de bien les étudier, et surtout de bien comprendre leur déploiement à travers le monde et les autres projets d’expérimentation, et de tirer des apprentissages sur la façon de les déployer ici.»

Résultats de l’étude

L’étude fait part des différents enjeux techniques, économiques, sociaux, législatifs et gouvernementaux face à l’utilisation des camions à hydrogène, et émet des recommandations pour les gérer.

Les principales conclusions de l’étude considèrent que les camions à hydrogène sont une option complémentaire aux camions électriques, surtout dans le contexte de trajets longs avec des charges lourdes. «Pour les trajets plus longs et le transport de marchandises plus lourdes, on voit qu’il y a vraiment un trou dans le modèle électrique et que le modèle d’affaires est plus difficile à intégrer. C’est là que l’hydrogène a un rôle intéressant», indique Alex Champagne-Gélinas, directeur du développement stratégique pour InnovÉÉ.

Mais le document démontre aussi la réticence de certains pour cette technologie. En effet, l’étude dicte que la performance et la fiabilité des camions dans un contexte de marché compétitif des transporteurs retardent la transition, et que les investisseurs sont dissuadés par le manque d’énergie, de camions et de stations de ravitaillement disponibles, ainsi que par les coûts élevés liés à la technologie.

Il y a cependant des moyens pour faciliter l’implantation de l’hydrogène dans l’industrie du camionnage, par exemple en développant des projets pilotes, en facilitant l’octroi de permis et en bénéficiant d’un bon soutien du gouvernement pour structurer la filière. Il est aussi conseillé de tester différents modèles d’affaires avec la planification des infrastructures de production, de stockage et de distribution.

«Présentement, il y a certains camions à hydrogène qui roulent dans le monde, mais il reste beaucoup de travail sur notre feuille de route technologique avant que l’on puisse arriver à un résultat final», ajoute Alex Champagne-Gélinas.

Avis d’experts

La présentation de l’étude a été suivie par une discussion sur les enjeux de l’implantation de l’hydrogène durant laquelle la pertinence des nouveaux modèles d’affaires ainsi que la place de l’hydrogène dans le mix énergétique ont été abordés.

(Photo : Propulsion Québec)

Les quatre experts invités venaient chacun d’un secteur différent de l’industrie : l’aspect recherche était représenté par Loïc Boulon, codirecteur de l’IRH; les transporteurs par Catherine Morneau, vice-présidente exécutive et directrice générale de Groupe Morneau; les fabricants par Martin Blanchet, directeur des ventes nationales en énergies alternatives chez Peterbilt; et les stations de ravitaillement par Friedrich Dehem-Lemelin, PDG d’Hydrolux.

Loïc Boulon est notamment revenu sur une des conclusions de l’étude selon laquelle il est important de définir un bon modèle d’affaires pour montrer le potentiel de l’hydrogène. «À mon avis, il y a deux grandes manières de comparer ces technologies. La première, c’est l’efficacité, la deuxième ce sont les plans d’affaires et la modification des opérations actuelles», a-t-il souligné. Il ne néglige cependant pas toutes les difficultés et les enjeux mentionnés dans l’étude pour amener l’hydrogène dans l’industrie.

En tant que représentante des compagnies de transport routier, Catherine Morneau confirme que les énergies renouvelables comme l’hydrogène sont très attrayantes pour les membres de l’industrie. «Il n’y a aucun transporteur qui n’est pas intéressé. On a un intérêt et un appétit pour les nouvelles technologies.» Cependant, implanter cette nouvelle approche dans un modèle d’affaires qui marche depuis longtemps sera un véritable défi pour les entreprises. «La principale difficulté pour les transporteurs sera de faire le bon choix.»

Martin Blanchet a mentionné l’importance de démontrer l’intérêt des fabricants et des transporteurs envers ces nouvelles technologies. Il est aussi revenu sur le problème des investissements dans l’hydrogène, notamment sur l’impact économique global, déclarant que «Le prix sera un enjeu de taille. Je crois que la transition énergétique aura assurément un coût social.» Il présage quand même que l’hydrogène fera sa place au fil du temps. «Les camions vont sans doute devenir plus efficaces à mesure que la concurrence va s’installer et que l’économie va s’ajuster , ajoute-t-il. Ça a tendance à s’améliorer avec le temps au bénéfice de tout le monde.»

Friedric Dehem-Lemelin a quant à lui rappelé à quel point il est nécessaire de mettre en place des infrastructures de recharge pratiques et fonctionnelles si on veut voir des camions à l’hydrogène rouler sur les routes. «Il faut que l’on puisse offrir une alternative qui est économiquement viable face au diesel. Autrement, il n’y en aura pas de transition énergétique massive», explique-t-il.

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