Le 8 mars, le pont Samuel-De Champlain se vêtira de violet pour célébrer les femmes

Le pont Samuel-De Champlain, le poumon économique du Québec pour le transport routier avec le port de Montréal et l’autoroute métropolitaine, fera un clin d’oeil très remarqué aux femmes le 8 mars prochain. Pour célébrer la Journée internationale des femmes, le pont sera en effet illuminé de violet entre le coucher du soleil et une heure du matin de la nuit suivante.

Pont Samuel-De Champlain. Photo: courtoisie.

Pourquoi le violet? C’est la couleur de la paix, de la délicatesse, du rêve, de l’amitié et de la mélancolie. On dit également qu’elle est la couleur de la douceur. Une couleur, donc, toute désignée pour célébrer cette journée.

Pourquoi une Journée consacrée aux femmes en 2023? Parce qu’elles sont, encore aujourd’hui, victimes de préjugés, de discrimination socioéconomique basée sur le sexe, de violences sexuelles et conjugales, de meurtres, de harcèlement et de mépris pour être des femmes, tout simplement.

En transport routier, par exemple, elles ne sont que 4% à conduire des camions au Québec, 3,5% au Canada et 7% aux États-Unis. Malgré le manque de main-d’oeuvre et des conditions de travail qui tendent à se bonifier, les femmes sont encore trop rares à investir notre industrie.

Pourquoi?

Une peur légitime

Refusent-elles massivement de prendre ce virage parce qu’elles sont une infime minorité à avoir intégré le camionnage? Ou serait-ce la ténacité des préjugés qui les tient globalement à l’écart?

Peu importe la perception derrière ce réflexe, la réalité concrète de notre industrie tend à être un peu plus accueillante chaque jour, à se moderniser et à se sensibiliser aux contingences des femmes.

Les gens à la périphérie du camionnage doivent comprendre que cette nouvelle culture est plus ouverte à leurs exigences qu’auparavant. Grâce à des femmes modernes et brillantes – on pense ici aux soeurs Goyette de C.A.T. et Catherine Morneau du Groupe Morneau, mais pas seulement – la sensibilité féminine et les besoins spécifiques des camionneuses sont plus facilement pris en compte.

Ce n’est pas encore une panacée, mais plusieurs transporteurs ont finalement trouvé le chemin qui mène XXIe siècle.

La crainte d’être victime d’une agression sexuelle est cependant toujours présente chez la femme, surtout parce qu’elle est généralement seule dans son camion, dans des haltes routières pas toujours sécuritaires, etc. Il y a quand même eu, en 2021, 26 féminicides au Québec seulement. À travers le monde, ce sont 47 000 femmes qui ont été lâchement assassinées en 2020 par un ou plusieurs membres de leur entourage, souligne l’Organisation des nations unies (ONU).

Ce n’est pas une statistique qu’on peut et doit prendre à la légère. Loin s’en faut d’ailleurs.

Le harcèlement, une véritable plaie

Même si ces agressions mortelles ne sont que très rarement associées au camionnage, la femme peut, encore aujourd’hui, ressentir une peur légitime et omniprésente autour d’elle. Surtout dans une industrie très majoritairement masculine et (de moins en moins) réputée misogyne. Ce sont généralement les risques associés à leur sécurité qui refroidissent le plus les femmes à investir le camionnage.

Un sondage mené conjointement par la Federal Motor Carrier Safety Administration et du US Department of Transportation sur la prévention du crime indique notamment que 59% des camionneuses ont été victimes de harcèlement dont 33% de harcèlement à caractère sexuel.

Pire, une étude datant de 2021 mentionne que très peu d’entre elles rapportent ces gestes potentiellement criminels aux autorités compétentes.

Avril 2020, le pont s’illumine aux couleurs d’un arc-en-ciel. Photo: Infrastructures Canada.

C’est pour ces raisons, et bien d’autres, qu’une Journée internationale des droits des femmes est indispensable encore aujourd’hui. Il faut donc saluer ce noble geste de l’administration du pont Samuel-De Champlain. Un geste qui rappelle celui posé lors de la COVID, en avril 2020, par la même administration. Le pont s’était alors illuminé aux couleurs de l’arc-en-ciel, en solidarité avec les victimes, les familles et les travailleurs de la santé.

Alors amis camionneurs, n’hésitez surtout pas à klaxonner votre solidarité avec les femmes lorsque votre camion franchira le majestueux pont au soir du 8 mars prochain.

Rédacteur professionnel depuis plus de 15 ans, Christian possède une expérience considérable à titre de journaliste spécialisé en transport, notamment à titre de directeur de la rédaction de L'Écho du transport, magazine aujourd'hui disparu, et de Transport durable magazine.

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