Le budget du Québec timide à l’égard du camionnage

Le budget 2024-2025 déposé hier par le ministre des Finances Eric Girard fait 434 pages.

Dans cet océan de mesures, le mot «  camion » n’apparaît qu’une seule fois et c’est pour traiter d’un registre qui s’applique aux automobiles et aux camions légers.

Ce qui ne veut pas dire que l’exercice est dénué d’intérêt pour la communauté du transport.

Eric Girard avec son budget, en compagnie d’autres ministres à une table.
Eric Girard a présenté son budget déficitaire de 11 milliards $ aux côtés de Sonia LeBel, présidente du Conseil du trésor, qui a mené les négociations avec les employés du secteur public. L’exercice a pesé lourd sur les Finances de la province. (Photo : Compte X d’Eric Girard)

On note par exemple que le budget alloué au ministère des Transports et la Mobilité durable (MTMD) passe à 6,6 milliards $ pour l’année à venir. Il s’agit d’une hausse de 7,5 %, supérieure aux augmentations moyennes qui sont de 4,6 % pour l’ensemble des ministères.

Cette croissance de 7,5 % s’explique notamment par une hausse des coûts de déneigement et par des investissements de 250 millions $ pour des travaux sur le réseau routier local qui doivent être réalisés en 2025-2026.

Toujours du côté des infrastructures, le budget note que « Les perturbations climatiques peuvent réduire les capacités de production et de transport. De plus, les phénomènes climatiques extrêmes engendrent d’importants coûts de reconstruction des infrastructures de base et forcent la construction d’infrastructures de protection. »

L’ACQ voit du pour et du contre, Propulsion Québec est déçue

À l’Association du camionnage du Québec (ACQ), le président directeur général Marc Cadieux a surveillé ce qui se trouve dans le budget, mais aussi ce qui en est absent.

Chauffeur expérimenté au volant de son camion
L’ACQ se désole de la fin du crédit d’impôt aux travailleurs expérimentés et des sommes perdues par le gouvernement en ne s’attaquant pas au stratagème d’évitement fiscal Chauffeur inc. (Photo : iStock)

En entrevue à Transport Routier, il se dit par exemple déçu de la perte du crédit d’impôt pour la rétention des travailleurs expérimentés. « C’était un des leviers qui pouvaient répondre à la pénurie de main-d’œuvre », indique M. Cadieux.

Autre grand absent de ce budget : le dossier Chauffeur inc.

« On les interpelle sur des enjeux de fiscalité comme le stratagème des chauffeurs incorporés », dit le porte-parole de l’industrie, selon qui « le gouvernement se prive certainement d’importantes sommes en ne s’attaquant pas à cette façon de faire. »

« C’est de l’argent que le gouvernement ne peut pas engranger pour remplir ses enveloppes », martèle M. Cadieux.

Du côté positif, l’ACQ voit d’un bon œil que la fin progressive des subventions à l’achat de véhicules électriques ne semble pas toucher les programmes de ce type destinés au camionnage.

Des sources gouvernementales sûres auraient assuré que ces sommes seront maintenues, gérées par le ministère de l’Environnement.

« Cela ne nous empêche pas de réfléchir à ce que l’avenir nous réserve à ce sujet-là », dit le PDG de l’ACQ.

Notons que la mouture actuelle du programme Écocamionnage, reconduit à la fin de 2021, prend officiellement fin le 31 mars 2024. Il est probable qu’il sera de reconduit de nouveau, mais Propulsion Québec aurait elle aussi voulu que le gouvernement Legault profite du budget pour lever toute forme d’incertitude à cet égard.

« Nous jugeons important que ces programmes, qui donnent une prévisibilité essentielle aux manufacturiers québécois, soient prolongés rapidement afin d’éviter une période de flottement », a déclaré Michelle LLambias-Meunier, PDG de Propulsion Québec par voie de communiqué.

De retour à l’ACQ, on estime que les 400 millions $ investis sur cinq ans en immigration pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants à la société québécoise et à son marché du travail sont à inscrire dans la colonne des bons coups du budget Girard.

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