Le camionnage autonome offre des avantages en termes d’efficacité et d’environnement

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La réduction des émissions liées au transport et l’automatisation du processus de conduite peuvent sembler sans rapport, mais la compagnie de camionnage autonome Locomation a observé une réduction des émissions de GES de 22 % dans ses opérations réelles.

C’est ce qu’affirme Cetin Mericli, PDG et cofondateur de l’entreprise, qui a des camions en circulation aux États-Unis. S’exprimant lors de l’ACT Expo, M. Mericli a déclaré que les autres avantages du camionnage autonome comprennent une sécurité et une efficacité accrues. Le système de convoi comprend deux camions. Le camion de tête est conduit par un chauffeur et crée un fil d’Ariane virtuel, pour ainsi dire, que le deuxième camion suit pendant que son chauffeur se repose dans le compartiment couchette.

M. Mericli affirme que «le résultat est inégalé», soulignant que le système autonome Locomation multiplie par deux la capacité des flottes tout en augmentant de 500 % le temps passé à la maison pour les chauffeurs, en améliorant de 130 % l’utilisation de l’équipement et en permettant 22 heures de fonctionnement continu par jour.

(photo : Locomation)

De plus en plus d’entreprises en démarrage ambitieuses se lancent dans le camionnage autonome de niveau 4. Le fabricant Peterbilt s’est associé à Aurora et livre des chargements de manière autonome entre Dallas et Houston, selon Andy Weiblen, directeur de la planification et de la stratégie des produits chez Peterbilt.

«Nous avons un chauffeur et un co-chauffeur pour nous assurer que le chauffeur peut conduire le véhicule et surveiller ce qui se passe à l’extérieur du pare-brise», explique-t-il. «Le co-chauffeur regarde ce que font les capteurs et comprend ce que le système de conduite automatisée va faire.»

Le système observe ce qui se passe jusqu’à 200 mètres devant lui, poursuit-il, et peut prédire le flux de circulation aussi longtemps à l’avance. Pour l’instant, Peterbilt et Aurora se concentrent sur les États ensoleillés du sud et de l’ouest des États-Unis, mais ils prévoient d’étendre leurs activités aux États du nord et au Canada. Ils prévoient également de s’attaquer à des scénarios plus complexes, notamment à des livraisons quai à quai.  

Cette technologie est nécessaire, a déclaré M. Weiblen, car l’industrie du transport routier est confrontée à une pénurie de main-d’œuvre qui s’aggrave et les volumes de marchandises, aux États-Unis, devraient augmenter de 50 % d’ici 2050. Mais les concepteurs de technologies de conduite autonome insistent sur le fait que les chauffeurs n’ont pas à s’inquiéter d’être remplacés par la technologie.

«Notre solution apporte tellement de valeur positive aux chauffeurs aujourd’hui», de dire M. Mericli. «Nous ne cherchons pas à remplacer les chauffeurs; nous cherchons à les augmenter.»

Shawn Kerrigan, directeur de l’exploitation et cofondateur de Plus, abonde dans ce sens. «Selon notre point de vue, les chauffeurs qui commencent dans le métier aujourd’hui pourront prendre leur retraite en tant que chauffeurs. En contribuant à rehausser et à améliorer l’expérience de conduite, nous espérons encourager davantage de gens à opter pour cette profession et à y rester plus longtemps.»

Michelle Avary est vice-présidente – stratégie de produit et affaires gouvernementales chez Einride. L’entreprise produit un camion autonome sans cabine qui n’a pas besoin de chauffeur, favorisant ainsi un modèle commercial de type «logiciel à la demande» et «capacité à la demande». Il s’agit d’un camion autonome électrique qui ne produit aucune émission de gaz d’échappement.

«L’avenir du fret est numérique, électrique et autonome», a-t-elle déclaré. Les camions sont contrôlés et supervisés par des opérateurs situés à distance.

«Les jeunes gens regardent ça et pensent que c’est vraiment cool», d’ajouter M. Avary.

(photo : Einride)

Aujourd’hui, même le processus de chargement est automatisé. «Nous voulons rendre le ravitaillement en carburant agréable», a déclaré Erin Galiger, responsable du développement commercial chez Rocsys North America, qui produit des robots capables de localiser automatiquement le port de recharge d’un véhicule électrique et de s’y brancher. Mme Galiger envisage un avenir où des stations de recharge en mégawatts permettront à un camion de s’arrêter et d’être rechargé automatiquement par des robots.

«Les chauffeurs n’auront qu’à stationner leur véhicule et nous nous occuperons du reste. Nous prendrons en charge la propriété et veillerons à ce que les véhicules soient prêts pour le prochain quart de travail», explique-t-elle. «Le véhicule communiquera avec le robot : Je suis prêt à être rechargé.»

Selon M. Kerrigan, il faudra plusieurs années avant que Plus ne remplace complètement le chauffeur. L’entreprise fait présentement rouler des camions sur l’autoroute, mais elle pourra à terme effectuer des livraisons sans chauffeur d’un point de service à un autre. Parmi les avantages actuels, M. Kerrigan souligne une amélioration de 10 % du rendement énergétique, une sécurité accrue ainsi qu’un environnement plus confortable pour le chauffeur. Dans certaines conditions – par exemple des vents violents – la technologie peut réduire le stress derrière le volant. Elle peut même résoudre des problèmes persistants auxquels l’industrie est confrontée aujourd’hui, comme lorsqu’un camion entre en collision avec un pont.

Mais des défis subsistent, et une aide réglementaire sera nécessaire pour les surmonter. Entre autres, comment un camion autonome peut-il poser des triangles de signalisation sur la chaussée en cas de panne, ou interagir avec un agent des forces de l’ordre? M. Mericli croit que des exemptions seront nécessaires, mais qu’il faudra attendre quatre ans ou plus avant qu’elles ne soient accordées.

(photo : Plus)

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