Le cannabis représente une activité en croissance pour les entreprises disposées à le transporter

Matthew Sly se souvient du jour où son patron est venu le voir avec un défi à relever : «J’ai besoin que tu trouves comment expédier de l’herbe.»

Ce n’était pas une mince tâche. Le Canada était sur le point de légaliser la marijuana à des fins récréatives, mais la chaîne d’approvisionnement connexe devait être créée à partir de zéro. Un centre de distribution régional était nécessaire. Il fallait faire appel à des transporteurs pour livrer la marchandise.

Et Canopy Growth est devenue l’une des plus grandes entreprises à le faire.

«Il n’y avait personne à suivre. Personne de qui apprendre», s’est remémoré le directeur de la logistique de l’entreprise, lors de la récente conférence du CITT sur la logistique au Canada.

La marijuana n’est pas non plus une cargaison typique à transporter. Bien que la drogue soit légalisée, elle représente des défis uniques en matière de sécurité du fret. Il y a toujours un marché noir actif pour la marijuana, et les chargements sont particulièrement précieux. Un seul envoi du centre de distribution peut valoir plus de 5 millions de dollars; les remorques au service des installations de culture peuvent transporter des marchandises valant entre 20 et 30 millions de dollars.

De nombreux transporteurs ne voulaient pas s’en mêler. Les flottes transfrontalières se sont montrées réticentes puisque la marijuana est toujours une drogue de classe 1 aux yeux du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis. FedEx et UPS ont pris la décision de ne pas en transporter.

La solution s’est présentée sous la forme d’un accord pluriannuel avec Brink’s, une flotte traditionnellement connue pour le transport d’argent et autres objets de valeur à l’aide de véhicules blindés. Cet accord a été signé il y a un peu plus d’un an, quelques semaines seulement après la légalisation au Canada.

«L’industrie du cannabis en pleine croissance nécessite des solutions de sécurité pour ses produits ainsi que pour ses liquidités, et Brink’s est particulièrement bien placée pour fournir ces solutions», avait déclaré à l’époque Doug Pertz, président et chef de la direction de Brink’s.

«À l’échelle mondiale, je pense que le cannabis va devenir une industrie en plein essor», a ajouté M. Pertz lors d’une entrevue avec Jim Camer, animateur de l’émission Mad Money, en lien avec un marché mondial de 160 milliards de dollars. «Il n’y a probablement qu’environ 10 pour cent de ce montant qui est légal, mais cela signifie que la demande et les perspectives commerciales sont énormes.»

La sécurité ne représente que l’un des enjeux particuliers, notamment en ce qui concerne le transport des plantes vivantes. «Il faut faire preuve d’une grande créativité», de dire M. Sly, en lien avec la nécessité de maintenir les bonnes températures et de fournir de la lumière artificielle aux plantes pendant le transport. «Ça devient délicat.»

Chaque destination doit également être homologuée par Santé Canada : entreposage sécurisé, caméras de sécurité, contrôle du personnel, etc. Aucun angle mort n’est permis dans les installations.

«S’il manque quelque chose, vous devez en informer la GRC dans les 24 heures», ajoute M. Sly, en lien avec d’autres lignes directrices uniques et le géorepérage des remorques pour aider à repérer tout matériel qui s’égare de sa trajectoire.

Les produits comestibles récemment légalisés amèneront d’autres défis à relever. Mais en planifiant à l’avance pour cette catégorie de produits, Canopy Growth s’est déjà assuré que tout le matériel de transport longue distance de son réseau était doté de contrôles de la température et de l’humidité. Tout est prêt pour aller de l’avant.

«Nous sommes responsables de chaque gramme, de chaque unité qui est expédiée», conclut M. Sly. «Tout doit être parfait.»

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