Le colloque de la CCIVS présente quelques outils informatiques pour faciliter la gestion des entreprises

Avatar photo

L’industrie du camionnage se numérise de plus en plus. L’arrivée de nouveaux outils pour aider les entreprises à gérer leurs données informatiques est en forte croissance, ce qui peut rendre les choix difficiles pour les transporteurs.

L’édition 2024 du colloque Transports et logistique de la Chambre du commerce et d’industrie de Vaudreuil-Soulanges avait pour thème «Concevoir la chaîne d’approvisionnement du futur». L’occasion parfaite pour présenter en détail ces nouveaux outils.

Une cybersécurité forte

La cybercriminalité est un fléau qui touche tous les secteurs dans le monde, et le transport et la logistique ne fait pas exception. Selon Sylvain Gagné, responsable de la sécurité des systèmes d’information chez Cysca Technologies, 18,7 % des cyberattaques touchent l’industrie.

«Les organisations cybercriminelles s’en viennent vers la chaîne d’approvisionnement», a-t-il expliqué. «Il y a tellement d’acteurs, tout est tellement interconnecté qu’il suffit de trouver une faille et on compromet la chaîne.»

«La question n’est pas de savoir si, mais plutôt quand vous allez être attaqué.»

Sylvain Gagné (Photo : David Simard-Jean)

Sylvain Gagné prend en exemple un incident qui est arrivé chez Purolator en 2019, où un employé dont le système était mal protégé a laissé un brèche pour les cyberattaques. Si rien de grave n’est arrivé, l’employé a cependant été congédié pour son manque de précaution.

Il y a plusieurs manières d’améliorer la cybersécurité des opérations d’une entreprise. Il faut d’abord amener un engagement de la direction, en obtenant l’adhésion de tous les niveaux hiérarchiques, en communiquant la vision de la cybersécurité et en fournissant les ressources adéquates. «Il n’y a aucune valeur de mettre en place un programme de cybersécurité si la direction n’y croit pas.»

Il faut aussi initier les employés à l’importance de la cybersécurité, par exemple en développant des formations, en collaborant avec la direction, en encourageant le signalement des incidents et en renforçant les contrôles de sécurité.

Sylvain Gagné a aussi donné quelques bonnes pratiques et recommandations. Il conseille par exemple de gérer les accès privilégiés, de former les employés, de sécuriser l’infrastructure, de déployer l’authentification à deux facteurs et d’avoir un plan de réponse aux accidents.

«Ce que l’on recommande souvent à nos clients, ce n’est pas de viser une certification, mais de commencer graduellement à mettre en place les bonnes pratiques, les bonnes politiques pour que, si vous avez un avantage concurrentiel pour le faire, ou si les nouveaux contrats vous le demandent, vous aurez déjà un bon bout de fait pour être conforme à la norme.»

L’industrie du camionnage est protégée par la norme ISO-21434, qui permet de répondre aux exigences de cybersécurité dans le développement de systèmes électroniques pour les véhicules.

L’intelligence artificielle

La gestion de données est importante pour les flottes. Elle sera d’autant plus importante quand sera le temps de faire une transition énergétique. «Depuis 100 ans, vous gérez une seule et unique énergie. Dans les prochaines années, vous allez en gérer plusieurs», a déclaré Anthony Mainville, président d’Attrix Technologies. «Dans la gestion multiénergétique, tout se prépare avec la gestion des données et tout va se gérer avec les données.»

Il y aura lusieurs outils télématiques permettront aux entreprises de gérer leurs nouvelles opérations énergétiques. Anthony Mainville a mis en avant durant sa présentation.

Anthony Mainville (Photo : David Simard-Jean)

«L’intelligence artificielle a eu une croissance phénoménale en seulement un an. L’amélioration de l’efficacité de toutes vos ressources à l’interne sera multipliée», a affirmé le président d’Attrix. «C’est ce qui va permettre une communication rapide, autant pour faire l’analyse de votre transition énergétique que pour l’arrivée des intelligences artificielles spécifiques pour le transport.»

Car il existe plusieurs types d’intelligences artificielles disponibles aux entreprises.

L’analyse conversationnelle permet d’interroger l’intelligence artificielle sur plusieurs données opérationnelles en temps réel. Les transporteurs pourront ainsi savoir avec précision tout ce qui a trait aux coûts, aux distances et à la consommation d’énergie.

«L’optimisation des retours à vide est présentement un enjeu énorme et complexe , tout comme l’optimisation des routes. Ces choses  seront facilitées avec l’analyse conversationnelle», a ajouté Anthony Mainville.

Il y a aussi l’assistant chauffeur IA. Cet outil permet de faciliter la planification des routes, que ce soit en localisant des stationnements, en offrant une assistance mécanique ou même en donnant du coaching de conduite écoresponsable.

L’analytique guidée permet, quant à elle, de garder un œil sur les données de maintenance et de prédire les pannes potentielles. Cela va permettre de réduire le temps d’arrêt et les coûts de maintenance et, ainsi, d’améliorer l’efficacité de la flotte.

Pour Anthony Mainville, il est très important que les transporteurs réfléchissent dès maintenant à l’utilisation de l’intelligence artificielle, tout en précisant qu’elle ne va pas perturber la culture de la compagnie. «Il va certes y avoir une petite perte d’emploi, mais ceux qui vont réellement être au chômage seront ceux qui n’utilisent pas l’intelligence artificielle et qui ne commencent pas dès aujourd’hui à y réfléchir.»

La blockchain

Plusieurs outils informatiques sont disponibles pour aider les entreprises dans la gestion de leurs opérations. Parmi eux, il y a la blockchain. Il s’agit d’un système numérique qui fonctionne comme une sorte de registre distribué ou décentralisé qui enregistre les transactions entre différents partis.

«Dans un processus qui utilise la blockchain, tout le monde est là et partage de l’information», a indiqué Erik Valiquette, PDG de la Canadian Blockchain Supply Chain Association (CBSCA). Ce dernier ajoute que l’industrie du transport et de la chaîne d’approvisionnement est  parfaite pour la blockchain.

Erik Valiquette (Photo : David Simard-Jean)

La chaîne d’approvisionnement implique un très grand nombre de points de contact et il peut y avoir un manque de traçabilité et de réactivité entre eux. Ces manques peuvent causer un blocage dans la chaîne ainsi que des problèmes de logistiques entre les différents acteurs, ainsi qu’une perte de confiance entre eux.

La blockchain permettra de créer un registre distribué entre les différents acteurs afin qu’ils puissent avoir accès à toute l’information nécessaire et viable pour les transactions. Le tout en étant sécurisé et confidentiel entre les personnes concernées. «C’est très sécurisé, privé et on partage en temps réel l’information.»

Le PDG de la CBSCA a démontré les avantages du système en racontant l’exemple de Wal-Mart. La compagnie avait beaucoup de problèmes dans son système de facturation, ce qui causait de la tension entre elle et ses partenaires. L’utilisation de la blockchain lui a permis de régler ce problème, notamment en diminuant les étapes de traitement des factures, passant de 11 étapes à quatre.

Donnez votre avis

Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.

*