L’hydrogène à l’honneur au colloque de la CCIVS

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L’hydrogène comme carburant pour les camions de longue distance est un sujet qui fait de plus en plus parler dans l’industrie du camionnage. Il n’était donc pas surprenant de voir un panel entièrement dédié à ce sujet lors de la 2e édition du Colloque sur les transports et la logistique de la Chambre de commerce et d’industrie de Vaudreuil-Soulanges (CCIVS).

Ce panel était composé d’experts du secteur, chacun représentant un segment de la chaine de l’hydrogène. Marc-André Caza, directeur général des ventes – Marché routier chez Cummins, représentait l’aspect production, Catherine Gosselin, experte en hydrogène et énergies alternatives chez Harnois énergies, représentait l’aspect distribution et Friedrich Dehem-Lemelin, PDG de Hydrolux, représentait l’aspect ravitaillement. Le panel était animé par Victor Poudelet, vice-président des opérations chez Propulsion Québec.

De gauche à droite, Victor Poudelet, Marc-André Caza, Catherine Gosselin et Friedrich Dehem-Lemelin (Photo : David Simard-Jean)
De gauche à droite, Victor Poudelet, Marc-André Caza, Catherine Gosselin et Friedrich Dehem-Lemelin (Photo : David Simard-Jean)

Une place importante

Cummins prend très à cœur la transition énergétique de l’industrie, notamment avec sa production de moteurs qui toucheront tous les types de carburants possibles tout en restant sécuritaires pour les camionneurs. «On fait appel pour nos moteurs à hydrogène à la même architecture que nos moteurs au gaz naturel. Ce n’est pas très différent de ce que l’on a aujourd’hui, donc n’ayez pas peur de ces technologies. Il va y avoir des risques, mais on sera capable de les contrôler», a déclaré Marc-André Caza.

Harnois Énergies se concentre plus sur la distribution de l’hydrogène. C’est à elle que l’on doit la distribution du carburant utilisé par le train à l’hydrogène Coradia iLint de l’entreprise Alstom qui a parcouru le chemin de fer de Charlevoix à l’été 2023. La compagnie a constaté avec ce projet toutes les complexités liées à la distribution d’hydrogène.

«La distribution de l’hydrogène, c’est un gros défi», a expliqué Catherine Gosselin. Les technologies s’améliorent de plus en plus, il y a des gens qui travaillent pour concevoir des remorques de plus en plus efficaces et on regarde comment on va faire pour distribuer.»

Hydrolux cherche quant à elle à améliorer l’infrastructure de recharge en hydrogène à travers la province grâce à son  projet Trans-Québec 1 qui prévoit le déploiement de sept stations de ravitaillement autoproductives à travers la province entre 2026 et 2028.

«C’est difficile à transporter de l’hydrogène et notre objectif est de faciliter la transition», a affirmé Friedrich Dehem-Lemelin. On ne voulait pas être un fardeau logistique ni financier. L’objectif est de réduire le coût de cette molécule le plus possible.»

De nombreux enjeux

L’implantation d’un nouveau carburant ne sera pas de tout repos. Plusieurs défis attendent les transporteurs qui souhaitent faire la transition.

Le principal sera de savoir comment intégrer un camion à l’hydrogène au sein d’une flotte déjà bien structurée. «On a un défi de logistique et d’organisation, mais la première étape est de bien étudier notre flotte, de soumettre des idées et de trouver des champions dans notre entreprise», a souligné Catherine Gosselin. Harnois Énergies devrait réaliser une nouvelle étude de sa flotte cette année.

La compagnie de distribution pourra aussi compter sur la fidélité de son personnel, notamment de ses chauffeurs qui sont prêts à accueillir cette transition énergétique. «Les chauffeurs sont motivés, ils veulent changer les choses, mais il faut quand même respecter leur travail.»

De nouvelles normes pour le carburant vont aussi bouleverser l’industrie. Car en attendant que les camions à l’hydrogène soient bien présents sur les routes, il faudra adapter les camions au diesel pour faire face aux mesures de plus en plus strictes de certains États. «Non seulement on diminue, mais on change aussi les paramètres par rapport auxquels on est mesuré», souligne Marc-André Caza. «Il faut augmenter la qualité des composants utilisés. Donc, la technologie diesel deviendra plus coûteuse et plus complexe.»

Il y a aussi tout l’enjeu lié au ravitaillement à l’hydrogène, notamment avec l’installation de stations qui sont très énergivores. «Le réseau québécois n’offre pas la capacité d’accueillir 10 mégawatts partout au Québec », indique Friedrich Dehem-Lemelin. «5 mégawatts, c’est l’équivalent d’un Centre Bell. C’est comme si l’on en mettait deux à chaque station.»

Il ajoute que «c’est là que la production centralisée peut venir jouer un rôle crucial. Certes, le coût de la molécule sera plus élevé, mais ce seront des facteurs cruciaux dans notre décarbonation, parce que l’hydrogène devra être essentiellement partout.»

Un futur proche

Cummins est préparé à accueillir toutes les formes de carburants alternatifs avec sa nouvelle plateforme agnostique indépendante de carburant. «Avec cette technologie, on pense que l’on vient développer les carburants alternatifs et rendre la transition possible pour les flottes», avance Marc-André Caza.

Le moteur de Cummins a d’ailleurs impressionné les personnes concernées chez Harnois Énergies. Le distributeur estime cependant qu’il est aussi important de considérer toutes les options pour la décarbonation. «Ça serait faux de se dire que l’on va seulement se pencher sur le moteur à hydrogène et non sur les autres technologies, parce que la meilleure chose à faire est de réfléchir à notre flotte et aux meilleures solutions pour nos routes», souligne Catherine Gosselin.

Hydrolux vise toujours à réaliser son projet Trans-Québec 1, qui prévoit l’ouverture de deux stations à Val-d’Or et Saint-Jérôme en 2026, et de cinq autres dès 2028. «Ça peut paraitre loin mais, pour nous et les transporteurs, 2026 c’est demain matin et 2028 arrive très prochainement», prévient Friedrich Dehem-Lemelin.

Le PDG d’Hydrolux a d’ailleurs annoncé avoir collaboré avec VINCI Concessions dans la réalisation du projet Trans-Québec.

Pour le modérateur Victor Poudelet, l’hydrogène fera partie du paysage routier et commercial québécois fera plus vite que l’on pense.

«On a quelques défis à relever, que ce soit dans la production, le stockage ou la distribution, mais on a la capacité de réaliser nos objectifs. En tant que transporteur, c’est important de se poser des questions maintenant, de bien se documenter et d’analyser les meilleures options.»

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