Le futur s’invite au 66e congrès annuel de l’ACQ

C’est Trevor Milton, fondateur et président-directeur général de Nikola Motor Company, qui a donné le coup d’envoi du 66e congrès annuel de l’Association du camionnage du Québec (ACQ). M. Milton a fait le trajet depuis Salt Lake City, en Utah, pour dévoiler aux participants les plus récents détails entourant son camion électrique de classe 8, le Nikola One.

Bien que le projet n’ait officiellement été mis sur pied qu’au cours des dernières années, M. Milton affirme avoir eu l’idée d’électrifier le transport routier de marchandises alors qu’il était enfant et qu’il conduisait des locomotives électriques avec son père. C’est à ce moment qu’il aurait réalisé l’énorme potentiel de l’électricité.

D’entrée de jeu, il n’a pas hésité à comparer Daimler, Paccar, Volvo et tous les autres principaux fabricants à Kodak, ancien géant du domaine de la photographie. «Ils étaient si puissants qu’ils pensaient ne jamais avoir à changer quoi que ce soit», a-t-il dit. «Pourquoi changer quelque chose qui fonctionne déjà?»

Selon ce dernier, l’une des principales erreurs de Kodak a été de se concentrer uniquement sur son produit, sans tenir compte de la multitude de facteurs sous-jacents. «Dans l’éventualité d’une guerre, par exemple, le gallon de diesel pourrait atteindre cinq ou sept dollars», croit-il. «Vous n’aurez jamais à débourser des sommes pareilles pour faire rouler le Nikola One.»

Il a aussi fait une comparaison avec l’arrivée des premiers téléphones intelligents, qui ont pris le marché par surprise. «Les autres compagnies ont mis beaucoup de temps avant de comprendre ce qui était en train d’arriver, et c’est aussi ce qui va se passer avec l’industrie du camionnage», assure-t-il.

Trop beau pour être vrai?

L’objectif de Trevor Milton est d’offrir un service complet, un peu comme l’a fait Apple avec son iPhone qui permettait entre autres d’écouter de la musique et de prendre des photos. Le paiement mensuel du Nikola One comprendrait, par exemple, le prix du camion, du carburant, de l’entretien, de l’assurance et même du remplacement des essuie-glaces!

De plus, puisque le Nikola One ne comporte ni moteur diesel, ni équipement de post-traitement et qu’il fait appel à un groupe motopropulseur entièrement électrique, il reste davantage d’espace dans la cabine pour optimiser l’espace de travail et rehausser le confort du chauffeur, notamment grâce à un lit plus grand que dans les compartiments couchettes traditionnels.

«Dans le monde de l’automobile, les émotions motivent parfois les acquisitions», explique M. Milton. «Mais pas dans le camionnage; c’est uniquement l’argent qui dicte les décisions.»

Ainsi, bien qu’un camion électrique soit aujourd’hui deux fois plus coûteux à construire qu’un camion propulsé au diesel, le principal intéressé affirme que l’essentiel des économies réalisées proviennent du fait que les compagnies pétrolières ne feront plus partie de l’équation. «J’adore l’histoire du diesel», poursuit-il. «C’était autrefois la solution la plus efficace et la plus performante, mais il existe aujourd’hui une solution plus efficace, plus performante et sans émissions.»

Trevor Milton mentionne également que les camions intelligents vont permettre aux chauffeurs de travailler plus longtemps, grâce à l’automatisation qui continuera de prendre une place de plus en plus grande dans les véhicules, ce qui se traduira éventuellement par des économies supplémentaires pour les employeurs.

En termes de performance, le Nikola One serait capable de parcourir jusqu’à 1 900 kilomètres avec un seul remplissage du système de pile à hydrogène, tout en livrant une puissance de 1000 chevaux et un couple de 2 000 lb-pi.

«Les autres fabricants tentent de répondre aux nouvelles normes d’émissions en sacrifiant le couple et la puissance, mais les chauffeurs ne veulent pas conduire un camion qui n’a pas de puissance», de poursuivre l’enthousiaste PDG, ajoutant que son véhicule aura un temps de freinage plus rapide qu’un camion au diesel traditionnel.

Enfin, toujours selon M. Milton, des stations d’hydrogène permettront au Nikola One de se rendre partout en Amérique du Nord, et ce, sans aucun problème de ravitaillement.

Et par souci d’écologie, l’entreprise a même un plan pour insuffler une seconde vie aux batteries : elles seront retirées des camions, après 1 million de milles parcourus, puis revendues pour un cinquième de leur prix à des particuliers pour qu’ils puissent stocker de l’énergie solaire!

«D’ici 2021 le camion sera sur la route, ce n’est pas un rêve», de conclure M. Milton. «Le futur est ici et nous allons tous en faire partie.

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