Le modèle Chauffeur Inc. préoccupe aussi aux États-Unis

Il n’y a pas qu’au Québec et au Canada que les entourloupettes de certaines entreprises de transport par camion visant à transformer des chauffeurs salariés en routiers autonomes afin d’en tirer des avantages fiscaux et/ou de compétitivité préoccupe. C’est de plus en plus le cas aux États-Unis également.

Au sud de la frontière toutefois, certains intervenants de l’industrie du camionnage s’inquiètent plutôt d’une application trop stricte des lois du travail.

En plus de l’État de Californie où le statut de routier autonome (owner-operator) fait l’objet de débats passionnés, le New Jersey vient de s’ajouter à la liste des juridictions américaines qui se penchent sur la question de ce qu’on appelle là-bas « driver misclassification », nous apprend le site spécialisé truckinginfo.com.

On peut y lire que, contrairement à la Californie et aux prétentions initiales du gouverneur démocrate Phil Murphy, les routiers autonomes du New Jersey ne seront pas systématiquement soumis à des tests dits « ABC » plus astreignants, qui visent notamment à établir le lien d’emploi entre un chauffeur et une entreprise de camionnage donnée.

Si le projet de loi dans sa forme initiale avait été adopté, les camionneurs du New Jersey auraient obligatoirement dû être de « présumés employés » des compagnies de transport. Cela aurait pu nuire à l’industrie autant sinon plus que lui être favorable puisque il aurait été virtuellement impossible de faire appel à des routiers autonomes en bonne et due forme, estiment des observateurs.

Le site du magazine Heavy Duty Trucking indique qu’environ 77% des 9 000 chauffeurs affectés aux opérations de factage du Port of New York and New Jersey sont des routiers autonomes.

Selon Salvador Simao, de la firme légale FordHarrison, « Le recours au travail autonome au New Jersey devient incroyablement risqué. Les nouveaux pouvoirs du département du Travail pourraient aisément paralyser une industrie qui serait ciblée comme étant non conforme. »

De son côté, ajoute truckinginfo.com, le syndicat des Teamsters et leur porte-parole Fred Potter se réjouissent plutôt d’un resserrement des contrôles de lien d’emploi qui, dit ce dernier, ne menace pas les véritables travailleurs autonomes mais servirait plutôt à « protéger les milliers de travailleurs qui sont victimes de la pratique illégale par laquelle leur employeur les classifie incorrectement comme travailleurs autonomes alors qu’ils sont en fait des employés. »

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