Le Port de Montréal à Contrecoeur et ses répercussions sur le camionnage

Lorsqu’en 1988, le Port de Montréal a acquis des terrains à Contrecœur, une municipalité de 10 000 habitants non loin de Sorel-Tracy, il s’est doté d’une réserve foncière d’une superficie de 467 hectares. C’était en prévision du jour où il manquerait de place pour accueillir les conteneurs à ses installations de Montréal. Ce moment est arrivé, alors que le gouvernement fédéral a donné sa bénédiction à l’expansion du port à Contrecoeur, dont la mise en service est prévue pour 2024.

En début d’année, le gouvernement fédéral s’est engagé à financer jusqu’à hauteur de 300 M$ le nouveau terminal à conteneurs de Contrecœur, puis Québec a suivi avec une aide financière de 55 M$. Le projet est estimé entre 750 M$ et 950 M$.

L’arrivée du nouveau terminal attirera son lot de camions sur la route 132, le long de laquelle se trouve déjà un terminal de vrac.

«En ce qui a trait au camionnage, les activités se dérouleront de 6h à 18h et principalement avant 15h, les jours de semaine», précise Mélanie Nadeau, directrice des communications au Port de Montréal.

Lorsque le terminal de Contrecoeur sera en pleine exploitation dans plusieurs années (1,15 million de conteneurs EVP par an), et lorsqu’il atteindra son niveau maximal d’utilisation, le flux de circulation est estimé à environ 1 200 camions par jour, et donc à environ 2 400 passages en moyenne par la Montée de la Pomme-d’Or.

«Au cours des premières années d’exploitation, le nombre de camions sera inférieur, soit environ 300 camions par jour (30 camions par heure) », indique Mme Nadeau.

Le projet évalué dans l’étude d’impact environnemental concerne le terminal de 1,15 M de conteneurs. D’autres phases de développement sont prévues, mais le Port n’a pas établi d’échéancier précis et indique que les phases suivantes n’auront pas lieu «avant des dizaines d’années».

Le Port de Montréal ne prévoit pas apporter de modifications aux configurations routières actuelles, du moins pas dans un avenir rapproché. «Nos études démontrent que la route 132 et la Montée Pomme-d’Or ont la capacité requise pour accueillir la circulation du terminal », assure Mélanie Nadeau.

Elle précise cependant que certaines modifications aux configurations routières sont suggérées dans l’étude d’impact environnemental.

«Des études de circulation réalisées pour le projet démontrent que certaines modifications au réseau routier à l’étude seront nécessaires pour desservir la demande future du secteur à la suite de l’aménagement du terminal de transbordement. Ces modifications accommoderont les conditions futures de la circulation. »

L’avenir du Port de Montréal passera par le nouveau terminal à conteneurs de Contrecoeur. (Photo: Port de Montréal)

Les camions seront donc dirigés vers la montée de la Pomme d’Or, 1,5 km plus à l’est, vers la ville de Contrecoeur, plutôt que vers la montée Lapierre, un kilomètre vers l’ouest, où la grande majorité des camions devraient se diriger. Pourquoi alors diriger les camions dans la direction opposée à leur destination, et vers les habitations de surcroit?

«L’entrée du terminal sera pratiquement à égale distance entre les montées Lapierre et de la Pomme-d’Or, donc ce n’est pas vraiment un détour», explique Mme Nadeau. «De plus, la montée de la Pomme-d’Or a une plus grande capacité de circulation. Par ailleurs, nous devons également minimiser la pression sur la rainette faux-grillon de l’ouest, une espèce en péril qui est présente dans le secteur de la montée Lapierre.»

Les zones portuaires sont propices à l’utilisation des camions électriques. Le Port de Long Beach, en Californie, est un bon exemple. Le Port envisage de doter les installations portuaires de Montréal et de Contrecoeur des bornes de chargement rapide pour camions lorsque les projections de la demande le justifieront. De plus, le Port de Montréal analyse actuellement certaines options de mesures incitatives pour favoriser les camions à faible émission en carbone.

Toutefois, des voix s’élèvent du côté du groupe environnemental Vigie Citoyenne Port de Contrecoeur. Le groupe craint pour la protection du chevalier cuivré, un poisson en voie de disparition. Il s’inquiète aussi de la circulation des camions.

«La phase 1 n’est que la pointe de l’iceberg dans ce projet. À titre d’exemple, alors qu’on s’attend à 2 400 passages de camion sur la Montée la Pomme-d’Or pendant la phase 1, c’est près de 8 000 passages qui sont prévus à terme pour la phase 3, soit lorsque le terminal traitera 3,5 millions de conteneurs. De plus, l’évaluation ne tient pas compte des effets cumulatifs que ce projet ajoute à notre secteur sur des problèmes déjà préoccupants, notamment en ce qui concerne la poussière, le bruit ainsi que l’érosion des iles. ».

«L’autorisation émise de construire le port par le Fédéral est accompagnée d’un pseudo-rempart de 330 mesures d’atténuation, et ce, seulement pour la phase 1, pour lesquelles un bon nombre est d’ailleurs à élaborer! Une armée de biologistes sera nécessaire pour la mise en application de ces mesures et personne ne semble savoir qui surveillera l’application de celles-ci», écrit Andrée Chartier, de la Vigie Citoyenne Port de Contrecoeur.

Par ailleurs, la Ville de Contrecoeur a été désignée en 2015 comme l’un des deux pôles logistiques au Québec pour l’établissement d’une plateforme multimodale en transport des marchandises. L’autre est situé dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges.

Depuis, le projet semble au point mort, mais c’est parce que son développement est lié à l’expansion du port. «Nous sommes en attente des développements concernant le projet du terminal de conteneurs du Port de Montréal puisque celui-ci dépend de sa concrétisation», explique Julie Lambert, agente aux communications à la Ville de Contrecoeur.

Parmi les retombées économiques du pôle logistique, on prévoit l’implantation de près de 375 entreprises sur une période de 20 ans, lesquelles contribueront à créer et à maintenir plus de 24 000 emplois au Québec à terme, dont près de 15 000 emplois directs situés dans le pôle logistique même.

«Nous sommes la ville d’accueil du projet et nous sommes favorables à sa réalisation. Ce n’est toutefois pas la Ville de Contrecoeur qui gère les autorisations dans le cadre de sa réalisation» précise Mme Lambert. «La Ville travaille de concert avec les gouvernements et le Port de Montréal lors de chacune des démarches du projet. Nous prendrons les décisions et ferons les ajustements nécessaires au cours des prochains mois pour le développement de Contrecoeur.» 

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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