Le Port de Montréal préconise un traitement de faveur aux camions moins polluants

Le Port de Montréal a pris une série d’engagements en matière environnementale dans le cadre de la 2e édition du Sommet climat, qui s’est déroulé au Grand Quai du port les 9 et 10 mai 2023.

Les émissions de GES de portées 1, 2 et 3 dont l’Administration portuaire de Montréal (APM) a l’entière responsabilité, incluant notamment les opérations ferroviaires sur son réseau intermodal, la gestion de ses bâtiments et de sa flotte de véhicules ainsi que ses travaux d’infrastructure, seront réduites de 55 % d’ici 2030, pour atteindre la carboneutralité d’ici 2035.

Les émissions de GES, notamment celles générées par les entreprises logistiques situées sur le territoire portuaire, seront réduites de 40 % d’ici 2040, pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050, estime l’APM.

Priorité aux camions propres

Pour réduire les émissions des camions qui entrent et sortent du port, l’APM a l’intention de mettre en place des incitatifs aux transporteurs qui utilisent des camions « moins émissifs », explique Renée Larouche, directrice des communications à l’APM.

« Des services exclusifs seront assortis et disponibles à la réception de camions plus propres », a déclaré Mme Larouche à l’occasion d’un échange avec Transport Routier.

Ces incitatifs prendraient la forme de mesures telles que l’établissement de plages horaires exclusives, des lignes express ou encore de rabais sur certains frais portuaires. Ils doivent être mis en place d’ici 2025.

La porte-parole de l’APM assure que l’organisation procède à une veille des meilleures pratiques en matière de contrôle des émissions polluantes et qu’elle les évaluera le cas échéant.

« D’emblée, l’APM préfère les mesures adaptées et progressives », explique Mme Larouche.

Le précédent de Vancouver

L’approche incitative de Montréal pourrait obtenir plus de succès que les mesures environnementales coercitives que tente, sans succès, de mettre en place le port de Vancouver.

Sur la côte ouest, la Vancouver Fraser Port Authority voudrait interdire aux camions de l’année-modèle 2006 ou plus anciens d’avoir accès au transport de conteneurs, afin de limiter les émissions de ces véhicules moins avancés sur le plan technologique.

Cette politique, baptisée « Rolling Truck Age Program », devait être mise en place le 15 septembre 2022 mais, sous les pressions de groupes d’opposants, elle a été remise au 3 avril 2023 et, récemment, repoussée à nouveau de neuf mois supplémentaires, officiellement afin de donner le temps aux camionneurs de se doter de camions plus récents.

Le chef conservateur Pierre Poilievre s’est élevé sur Twitter contre cette mesure qui, selon lui, pourrait occasionner des coûts de 250 000 $ aux camionneurs pour remplacer leur poids lourd actuel.

Le ministre fédéral des Transports, le libéral Omar Alghabra, a également utilisé Twitter pour se féliciter du fait que, dit-il, les autorités portuaires sont à l’écoute des camionneurs en suspendant le Rolling Truck Age Program.

Pendant ce temps à Québec et Trois-Rivières…

Plus tôt aujourd’hui, les ports Québec et Trois-Rivières ont annoncé qu’elles se joignent à celui de Montréal dans le cadre du Défi carboneutre du gouvernement canadien.

Lancé en août 2022 par le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, le Défi carboneutre est une initiative volontaire qui invite les entreprises à élaborer et à mettre en œuvre des plans de transition crédibles et efficaces afin que leurs installations et leurs activités ne produisent aucune émission d’ici 2050.

« L’intensification de la lutte aux changements climatiques et l’accélération de la décarbonation ne sont pas seulement des obligations morales, mais aussi des occasions d’innover, d’inventer de nouvelles solutions et de se démarquer », a déclaré Martin Imbleau, président-directeur général de l’APM.

Avec la collaboration de Leo Barros