Le professeur: Rolf VanderZwaag

Rolf VanderZwaag façonne l’apprentissage des chauffeurs, des mécaniciens et de plusieurs autres

On peut pratiquement voir les engrenages s’activer dans la tête de Rolf VanderZwaag dès qu’il est question de  sujets de nature technique. Chaque fois qu’il fait référence à un élément de camion ou de remorque, s’y ajoutent des couches successives d’information quant à ce que les gens devraient savoir sur le sujet. Ou encore une nouvelle discussion s’amorce à propos des effets générés par telle action ou telle décision.

La manière dont les choses ont toujours été faites lui importe peu. Il est davantage intéressé à chercher les manières dont les choses devraient être faites – et à en transmettre la connaissance aux personnes chargées d’accomplir une tâche donnée.

Le président de la firme Techni-Com, et collaborateur de longue date de l’Ontario Trucking Association à titre de consultant, est reconnu à travers le pays à titre d’expert incontournable de la formation technique.

Son premier contact avec les questions réglementaires touchant le camionnage remonte au milieu des années 90, alors que l’Ontario était aux prises avec une série d’événements au cours desquels des roues de camions se sont détachées, causant des accidents mortels.

Le cursus qu’il a élaboré pour un programme de formation mécanique au Centennial College de Toronto est alors devenu le fondement sur lequel s’appuie la formation des installateurs de roues de partout dans cette province, donnant ainsi suite à la recommandation d’un coroner pour qu’un tel appui didactique leur soit offert.

Plus récemment, il a joué un rôle central auprès de RH Camionnage Canada dans la mise à jour des Normes professionnelles nationales (NPN), qui définissent les connaissances et compétences que les chauffeurs de camions doivent maîtriser. Ce document sert de pierre d’assise à la mise au point de matériel de formation et de descriptions d’emplois.

M. VanderZwaag estime que les gouvernements fédéral et provinciaux devraient puiser plus fréquemment à même l’expertise du secteur privé lorsqu’ils mettent en chantier de nouvelles réglementations, tout comme ils l’ont fait avec les NPN.

« J’ai travaillé avec du personnel gouvernemental pendant des années et plusieurs atteignent éventuellement un poste de pouvoir sans nécessairement connaître les choses sur lesquelles ils ont ce pouvoir », dit-il. « Les meilleures réglementations sont celles qui sont issues de réelles consultations. »

Il croit également que l’industrie du camionnage devrait repenser la manière dont certaines formations sont prodiguées, en particulier en contexte de « formation des formateurs ».

« Les instructeurs me disent souvent : “Je forme les techniciens et nous leur enseignons la manière adéquate de faire les choses et dès que je reviens dans l’atelier, je les vois encore tout faire de travers” », témoigne-t-il.

Beaucoup trop de chauffeurs et de mécaniciens se fient encore de façon excessive au bouche-à-oreille lorsqu’il s’agit de partage d’information, et c’est un terreau fertile à l’enracinement d’idées aussi préconçues qu’inexactes.

« Plusieurs de ces personnes obtiennent une version filtrée de la loi », dit-il.

Pour y remédier, il faut répéter et répéter encore une information qui soit exacte et digeste, et M. VanderZwaag estime que c’est là une de ses forces. « Je savais que j’avais la capacité de décomposer des concepts et de synthétiser beaucoup d’information pour en faire des messages que les gens comprendraient ». dit-il au sujet des premières chroniques techniques qu’il a eu l’occasion d’écrire il y a une vingtaine d’années.

Il n’a pourtant jamais réellement envisagé devenir auteur. « À l’école secondaire, les langues étaient mes pires matières », dit-il, sourire en coin. Toutefois, le fait de devenir chroniqueur technique pour le magazine Truck News lui a donné la confiance nécessaire pour mener à bien des projets tels que les manuels qu’il publie de nos jours par le biais de Techni-Com.

La formation obligatoire pour chauffeurs de camions de niveau débutant demeure à ce jour l’un des plus vastes programmes de formation dans lesquels il ait été impliqué. Bien qu’il souligne l’importance du contenu de ce programme, il prévient toutefois qu’il ne comblera que les besoins d’apprentissage menant à l’obtention d’un permis de conduire commercial.

« Ce n’est pas de la formation pré-emploi. Il y a beaucoup de travail à faire ensuite pour faire un chauffeur professionnel d’une personne qui a obtenu une certaine classe de permis lui permettant de conduire un camion.»

C’est la raison pour laquelle il estime qu’il devrait y avoir une norme nationale, harmonisée partout au Canada, plutôt qu’un assemblage hétéroclite de programmes de formation d’une province ou d’un territoire à l’autre. C’est d’ailleurs ce à quoi se sont engagés les ministres des Transports de l’ensemble du pays.

Les règles entourant la certification des mécaniciens et techniciens pourraient, elles aussi, bénéficier d’une mise à jour.

« La façon dont les métiers qualifiés sont structurés est désuète. La manière dont nous définissons ce que fait un mécanicien et ce qui lui est permis de faire en vertu de son statut de mécanicien repose sur des définitions archaïques du mode de fonctionnement d’un camion », dit-il. Lui-même n’oserait pas toucher à plusieurs des systèmes équipant les nouveaux camions électriques, même s’il aurait légalement le droit de le faire. Il qualifie d’exemple à suivre par les autres provinces la récente initiative du gouvernement du Québec de financer la formation des mécaniciens de véhicules électriques.

Il a aussi été impliqué dans la formation relative aux grands trains routiers et il se dit conscient des limites de cette configuration. Les ensembles de deux remorques de 53 pieds ne pourront pas à eux seuls venir à bout de la pénurie de chauffeurs. Selon lui, les trains routiers demeureront limités à des itinéraires bien précis et il existe peu de clients qui nécessitent une telle quantité de marchandise à un même moment et à un même endroit.

« Alors que vous travaillez à remplir la deuxième remorque, les clients sont généralement déjà en train de hurler parce qu’ils n’ont pas reçu ce qui se trouve dans la première. Alors vous avez tendance à la faire partir dès qu’elle est prête », dit-il.

Être prêts, c’est ce à quoi sert la formation prodiguée aux gens qui exercent ce métier, tout métier en fait.

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