Lendemain de négociations : les achats de camions plus coûteux à financer et les contrats US moins rentables en raison des hausses du dollar canadien et des taux d’intérêt

L’industrie du camionnage au grand complet s’est félicitée hier de la conclusion d’une nouvelle mouture de l’accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (AEUMC). Pas tant parce que cet accord est parfait, mais parce qu’il a le grand mérite de lever la chape d’incertitude qui minait le climat d’affaires au sein duquel évoluent nos compagnies de transport par camion.

Le lendemain de veille s’annonce toutefois difficile à plusieurs égards lorsque l’on étudie la réaction des marchés financiers à ce nouvel accord.

Dans un premier temps, le dollar canadien a repris de la vigueur, dans la foulée des annonces prévoyant des hausses de taux d’intérêt, rapporte le Financial Post. Le huard a gagné 8 dixièmes de cent par rapport à la devise américaine, atteignant la marque des 78 cents. Dans une note aux investisseurs, Capital Economics prédit que la hausse de notre dollar devrait se poursuivre jusqu’à atteindre les 80 cents américain.

Bienfaits et aléas d’un dollar en hausse

L’industrie du camionnage au Canada étant si étroitement liée au marché américain, une modification dans le taux de change ne peut qu’avoir des impacts sur elle. La facture des camions assemblés aux États-Unis et vendus ici devrait ainsi être plus facile à absorber puisque ces transactions se font généralement en dollars américains.

Les fabricants de matériel roulant canadien pourraient cependant voir leurs produits devenir moins attrayants pour les Américains en raison de ce même resserrement de l’écart entre les devises. Revers de la médaille : cet équipement devient plus intéressant pour la clientèle d’ici lorsque le dollar canadien prend de la vigueur.

Pour les transporteurs canadiens actifs aux États-Unis et dont les contrats sont souvent négociés en dollars américains, toute hausse du huard signifie cependant une perte d’avantage concurrentiel dans les mêmes proportions puisque les salaires, qui représentent le premier poste de dépenses des entreprises de camionnage, sont payés en dollars canadiens.

Hausses des taux confirmées

Les hausses de taux d’intérêt sont dans l’air depuis un moment déjà mais elles se confirment avec le nouvel accord tripartite nord-américain.

Cité par le Financial Post, l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter, s’est lui aussi réjoui de la levée partielle de l’incertitude économique. Cela signifie cependant que la BMO prévoit trois hausses de taux d’intérêts en 2019, en janvier, avril et juillet. Ce mouvement sera très certainement suivi par les autres institutions financières comme c’est généralement le cas. D’ailleurs, un expert de la Banque TD, aussi cité par le Post, dit lui aussi s’attendre à ce que le pays vive trois hausses de taux d’intérêt plutôt que deux en 2019.

Le loyer de l’argent devenant plus élevé, le financement de l’achat de camions ou de la construction d’immobilisations telles que de nouveaux terminaux devrait représenter des coûts additionnels pour les flottes d’ici.

Le titre de l’équipement canadien Linamar a clôturé en hausse de 6,3% hier.

Note positive en terminant : les titres boursiers des grands fabricants canadiens de composantes destinées aux véhicules routiers Magna International et Linamar ont tous deux clôturé en hausse hier, cette hausse étant respectivement 2,2% et 6,3%.

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