Les associations de camionneurs s’opposent au calendrier de la phase 3 de l’EPA sur les émissions de GES

À la veille du week-end de Pâques, la U.S. Environmental Protection Agency (EPA) a publié la phase 3 de ses normes en matière de gaz à effet de serre pour les véhicules commerciaux moyens et lourds des années modèles 2027 à 2032.

Selon l’EPA, ces normes permettront de réduire les émissions de CO2 de 25 % d’ici à 2032 pour les tracteurs à cabine couchette et de 60 % pour les camions vocationnels lourds-légers. En outre, 25 % de tous les camions devront être électriques d’ici à 2032, conformément à la réglementation.

(Photo : iStock)

«En finalisant ces normes d’émissions pour les véhicules lourds tels que les camions et les autobus, l’EPA réduit de manière importante la pollution des véhicules les plus actifs sur la route», a déclaré Michael S. Regan, administrateur de l’EPA, dans un communiqué. «En s’appuyant sur notre règle récemment finalisée pour les véhicules légers et moyens, les normes solides et durables de l’EPA pour les véhicules répondent à l’urgence de la crise climatique en réduisant considérablement les émissions du secteur des transports.»

L’EPA affirme que la règle finale entraînera des réductions de pollution plus importantes que celle proposée, tout en donnant aux fabricants plus de flexibilité et de temps pour développer les technologies requises. Elle prévoit que la norme permettra d’éliminer 1 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, soit l’équivalent de 13 millions de camions-citernes remplis d’essence.

«Les normes de l’EPA complètent l’investissement sans précédent du président Biden dans nos travailleurs et nos communautés pour réduire les émissions nocives, tout en renforçant notre capacité de production pour les technologies de transport du futur», a affirmé Ali Zaidi, conseiller national du président Biden en matière de climat. «En nous attaquant à la pollution des véhicules lourds, nous pouvons débloquer des gains extraordinaires en matière de santé publique, de climat et d’économie.»

Plus de 175 000 commentaires publics ont été pris en compte pour finaliser la règle, a souligné l’EPA. Elle a également indiqué que l’industrie des poids lourds économiserait 3,5 milliards $(tous les montants sont dollars US) comparativement à des coûts annuels de 1,1 milliard $ entre 2027 et 2055. Selon l’organisation, l’acheteur d’un camion à cabine couchette récupérera son investissement initial en cinq ans. Elle affirme également que, lorsque les règles seront entièrement mises en œuvre, un exploitant de camion économisera entre 3 700 et 10 500 $ par an sur les coûts de carburant et d’entretien, en fonction du type de camion.

Réaction mitigée

Les réactions de l’industrie ont été mitigées. «Nous remercions l’organisme d’avoir répondu aux préoccupations de l’industrie concernant les défis des premières années d’application de la règle et nous restons déterminés à respecter l’esprit de cette réglementation», a déclaré Sean Waters, vice-président de l’intégrité des produits chez Daimler Truck North America.

«Chez Daimler Truck North America, nous aspirons à ne proposer que des véhicules neufs carboneutres aux États-Unis d’ici 2039, et notre gamme complète de camions de pointe permettra à nos clients de passer à un mode de transport plus écologiqueà l’avenir. En fin de compte, le succès de la transition de l’industrie des véhicules commerciaux dépend de la disponibilité d’une infrastructure de recharge et de ravitaillement carboneutre fiables ainsi que de la capacité à mener des activités à un coût de propriété raisonnable. Nous apprécions que le règlement reconnaisse ce fait et nous nous réjouissons de travailler avec l’EPA ainsi qu’avec les gouvernements fédéraux et des États pour atteindre ces deux objectifs.»

Tout le monde n’est pas aussi enthousiaste. Jim Mullen, directeur général de la Clean Freight Coalition, s’est exprimé en ces termes : «Les membres de la Clean Freight Coalition collaborent depuis longtemps avec les régulateurs fédéraux sur des réglementations solides qui soutiennent les améliorations environnementales à la bonne vitesse. Cependant, nos membres s’opposent à la troisième phase du règlement de l’EPA sur les émissions de gaz à effet de serre pour les véhicules lourds qui exigera l’adoption de véhicules commerciaux carboneutres à un rythme qui n’est pas possible en raison des limites de la technologie actuelle.»

Les associations s’opposent au plan

Il a ajouté qu’un camion diesel de classe 8 coûte aujourd’hui environ 180 000 $, alors qu’un camion électrique coûte environ 400 000 $. Le président de la Truckload Carriers Association, Jim Ward, a ajouté son grain de sel.

«L’industrie a effectivement réduit les émissions de NOx et de particules grâce à l’évolution et à la mise en œuvre de nouvelles technologies et reste déterminée à être un bon gestionnaire de l’environnement», a-t-il expliqué dans un communiqué. «L’avenir nous réserve de nombreuses solutions pour réduire les émissions de carbone, telles que les mélanges de biodiesel, le gaz naturel renouvelable, le diesel-électrique, pour n’en citer que quelques-unes, qui nous aideront à combler le fossé qui nous sépare de l’avenir. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et assister à la mise en œuvre d’une politique qui aura un impact significatif sur les activités de nos membres.«

La Owner-Operator Independent Drivers Association (OOIDA) s’est également opposée à la réglementation, en particulier à l’objectif ambitieux fixé pour les véhicules électriques.

«Les petites entreprises de camionnage, qui se soucient de la qualité de l’air pour elles-mêmes et leurs enfants, représentent 96 % de l’industrie. Pourtant, cette administration semble résolue à réglementer toutes les entreprises locales en leur imposant une multitude de règlements environnementaux irréalisables», a indiqué le président de l’OOIDA, Todd Spencer. «Cette administration semble plus soucieuse d’apaiser les militants écologistes extrémistes qui n’ont jamais mis les pieds dans un camion que les petits transporteurs qui veillent à ce que les Américains aient de la nourriture dans leurs épiceries et des vêtements sur le dos. Si vous l’avez acheté, c’est un camionneur qui l’a apporté.»

L’American Trucking Associations (ATA) s’est également prononcée contre ces normes.

«L’ATA s’oppose à cette règle dans sa forme actuelle, car les objectifs post-2030 restent tout à fait irréalisables compte tenu de l’état actuel de la technologie carboneutre, du manque d’infrastructure de recharge et des restrictions sur le réseau électrique», a lancé Chris Spear, PDG de l’ATA. «Étant donné le large éventail d’opérations requises par notre industrie pour faire tourner l’économie, une réglementation efficace en matière d’émissions doit être neutre sur le plan technologique et ne peut pas être unique. Toute réglementation qui ne tiendrait pas compte des réalités opérationnelles du transport routier entraînerait l’échec du secteur et de la chaîne d’approvisionnement américaine.»

«L’industrie du camionnage s’est pleinement engagée sur la voie de la carboneutralité, mais le chemin pour y parvenir doit être pavé de bon sens», a ajouté M. Spear. «Bien que nous soyons déçus par la règle adoptée aujourd’hui, nous continuerons à travailler avec l’EPA pour combler ses lacunes et avancer des objectifs et des calendriers de réduction des émissions qui soient à la fois réalistes et durables.»

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