Les bons (et moins bons) coups du budget du Québec selon l’ACQ

Marc Cadieux, président-directeur général de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), a comme plusieurs observateurs du milieu économique, suivi avec intérêt le dépôt du budget 2022-2023 du gouvernement du Québec par le ministre des Finances Eric Girard mardi dernier.

(Photo : Pixabay)

Main-d’œuvre

En entrevue à Transport Routier pour discuter de ce qu’il a relevé de l’exercice, la question de la rareté de la main-d’œuvre fait rapidement surface. « On espérait plus de substance à l’égard de la pénurie de main-d’œuvre, plus de leviers, même si on semble vouloir mettre un peu l’accent sur l’immigration », dit-il, notant néanmoins que des sommes appréciables sont prévues pour renforcer l’aspect de la francisation (198 millions $) et de l’intégration en emploi des immigrants (290 millions $).

Il qualifie de « gros point d’interrogation » le seuil d’immigration que se fixe le gouvernement du Québec, afin de « suppléer à notre pénurie de main-d’œuvre », se disant par ailleurs conscient que plusieurs secteurs d’activité économique se trouvent dans une position similaire.

M. Cadieux salue d’autre part les efforts qui seront déployés afin d’attirer davantage de travailleurs en région (enveloppe de 80 millions $), soulignant qu’un nombre important de membres de l’ACQ se trouvent justement hors des grands centres.

Il aurait cependant voulu voir plus de mesures pour le maintien en emploi des travailleurs qui approchent l’âge de la retraite. « Ça fait quelques budgets qu’on demande d’avoir une amélioration au niveau de la fiscalité de nos travailleurs expérimentés, des travailleurs qui, en fin de carrière, pourraient peut-être nous donner quelques bonnes années si la fiscalité leur donnait un avantage significatif de demeurer au travail », déclare M. Cadieux.

Virage numérique

Selon le président de l’ACQ, les transporteurs ont un intérêt de plus en plus marqué vers le virage numérique, tant pour se conformer aux diverses exigences réglementaires que pour bénéficier des avantages opérationnels que procurent les nouvelles technologies, ne serait-ce qu’en réduction de paperasse.

Dans ce contexte, il note avec plaisir que le budget Girard a reconduit le crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation. « Il y a une enveloppe de 155 millions pour la prolongation des crédits d’impôt pour l’innovation qui va aider les entreprises jusqu’en 2024 à l’égard des nouvelles technologies, ce qui facilite la modernisation, la numérisation des équipements », note M. Cadieux.

Inflation et pression sur les salaires

Le PDG de l’ACQ remarque l’effort fait par le gouvernement caquiste (le fameux 500 $) pour atténuer l’effet de l’inflation sur les ménages mais trouve le tout plutôt timide et s’attend à ce que cette inflation mette une pression à la hausse sur les salaires que versent les transporteurs à leurs employés. « Les salaires ne suivent pas l’inflation actuelle », dit-il, ajoutant que ce le phénomène, loin d’être unique au camionnage, est généralisé à travers l’économie.

« Notre industrie pourrait être confrontée encore plus par le challenge des salaires, comme elle l’a été au cours des dernières années où, c’est clair et net, les conditions salariales se sont améliorées. Mais il est certain qu’avec cette poussée inflationniste, les transporteurs pourraient être interpellés encore plus », ajoute M. Cadieux.

Selon lui, les tarifs exigés par les transporteurs à leurs clients devront probablement être ajustés de manière à refléter ces hausses, même si, admet M. Cadieux, « ce n’est pas toujours évident. »

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