Les camions électriques: un défi chargé pour l’entretien

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Avec l’arrivée des véhicules lourds hybrides et électriques, les ateliers d’entretien vont devoir faire face à de nouveaux défis.

Le gouvernement du Québec prévoit que, d’ici 2035, tous les véhicules vendus dans la province – automobiles, autobus et camions – seront électriques. Cela va grandement aider à la protection de l’environnement, mais constituera aussi un tout nouvel enjeu pour les personnes chargées d’entretenir les véhicules, la plupart n’ayant jamais travaillé sur ces modèles.

Leur tâche sera toutefois facilitée du fait que l’entretien d’un véhicule hybride ou électrique sera assez comparable à celui d’un camion standard. Il n’y aura pas moins de choses à vérifier ou moins de travail à faire, mais les quelques petites différences entre les deux types de propulsions sont primordiales à connaître.

Bruno Sauriol (Photo: Patrick Roger)

C’est ce qu’a affirmé Bruno Sauriol, chargé de projet technique pour le Conseil provincial des comités paritaires de l’industrie des services automobiles, lors de sa conférence «Véhicules lourds routiers hybrides/électriques et leur entretien», présentée dans le cadre d’ExpoCam 2023. «Si l’on parle avec des chiffres, le mécanicien entretient 100% du véhicule sur un camion au diesel. Sur un camion hybride ou électrique, il va toucher à 80% de véhicule. Le 20% qui reste, ce sont les choses à savoir et, si on n’a pas la formation, c’est plus difficile.»

Le 20% dont il parle, ce sont les nombreux composants qui sont spécifiques aux véhicules électriques. Il y a par exemple la présence de plusieurs ordinateurs dans un seul véhicule, souvent plus que dans des camions au diesel. Il y a aussi des zones qui sont sous haute tension. Le mécanicien a un gros risque de s’électrifier et même de mourir s’il commet une erreur de manipulation. De plus, il y a les fameux «câbles orange» qui alimentent les véhicules électriques qui vont demander beaucoup d’attention. «Les câbles, il y en a beaucoup, ils sont gros, longs, pesants et, avec les vibrations sur les routes, ils vont user de l’intérieur et vont perdre de l’isolation», explique Bruno Sauriol. Si l’on n’est pas capable de savoir s’ils ont du courant, on ne les touche pas. De point de vue de l’entretien, ça va changer pas mal de choses.»

Plusieurs aspects à prendre en compte

La présence de véhicules lourds hybrides ou électriques aura un impact important sur plusieurs aspects de l’entretien, comme l’approche-client, les produits qui seront utilisés, le temps d’entretien ainsi que les méthodes de travail.

La clientèle sera en effet plus pointilleuse sur le véhicule. Effectivement, puisqu’un camion électrique est plus proche d’un objet technologique qu’un camion ordinaire et qu’il s’agit d’un investissement majeur pour lui, le client sera très informé des mesures d’entretien et aura des objectifs bien précis pour le véhicule. Ce sera au mécanicien d’être en mesure de suivre ce qui lui est demandé par la clientèle, et non l’inverse.

Les mécaniciens devront aussi travailler avec des produits particuliers et un équipement bien spécifique pour ce type de véhicules.

Premièrement, il y a les outils qui devront être isolés pour des charges électriques de 1000 volts afin d’éviter les accidents causés par la haute tension. Il y a aussi les liquides d’entretien, comme l’huile moteur, l’antigel ou l’huile lubrifiante pour la climatisation; il faudra utiliser des produits spécifiques pour les besoins d’un véhicule électrique. Même si les camions pourront quand même rouler sur des pneus ordinaires, il existera des modèles créés spécifiquement pour les camions hybrides et électriques. Le mécanicien devra être plus rigoureux avec ceux-ci. De plus, tous les outils qui seront utilisés de l’entretien des véhicules électriques devront être approuvés.

Le diagnostic du camion électrique sera plus approfondi que celui d’un camion au diesel. Il faudra prendre plus de temps, de précautions et de lectures techniques pour bien diagnostiquer le véhicule. Il sera donc important de bien suivre les directives d’entretien fournies par les fabricants, surtout en ce qui concerne les avertissements de décharges électriques. «Sauter des étapes, ce n’est pas quelque chose qui va être payant», ajoute Bruno Sauriol.

Il y aura aussi plus de précautions de sécurité à prendre afin de bien assurer le bien-être du mécanicien. Il sera notamment important de bien connaître la sécurité électrique avant de travailler sur le camion, de bien suivre les procédures du manufacturier et de prendre en compte le poids considérable de certaines pièces d’un camion électrique, surtout avec le danger des zones à haute tension.

Mais si toutes ces choses peuvent faire peur aux mécaniciens, des formations sur les moteurs électriques seront offertes un peu partout au Québec.

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