Les camions pourraient bientôt devoir répondre à des critères précis pour pouvoir circuler en milieu urbain au Québec

Il y a un peu plus d’une semaine, la ministre des Transports et de la Mobilité durable du Québec, Geneviève Guilbault, déposait son plan d’action pour la sécurité routière. Il y était abondamment question de mieux protéger les usagers de la route les plus vulnérables, comme les piétons et les cyclistes.

À cet effet, la ministre disait vouloir « collaborer à l’élaboration d’une norme pour classifier les véhicules lourds selon un indice de sécurité ».

Il s’agit en fait d’établir une norme technique du Bureau de normalisation du Québec (BNQ) visant à quantifier le niveau de sécurité des véhicules lourds. Cette norme doit être publiée en novembre 2024.

Cycliste à côté d’un camion doté de barres latérales de protection.
Un cycliste de 29 ans est décédé hier à Saint-Bruno, sur la Rive-Sud de Montréal, après avoir été heurté par un camion qui n’était pas doté de barres de protection latérales, comme on le voit ici. (Photo tirée du site Web du BNQ).

« La norme québécoise considérera plusieurs éléments de sécurité, dont le champ de vision du conducteur, la vision indirecte (miroirs, systèmes de caméra ou autres appareils de détection) et l’utilisation d’autres équipements de sécurité (alarmes, feux, panneaux indicateurs, barres latérales ou tout autre système destiné à améliorer la sécurité des usagers de la route) », écrit le BNQ sur son site Web.

Le BNQ entend s’inspirer de la norme de vision directe (Direct Vision Standard) instaurée à Londres. Celle-ci impose aux opérateurs de camions de plus de 12 tonnes de disposer d’un permis pour circuler dans la capitale anglaise. La visibilité des camions y est cotée selon une échelle d’étoiles plus ou moins nombreuses, un peu comme la cote accordée à un film par les critiques.

Il est encore trop tôt pour savoir si la version québécoise fonctionnera exactement de la même manière mais le BNQ précise que la norme à venir visera « à quantifier, sur une échelle préétablie, le niveau de sécurité des véhicules lourds. »

Miroir antéviseur sur le capot d’un camion.
L’installation de miroirs antéviseurs pourrait être recommandée sur les camions qui circulent en milieu urbain. Ceux-ci permettent au conducteur de voir ce qui se trouve à l’avant du véhicule. (Photo : Steve Bouchard)

Il faut savoir que les normes du BNQ ne sont pas contraignantes mais que les pouvoirs publics, eux, ont la discrétion de les rendre obligatoires.

Obligatoire ou pas?

C’est ainsi que divers paliers de gouvernement (municipaux, provincial, fédéral) « pourraient rendre l’application de la norme obligatoire lorsqu’elle sera publiée ou l’utiliser dans le cadre de leurs appels d’offres », précise Nicolas Vigneault, porte-parole du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) à l’occasion d’un échange avec Transport Routier.

Une municipalité pourrait ainsi exiger que les camions qu’elle achète soient d’un indice de sécurité donné, ou encore que les entrepreneurs (cueillette de matières résiduelles, déneigement) qui travaillent à contrat sur son territoire utilisent des camions répondant à la norme du BNQ.

Une flotte soucieuse de la sécurité de ses chauffeurs et du public pourrait également s’en inspirer, volontairement, lors d’acquisitions de matériel roulant. « Cette norme pourrait par exemple servir d’outil d’aide à la prise de décision en matière de choix de véhicules lourds », indique M. Vigneault.

Comité d’experts

Le porte-parole du MTMD ajoute qu’un comité de normalisation a été formé et que celui est « composé d’experts et d’intervenants issus de divers milieux impliqués dans le domaine concerné. »

On y retrouve le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l’Association du camionnage du Québec (ACQ), des universitaires spécialisés en transport et logistique, des groupes de défense des piétons et des cyclistes, des fabricants d’autobus scolaires et d’autocars ainsi que le fabricant de remorques Manac.

Système de radar permet à un camionneur de détecter un cycliste.
Plusieurs fabricants de camions proposent des systèmes permettant de détecter les usagers de la route vulnérables. (Photo : Daimler Truck North America)

Un seul fabricant de camions, Lion Électrique, fait présentement partie du comité chargé d’élaborer la norme du BNQ. Le Groupe Labrie, qui fabrique des bennes de camions de cueillette de matières résiduelles fera également part de son expertise de transport lourd en milieu urbain.

« La méthode normalisée contribuera à déterminer le risque, aidera à améliorer la sécurité et à déterminer les précautions pour les cas potentiellement dangereux », conclut le porte-parole du MTMD.

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