Les données ELD pourraient-elles aider à résoudre les retards chez les expéditeurs?

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a annoncé son intention de rendre obligatoires les dispositifs de consignation électroniques (ELD) pour les transporteurs sous réglementation fédérale. Ils ont l’avantage de remplacer les fiches journalières, mais les données qu’ils fournissent pourraient être encore plus intéressantes. (Photo ACC)

TORONTO, Ont. – À la veille de la réglementation sur les dispositifs de consignation électroniques (ELD), l’un des plus grands transporteurs des États-Unis, JB Hunt Transport, a demandé à ses clients de prévoir dans leur budget des augmentations de coûts de transport pouvant atteindre «10% ou plus», alors que la distribution d’automne était à son plus fort et que la réglementation sur les ELD intensifierait la pénurie de conducteurs.

«C’est l’une des périodes de turbulence et de volatilité les plus extrêmes que nous n’ayons jamais connues en matière d’approvisionnement, et nous ne pensons pas qu’elle se résorbera de sitôt», ont indiqué John Robert, président et chef de la direction, et Shelly Simpson, directrice commerciale, dans une lettre envoyée aux clients de JB Hunt à l’automne 2017.

Avec la mise en place des règles canadiennes sur les ELD longtemps attendues et l’échéance de mise en œuvre fixée à juin 2021, nombreux sont ceux qui croient que la collecte de données pourra améliorer la relation transporteur-expéditeur, en particulier en ce qui concerne les délais de chargement et de déchargement.

Bien que cela puisse énormément simplifier les choses, vous ne savez tout simplement pas ce que vous ne savez pas, dit Ray Haight, consultant chez Dan Goodwill and Associates.

«La réglementation sur les ELD pourrait sensibiliser les expéditeurs et leur montrer ce qu’ils ne savent pas à propos de leurs propres installations», dit-il.

Il est essentiel de pouvoir collecter et accéder aux données historiques de nombreux transporteurs, car cela peut offrir une image différente et donner aux transporteurs plus de poids dans les discussions avec les expéditeurs à problème, dit-il.

«Ce sera différent dorénavant», ajoute M. Haight. «Les transporteurs pourront dire: Voici combien de temps chaque camion a passé dans votre cour.»

Bien que ce ne soit pas aussi simple que d’allumer un interrupteur, les ELD aideront à identifier de manière objective les endroits où le temps est perdu dans le réseau et empêcheront tout le monde d’être peint avec le même pinceau, image Trevor Fridfinnson, directeur des opérations de Bison Transport, qui utilise les ELD depuis 2009.

« Cela a aidé. Tout le monde doit payer plus cher parce que le réseau n’est pas assez efficace et que les conducteurs sont bloqués dans trop d’endroits », constate-t-il.

«Idéalement, dans plus de situations, cela devrait aider à créer ces correctifs. Nous voulons éliminer les pertes dans le système et nous pouvons aider les [expéditeurs] à identifier où elles sont. »

La mise en œuvre des ELD aux États-Unis, qui a débuté en 2017, a été globalement positive, indique Jennifer Hedrick, directrice générale de la National Industrial Transportation League, la plus ancienne et la plus grande association de transport de marchandises des États-Unis.

Elle dit que l’avantage le plus apparent a été l’amélioration de la visibilité de la relation entre l’expéditeur et le transporteur.

«Comme dans toute transition, il y a eu des heurts au début. Certains de nos membres expéditeurs n’ont signalé aucun effet sur leurs opérations, alors que d’autres ont vu les taux augmenter rapidement en raison de la réduction de la capacité. À l’heure actuelle, les expéditeurs semblent bénéficier d’un avantage parce qu’il y a beaucoup de capacité de transport.»

«Nous avons également constaté que les expéditeurs étaient davantage tenus responsables des retards de chargement ou de déchargement, ce qui se traduisait souvent par des frais de détention ou par un choix réduit de transporteurs.»

Mme Hedrick a souligné que de nombreuses entreprises utilisaient encore des dispositifs d’enregistrement automatique intégrés (AOBRD) préexistants, une technologie bénéficiant d’une clause de droits acquis jusqu’en décembre.

«Nous examinerons les données du premier trimestre de l’année prochaine pour donner plus de détails sur les effets de la conversion intégrale.»

Pour Trevor Fridfinnson, il a fallu trop de temps à l’industrie et aux législateurs pour en arriver à ce point.

«Nous avons envisagé les [ELD] comme la technologie de l’avenir, et cela correspond à notre culture de sécurité et à nos valeurs qui consistent à disposer de bons outils pour promouvoir cette culture», a-t-il expliqué, rappelant que Bison avait rapidement adopté les ELD.

Cependant, le principal avantage de l’utilisation des ELD, c’est qu’ils permettent une meilleure gestion du temps dans un poste où la sécurité est importante, comme la conduite d’un camion, par rapport à ce qui pourrait être fait avec des fiches en papier.

Toutes les craintes des conducteurs ont été rapidement surmontées, indique M. Fridfinnson. «Ce que nous croyons, et ce que notre industrie droit croire, c’est que personne ne devrait se sentir obligé de contourner ou de briser les règles pour gagner sa vie.»

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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