Les flottes devraient-elles soumettre les chauffeurs à des tests de dépistage cognitif?

Les tests de dépistage d’alcool et de drogue sont déjà monnaie courante dans l’industrie du transport routier, tout comme les examens médicaux. Mais des efforts sont également déployés pour aider les flottes à mieux mesurer les déficits cognitifs – et à déterminer si les camionneurs sont en mesure de prendre le volant en toute sécurité.

«Comment progresser en matière de dépistage cognitif?», a demandé Chris Wilkinson, consultant en programmes chez DriverCheck, lors d’une présentation pour l’Association canadienne du camionnage d’entreprise. «Il n’y a pas de solution unique pour toutes les organisations.»

(photo : iStock)

Les performances d’un employé vieillissant peuvent commencer à décliner progressivement, ce qui se traduit par un nombre croissant d’accidents évités de justesse. Un camionneur peut être aux prises avec un problème de santé qui n’a pas encore été détecté, ou ne pas être dans le bon état d’esprit pour retourner au travail après une collision.

Les camionneurs souffrant de déficits cognitifs sont 3,4 fois plus à risque de provoquer un accident, a-t-il ajouté, insistant sur l’importance des tests cognitifs sur la route et sur ordinateur.

«L’examen médical des chauffeurs ne permet vraiment pas de détecter ce qui devrait l’être», de dire M. Wilkinson. Un médecin peut signer un certificat médical parce que le camionneur dit qu’il se sent bien. Et même si ce dernier va bien au moment de l’examen, quelque chose pourrait se produire entre les contrôles médicaux prévus.

Dans le cadre d’un test, DriverCheck a identifié un chauffeur atteint de la maladie de Parkinson. Trois semaines plus tôt, un médecin avait signé son certificat médical. Un autre cas a permis d’identifier un important problème de santé après que des médecins aient déterminé, à deux reprises, que le chauffeur se portait bien malgré une augmentation des accidents évités de justesse et la présence de symptômes tels que des tremblements, des jambes flageolantes et du bégaiement. Dans une troisième situation, un chauffeur de camion a été impliqué dans un incident à un seul véhicule mais ne pouvait pas se souvenir des détails. Une évaluation informatisée a permis de démontrer qu’il présentait un risque élevé, ce qui a conduit à d’autres examens médicaux. Ceux-ci ont révélé qu’il faisait un usage abusif de médicaments.

«Certains chauffeurs ne se manifesteront tout simplement pas car ils ne veulent peut-être pas révéler qu’ils ont un problème de santé», de poursuivre M. Wilkinson.

Au cours de la présentation, il a fait valoir qu’en mettant l’accent sur cet enjeu, on pourrait aider à protéger les flottes contre les «verdicts nucléaires» massifs rendus à la suite d’un procès pour accident, et même les aider à obtenir une assurance lorsqu’elles se font dire qu’il faut regarder au-delà de la simple conformité. L’objectif ultime, bien entendu, est de réduire le nombre d’incidents indésirables et de prendre soin des camionneurs qui ont besoin de soutien.

Une approche cohérente pour mesurer l’aptitude du chauffeur peut être défendue, mais elle doit être basée sur la capacité de conduire plutôt que sur un diagnostic, a-t-il souligné.

Les problèmes à l’origine d’un déficit cognitif peuvent également varier. Le camionneur avec des problèmes de mémoire ou qui a du mal à apprendre de nouvelles choses, ou qui n’arrive tout simplement pas à se concentrer, pourrait être affecté par l’apparition de la démence, de la maladie d’Alzheimer, d’un traumatisme cérébral ou d’une dépression.

«Nous recherchons de la confusion, une mauvaise coordination motrice, une perte de mémoire à court ou à long terme», a-t-il expliqué à propos des tests. «L’altération du jugement est un élément important.»

Bien que des versions de ces tests existent depuis la fin de la Première Guerre mondiale, la technologie mobile et l’analyse croissante des données offrent un moyen rentable de les réaliser, toujours selon Chris Wilkinson.

Une fois établi, le dépistage des déficits cognitifs peut servir de base à toutes les évaluations, qu’il s’agisse d’évaluations préalables à l’embauche, de contrôles de bien-être périodiques, d’évaluations de retour au travail, de contrôles post-incident, et même de déterminer les raisons d’une baisse de performance.

C’est une chose à laquelle il faut penser.

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