Les remorques de 60 pieds autorisées au Québec, avec permis spécial

La phase des essais pilotes est terminée, les remorques de 60 pieds sont désormais autorisées à circuler au Québec, sur certaines routes et à certaines conditions, comme l’obtention d’un permis spécial.

C’est ce qu’a annoncé aujourd’hui le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), précisant que ces remorques allongées (18,45 mètres) peuvent être attelées à un tracteur sur des autoroutes à chaussées séparées et leurs voies de sortie et d’entrée, les segments de route qui relient les voies de sortie ou d’entrée d’une autoroute dans les directions inverses ainsi que les chemins d’accès à un parc industriel municipal depuis une voie de sortie ou d’entrée d’autoroute et sur une distance d’au plus 2 kilomètres.

Les routes non visées précédemment peuvent également être empruntées depuis une voie de sortie ou d’entrée d’autoroute et sur une distance d’au plus 500 mètres, ainsi que les routes à l’intérieur d’un parc industriel municipal.

Avantages

Les semi-remorques de 60 pieds et 6 pouces présentent plusieurs avantages par rapport à celles de 53 pieds auxquelles nous sommes plus habitués.

D’abord sur un plan de productivité, puisqu’un même chauffeur peut transporter plus de marchandise avec une seule unité motrice, contribuant à réduire la pression engendrée par la pénurie de main-d’œuvre dans ce métier.

Selon les calculs de Manac, un fourgon de 60 pieds offre 560 pieds cubes de plus que son équivalent de 53 pieds.

Le fait de transporter plus en un seul mouvement de transport est également un atout sur le plan environnemental puisque moins de camions sur la route émettent moins de gaz à effet de serre (GES).

D’autre part, elles sont une alternative intéressante aux grands trains routiers (deux remorques de 53 pieds attelées à un tracteur) puisque les chauffeurs qui tractent des 60 pieds ne sont pas assujettis aux mêmes exigences de formation spécialisée que ceux qui sont au volant de trains routiers.

Enfin, elles sont idéales pour faire concurrence aux transporteurs des Maritimes, où elles sont déjà permises depuis un certain temps, le Nouveau-Brunswick ayant été la dernière province de l’Atlantique à les autoriser, en mai dernier.

L’Ontario devrait bientôt suivre l’exemple de ses voisins de l’est du pays, puisque ses projets pilotes étaient étroitement liés à ceux du Québec.

Chaîne d’approvisionnement

Il faudra probablement un certain temps avant que ces remorques « jumbo » soient monnaie courante sur nos routes, afin que puisse se mettre en place une chaîne d’approvisionnement adaptée permettant aux constructeurs de les fabriquer.

En effet, même si des fabricants comme Manac et Utility ont déjà des prototypes en circulation, le passage de 53 à 60 pieds n’est pas dépourvu de défis pour les fabricants.

« Les extrudeurs, majoritairement en Amérique du Nord, font des produits de 53, 57 pieds et non 60. Donc il y a certains défis d’ingénierie qu’il a fallu régler pour s’assurer de l’intégrité complète sur le 60 pieds », explique Rodrick Levesque, vice-président à l’ingénierie chez Manac à l’occasion d’une entrevue à Transport Routier.

Il convient par ailleurs de rappeler que plusieurs fabricants de remorques n’arrivent déjà pas à répondre à la demande en fourgons de 53 pieds et ont des arriérés de production pour ceux-ci. Il faudra donc leur laisser le temps d’ajuster leurs méthodes de fabrication et d’outillage pour passer aux remorques de 60 pieds.

Selon Manac, la clientèle-type de ces remorques nouveau genre sera constituée d’entreprises désireuses de transporter des produits dont le volume est élevé mais dont le poids est limité, par exemple du papier tissu ou encore des croustilles.

Les transporteurs désireux de se munir d’un permis spécial pour circuler avec une remorque de 60 pieds sont invités à s’adresser au MTMD en cliquant ici.