Les travailleurs portuaires de Colombie-Britannique votent sur un accord alors que les entreprises calculent leurs pertes

Les flottes de camionnage et les autres organisations commerciales continuent de calculer les retombées économiques de la grève de juillet dans les ports de Colombie-Britannique, alors que les débardeurs se prononcent par vote au sujet d’une nouvelle convention collective les 3 et 4 août.

L’accord de principe a été soutenu par l’International Longshore and Warehouse Union (ILWU) Canada et la B.C. Maritime Employers Association (BCMEA).

«Nous sommes impatients de reconstruire notre réputation de porte d’entrée stable vers et depuis le Canada et d’espérer regagner la confiance qui s’est érodée depuis ce conflit de travail», a affirmé Tom Johnson, directeur général de Kimberly Transport et porte-parole de la Port Transportation Association (PTA).

Un accord conclu dans le cadre d’une médiation a été rejeté à la fin du mois de juillet, à la suite d’une grève qui s’est déroulée du 1er au 13 juillet. Le ministre du Travail, Seamus O’Regan, a demandé au Conseil canadien des relations industrielles d’intervenir.

M. Johnson estime que le gouvernement aurait dû intervenir plus tôt.

Le port de Vancouver (Photo : iStock)

«Lorsque tout cela se terminera, nous verrons qui sera toujours dans l’industrie », a-t-il déclaré en faisant référence aux flottes de transport routier et aux camionneurs-propriétaires de la région. «Ce n’est qu’une question de temps avant que certaines entreprises de camionnage tirent la sonnette d’alarme ou ne soient obligées de faire faillite.»

«Ça n’a pas été un boum»

En plus des entrepôts «presque vides», des baux fonciers onéreux et de l’augmentation des coûts des pièces détachées et du carburant pour les camions, ainsi que d’autres coûts liés à la politique du port concernant l’âge des camions, de nombreuses entreprises ont dû entreposer des camions et licencier des chauffeurs, explique Tom Johnson, notant qu’il n’y a pas eu un grand afflux de travail lorsque la grève elle-même a brièvement pris fin.

«Ce n’a pas été le boum auquel tout le monde s’attendait. Je pense que nous avons une telle capacité ici en ce moment, pour desservir les ports, que tout le monde a simplement sauté dans son camion et a pratiquement absorbé tout ce travail et a rattrapé son retard en quelques jours.»

M. Johnson souligne qu’il existe d’autres préoccupations, comme les expéditeurs qui redirigent leurs marchandises vers d’autres ports canadiens et américains en raison d’un manque de confiance à l’égard de Vancouver. Cela pourrait encore réduire le volume de conteneurs intermodaux à transporter.

C’est pourquoi il espère que l’accord sera ratifié et estime que de nouvelles concessions ont été faites. Le fait de rester sur un piquet de grève n’aide pas non plus les travailleurs, ajoute-t-il.

«Je pense que cela a assez duré. Je pense que les débardeurs sont dans la même situation que tout le monde et qu’ils doivent faire face à des coûts croissants, et bien plus encore.»

Murray Mullen, président et directeur général de Mullen Group, a déclaré lors d’une conférence téléphonique trimestrielle avec des analystes qu’il espérait également que le conflit serait résolu. Mais il a admis que le pire résultat serait que les travailleurs portuaires retournent au travail avec un manque de motivation et de productivité s’ils ne sont pas satisfaits de l’accord.

Pertes importantes

Les pertes sont déjà considérables. Le Greater Vancouver Board of Trade a déclaré dans un communiqué que 10,7 milliards $ de marchandises échangées ont été affectés au cours des 13 jours d’interruption de travail.

«Cela augmentera sans aucun doute les prix des marchandises pour les Canadiens et les entreprises qui dépendent du fret qui transite par nos ports», a écrit Bridgitte Anderson, présidente et directrice générale du Greater Vancouver Board of Trade, dans une déclaration.

«Les usines de pâte à papier ont été fermées, les mines ont réduit leurs activités et des milliers d’entreprises, grandes et petites, ont dû payer des factures plus élevées pour leurs marchandises. Les prochaines étapes ne sont pas claires, mais si les grèves reprennent, les dommages économiques ne feront que s’aggraver.»

 Le groupe Canadian Manufacturers and Exporters (CME) a interrogé ses membres entre le 11 et le 13 juillet pour évaluer les effets de la grève, et deux tiers d’entre eux ont dit avoir ressenti l’effet immédiatement, a précisé le vice-président divisionnaire Andrew Wynn-Williams. Les autres ont indiqué que ce n’était qu’une question de temps avant que leurs activités ne soient affectées.

«Un peu moins de 70 % d’entre eux (les deux tiers) ont déclaré que l’impact était important ou grave. Cela signifie que le coût moyen estimé pour l’un de ces fabricants ressentant un impact immédiat a été de plus de 200 000 $ par jour», a-t-il dit.

Il a ajouté qu’il faudra environ sept jours pour se remettre des conséquences de chaque jour de grève. Et la reprise n’aura peut-être pas lieu avant l’automne.

Inquiétudes quant au vote

M. Wynn-Williams s’est dit inquiet quant à l’issue du vote de ratification. Des accords provisoires ont déjà été rejetés et il n’y a aucune certitude quant à l’issue du vote. Mais il estime également que le gouvernement aurait dû intervenir plus tôt pour régler le problème et empêcher que les dommages prennent l’ampleur actuelle.

«Il s’agit d’un élément essentiel de notre infrastructure de transport. Et nous, le CME, pensons que le gouvernement fédéral doit planifier en fonction d’éventuels autres problèmes similaires et disposer de plus d’outils pour traiter ces enjeux avant qu’ils se transforment en grève.»

Une convention collective au port de Montréal, par exemple, arrive à échéance en décembre, et il pense que le gouvernement devrait réunir les parties à la table dès maintenant pour commencer à négocier cet accord, plutôt que d’attendre la dernière minute et de déclencher une grève, ce qui nuirait encore plus à la réputation du Canada à l’étranger.

«La prochaine fois que les fabricants feront un appel d’offres pour un contrat avec quelqu’un, on leur posera la question suivante : “Comment pouvez-vous garantir que vous me livrerez ce produit?”»

La dernière entente

Selon la BCMEA, l’accord précédemment négocié prévoyait une augmentation salariale de 19,2 % et une augmentation de 18,5 % de la somme forfaitaire versée pour la retraite au titre de la «modernisation et de la mécanisation.»

Ces changements auraient entraîné une augmentation de 26 000 $ de la rémunération médiane des débardeurs syndiqués (jusqu’à 162 000 $ par an), à l’exclusion de la pension et des avantages sociaux. Le montant de la retraite en 2026 aurait augmenté jusqu’à 96 250 $ pour les employés admissibles, en plus des droits à la retraite des employés.

Une prime à la signature de 41,48 $ par heure travaillée (environ 3 000 $ par travailleur à temps plein) a également été proposée, ainsi que des mesures visant à former, recruter et conserver les travailleurs des métiers de l’ILWU Canada.

«Plus précisément, la BCMEA a accepté de fournir une couverture sociale à tous les travailleurs occasionnels, une nouvelle allocation pour les outils et un engagement à augmenter le nombre d’apprentis d’au moins 15 %», explique la BCMEA.

L’ILWU a déclaré que la grève impliquait des luttes contre la sous-traitance et l’automatisation des ports, ainsi que de meilleurs salaires pour compenser l’inflation.

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