L’orage gronde sur les assurances parapluie
La crise de l’assurance primaire dans le camionnage vient à peine de se calmer que commence celle de l’assurance excédentaire.
En 2018, les flottes de camions ont vu exploser le prix des primes de l’assurance primaire, laquelle couvre la responsabilité civile, les camions, les remorques et le cargo. Les augmentations atteignaient 50 %, voire 100 % dans certains cas.
«On n’avait pas connu de crise aussi majeure dans l’industrie, et c’était particulièrement attribuable aux réclamations en blessures corporelles qui étaient très élevées», explique Martin Burrowes, président de Burrowes Courtiers d’assurance.
Cette crise semble s’être calmée alors que les augmentations des primes en assurance primaire se situent entre cinq et 10 pour cent en moyenne. Par contre, elle s’est déplacée dans le segment des assurances excédentaires, aussi appelées «umbrella» ou «parapluie», où les primes connaissent des hausses pouvant aller de 100 % à 150 %», estime M. Burrowes.
L’assurance «umbrella» couvre les responsabilités civiles supplémentaires et protège au-delà de la limite maximale de l’assureur en cas de poursuite. Si une réclamation en responsabilité civile dépasse le montant d’assurance de sa police, l’assuré devra payer la différence de sa poche s’il n’a pas d’assurance «umbrella». Ce type d’assurance est offert sur des marchés comme celui de Lloyd’s of London.
Différentes raisons expliquent plus particulièrement l’augmentation spectaculaire des primes d’assurance excédentaire. Il y a d’abord les «verdicts nucléaires» prononcés récemment aux États-Unis (voir l’encadré). Il y a aussi le fait qu’il est beaucoup plus difficile de trouver des soumissionnaires pour ce type d’assurance, 75 % des assureurs «umbrella» s’étant récemment retirés du marché.
Conséquemment, les flottes payent beaucoup plus cher pour des couvertures considérablement moindres. «Nous avons des clients qui ont vu leur assurance parapluie réduite de 75 pour cent, mais dont la prime a doublé malgré tout», illustre Martin Burrowes.
Les courtiers réussissent encore à trouver des assurances excédentaires pour atteindre les minimums de protection, qui se situent entre cinq et 10 millions, mais il est plus difficile de trouver des soumissionnaires pour des assurances parapluie plus élevées.
Il est difficile pour une flotte de limiter la hausse des assurances excédentaires, car celles-ci dépendent directement du pourcentage de transport effectué aux États-Unis. «Plus ce pourcentage est élevé, plus il est difficile de trouver une assurance «umbrella» à prix concurrentiel. C’est très problématique», constate Martin Burrowes.
«Le défi des flottes, c’est de demeurer performantes en matière de prévention et de conformité», corrobore Kevin Quane, vice-président d’Assuraction TransportExpert. Et ce rendement est évalué en fonction de plusieurs facteurs, dont le kilométrage parcouru par les camions, et où ce kilométrage est parcouru.
«La prime d’un transporteur qui roule principalement aux États-Unis sera évidemment plus élevée que celle d’une flotte qui transporte surtout au Québec. Certains assureurs ne sont pas intéressés à étudier le dossier d’un transporteur dont la portion hors Québec dépasse un certain pourcentage», de dire M. Quane.
Les normes d’embauche, le type d’équipement, le type de cargo et le dossier de réclamation comptent aussi parmi les aspects pris en considération par les assureurs. Il y a des choses que le transporteur ne peut pas changer, par exemple le cargo et les destinations. Mais il y en a d’autres sur lesquelles il peut agir pour améliorer son dossier, comme l’embauche et l’intégration dans l’entreprise.
«Il n’est pas interdit d’engager un jeune chauffeur. Ce qui est le plus important, c’est la façon dont il sera intégré et formé. L’entreprise a-t-elle un formateur à l’interne et un programme de formation complet? Cela peut faire une bonne différence à moyen terme», remarque Kevin Quane.
Donnez votre avis
Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.