Matières dangereuses : Les chauffeurs devraient être mieux formés et moins soumis au stress

Faire du transport par camion exige en soi un solide sens des responsabilités et de la sécurité. Lorsque la cargaison en remorque consiste en des matières dangereuses contenues dans une citerne à centre de gravité élevé et plus à risque de renversement, ces responsabilités augmentent d’un cran.

C’est l’une des constations que contient le Diagnostic de la profession de conducteur de camions citernes transportant des matières dangereuses (TMD), une étude menée par le Groupe DDM pour le compte de Camo-route.

La pénurie de main-d’œuvre est encore plus aiguë dans le transport de matières dangereuses, en raison de sa complexité. (Photo iStock)

D’entrée de jeu, on apprend dans ce document que la pénurie de main-d’œuvre est encore plus aigüe dans le transport de matières dangereuses (TMD) que dans les autres segments de l’industrie du camionnage, en raison de la complexité de ce type de transport et des risques qui y sont associés.

Les chauffeurs y sont d’autant plus précieux que, de façon générale, les transporteurs de TMD exigent que ceux-ci disposent d’au moins deux  ans d’expérience en camionnage avant de les embaucher, en plus de les soumettre à une formation entreprise de quatre à six semaines avant de les laisser prendre la route en tractant une citerne de matières dangereuses.

Entre 2016 et 2018, le nombre de postes vacants en TMD a augmenté de 50%, poursuit le rapport. La diversification de la main-d’œuvre est identifiée comme une piste de solution puisque, de l’ensemble des 10 650 chauffeurs TMD du Québec, seuls 3% sont des femmes et 6,1% des travailleurs issus de l’immigration.

Rémunération horaire

Une meilleure rémunération pourrait également attirer davantage de candidats dans ce secteur. « La rémunération des conducteurs de camions du transport demeure significativement inférieure à la moyenne canadienne », écrivent les chercheurs.

Une fois le montant de cette rémunération établi, il serait préférable qu’elle soit versée sur une base horaire, ajoute l’étude, disant qu’elle « favoriserait l’application des règles de santé et sécurité au travail par l’employé ».

À l’inverse, la rémunération forfaitaire serait déconseillée puisqu’elle aurait l’effet pervers d’inciter les employés à précipiter l’exécution de leurs tâches, principalement pendant les phases de chargement et déchargement.

Et ce n’est pas un détail puisque la distraction pendant le déchargement est identifiée dans le diagnostic comme l’un des principaux risques liés à la profession, avec l’utilisation du cellulaire.

La distraction pendant le déchargement est identifiée dans le diagnostic comme l’un des principaux risques liés à la profession. (Photo : iStock)

Formation accrue

Trop d’employeurs en TMD auraient tendance à se contenter du maintien des acquis pour leurs chauffeurs, selon l’étude. En effet, « 75% des entreprises affirment offrir moins de 16 heures de formation continue par année, principalement pour le renouvellement d’accréditions existantes et non pour le développement de nouvelles compétences », peut-on lire dans le document, qui recommande que ces 16 heures de formation par année deviennent obligatoires.

Aussi au rayon des recommandations : qu’une formation continue accrue soit prodiguée sur les deux matières dangereuses les plus couramment transportées : les liquides et gaz inflammables.

Gestion du stress et sécurité

La nature même des matières transportées est une source de stress pour les chauffeurs de TMD. Ils n’ont certainement pas besoin qu’on y a ajoute celui de trouver une place de stationnement où passer la nuit, indiquent les auteurs du diagnostic. Ils recommandent ainsi d’augmenter le nombre de haltes routières et de relais routiers ainsi que le nombre de places de stationnement qui y sont offertes afin d’atténuer cette source de stress.

Bonne nouvelle pour la tranquillité d’esprit justement, il appert que la décision d’exiger l’installation de systèmes de gestion de la stabilité sur les nouvelles citernes, en vigueur depuis le 1er août 2019, « semble être un bon moyen de prévention des accidents (ou des situations à risques) aux yeux de ceux qui l’utilisent ».

Les chercheurs recommandent d’ailleurs d’aller plus loin encore et que toutes les nouvelles citernes mises sur la route au Québec soient équipées de systèmes d’enregistrement de la vitesse, de géolocalisation et de gestion de la stabilité.

Enfin, le diagnostic arrive à la conclusion qu’il serait bénéfique d’adopter la même règle qu’en Ontario, où l’arrêt complet aux passages à niveau n’est pas obligatoire. « L’arrêt complet au passage à niveau semble accroître le risque plutôt que de le réduire dans un contexte de TMD », indique le rapport.

Vous pouvez lire le rapport complet  (63 pages) de DDM/Camo-route en cliquant ici.

Une version abrégée (6 pages) se concentrant sur les faits saillants peut être consultée en cliquant ici.

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