Enjeux et économie pour ouvrir la conférence d’Isaac

Économie et enjeux de l’industrie sont les sujets qui ont été discutés en ouverture de la conférence des utilisateurs 2022 d’Isaac Instruments. Parmi les sujets abordés, l’annonce selon laquelle le Québec ne sera pas prêt pour la mise en application de la réglementation canadienne sur les dispositifs de consignation électronique (DCE), le 1^er janvier prochain, a suscité étonnement et déception.

La rumeur a commencé à émaner il y a deux semaines, laissant entendre que le Québec ne serait pas prêt à appliquer la réglementation sur les DCE, malgré l’assurance qui avait été donnée au congrès de l’Association du camionnage du Québec (ACQ) en avril dernier par François Bonnardel, alors ministre des Transports du Québec.

«Hier soir, j’ai parlé au sous-ministre des Transports et de la Mobilité durable (MTMD). Je lui ai fait part que si un gouvernement n’est pas capable de respecter ce que l’un de ses ministres, du même gouvernement et du même parti, a dit, on a un problème», a indiqué Marc Cadieux, PDG de l’ACQ, qui prenait part au panel.

M. Cadieux a aussi parlé de la réglementation sur les DCE à la nouvelle ministre des Transports et du Développement durable, Geneviève Guilbault. «Évidemment, elle vient d’arriver en poste, mais elle est au courant du dossier», a souligné M. Cadieux, ajoutant qu’il a également eu des échanges sur le sujet avec les Teamsters récemment. «Ils m’ont fait part de leur insatisfaction et leur surprise d’apprendre que la mise en application de la réglementation sur les DCE serait reportée encore une fois, après la déclaration du gouvernement en avril dernier.»

M. Cadieux a laissé entendre que l’ACQ n’accepterait pas un nouveau délai. Le MTMD l’a assuré qu’il travaillait sérieusement sur le dossier.

«Les transporteurs qui ont investi et qui respectent la réglementation depuis des années doivent compétitionner avec ceux qui n’ont pas adopté les DCE», a déploré Jacques De Larochellière, PDG d’Isaac, autre membre du panel.

Récession à l’horizon

En ce qui concerne plus précisément le contexte économique actuel et le camionnage, Marc Blair, directeur général de la Caisse Desjardins des Transports, croit que la chaîne d’approvisionnement continuera à poser des défis importants au cours des prochains mois.

«On sait que la hausse des taux d’intérêt vise à décourager l’investissement et à encourager les particuliers à mettre de l’argent de côté. Pour les entreprises, cela signifie temporairement mettre de côté ses projets d’investissement», analyse M. Blair.

Indirectement, le lointain conflit en Ukraine et l’instabilité géopolitique en Europe ont des répercussions ici dans une certaine mesure. «Nous avons l’impression que cela ne nous touche pas tant que ça, mais évidemment, il y a un effet majeur sur le prix du diesel», indique Marc Blair, ajoutant que nous avons la chance d’avoir les États-Unis comme voisin. «Cela assure une offre de diesel qui fait en sorte que nous ne sommes pas en situation de pénurie.»

La situation en Europe de l’Est est problématique également, du fait que des fournisseurs qui s’y approvisionnaient autrefois cherchent maintenant d’autres endroits où s’approvisionner. Cela va créer une rareté au niveau de l’offre, par exemple en ce qui a trait aux composants de camions dont les prix risquent d’augmenter encore.

Le conseil de Marc Blair aux flottes quant à la hausse des taux d’intérêt : soyez prudents évidemment et, «comme les écureuils à l’automne, faites des provisions, car une année difficile se présente devant nous». En ce qui a trait à la probable récession qui se pointe, le camionnage sera plus ou moins touché selon le secteur. Il y aura sûrement un ralentissement dans les matériaux de construction et dans l’automobile, par exemple, mais le secteur alimentaire sera moins touché. Car récession ou pas, les gens doivent manger.