Optimiser la logistique du transport forestier par la connectivité

Le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec (MEI) a annoncé il y a quelques jours qu’il injecte 29 millions $ afin de soutenir ce qu’il qualifie «d’Offensive de transformation numérique» (OTN), destinée à accompagner les entreprises d’ici dans leur virage numérique.

De cette enveloppe, une subvention 6 678 540 $ est octroyée à FPInnovations pour optimiser les opérations en milieu forestier, par exemple la mise en place de solutions de connectivité ainsi que d’outils et de processus permettant de recueillir et de traiter efficacement les données sur les territoires de récolte.

Le secteur forestier génère des milliards de dollars en retombées chaque année au Québec. (Photo : Clem’s Pictures)

En entrevue à Transport Routier, l’ingénieur Francis Charrette, gestionnaire en transformation numérique chez FPInnovations, explique que le projet s’étalera sur un horizon de trois ans et aura un impact bien réel sur le transport par camion.

Il précise dans un premier temps que les fonds dont il est question dans le programme du MEI serviront davantage à l’amélioration des opérations de la machinerie qui récolte le bois.

Cependant, dit-il : «Il y a des éléments collatéraux qui vont venir contribuer à optimiser le transport. L’un de ceux-là est qu’on va faire beaucoup de transfert de connaissances par rapport à la connectivité en forêt, amener Internet en forêt pour être capable d’échanger plus de données».

Et une fois Internet accessible sur le territoire, aussi éloigné soit-il, il peut fort certainement contribuer à l’efficacité des opérations des entreprises de transport.

La connectivité Internet en forêt permettra de mieux planifier les opérations de transport, avec des données plus précises sur les volumes récoltés, par essence de bois. (Photo : iStock)

Il serait question d’utiliser des satellites à orbite basse de type Starlink, dont on a beaucoup entendu parler récemment dans le cadre de la guerre en Ukraine puisqu’ils ont été utilisés afin que les assiégés aient accès au Web. «Ce genre de technologie est très pertinente en forêt parce qu’elle couvre l’entièreté du territoire», explique M. Charette.

Il ajoute que l’un des objectifs est d’aller chercher de l’information en temps presque réel sur chacun des arbres récoltés et prêts à amener en bordure du chemin forestier où ils seront chargés sur les camions. «Ça va très certainement aider la logistique de transport», ajoute l’ingénieur de FPInnovations.

«En forêt lorsqu’on envoie les camions charger le bois, il faut être certain que le bois est là mais aussi savoir un peu les caractéristiques du bois, comme les essences ou la grosseur [des billots]. Ce sont toutes des informations qui peuvent être utiles à ceux qui font la logistique de transport pour récupérer le bois, le ramener aux usines et répartir les envois aux différentes usines parce que certaines sont plus performantes avec tel type de bois plutôt qu’un autre», indique M. Charrette.

Ce serait un net progrès par rapport aux estimations humaines actuelles, où un superviseur de chantier examine une portion de récolte et détermine qu’un nombre «x» de voyages de camions seront nécessaires pour la déplacer.

«Là, on va aller chercher un niveau de précision qui va aller beaucoup plus loin. On va pouvoir dire exactement, par exemple : “454 mètres cubes, divisés en tel pourcentage d’épinette, tel pourcentage de pin gris, tant de 8 pieds, tant de 16 pieds.” Ça va être des données pas mal plus précises», conclut M. Charette.

Un rapport du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) déposé en 2021 indique que le secteur forestier a entraîné au Québec des retombées économiques annuelles estimées à plus de 9,6 milliards $ en 2018.

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