Ottawa veut tirer des leçons du conflit portuaire de la côte ouest – Le recours aux « scabs » enflamme les discussions

Voilà, c’est fait : les débardeurs des ports de Colombie-Britannique ont accepté de signer l’entente avec leur employeur afin de renouveler leur convention collective, mettant ainsi fin à une grève qui a lourdement touché l’économie du pays.

Au gouvernement fédéral, le ministre du Travail, Seamus O’Regan, et celui des Transports, Pablo Rodriguez, ont publié samedi une déclaration commune dans laquelle ils expriment leur soulagement quant à la fin du conflit.

Débardeur sur un quai près d’un navire au port de Québec
Pas de règlement encore pour les débardeurs du port de Québec, en lock-out depuis plus de 10 mois. (Photo : Port de Québec)

« Ce sont de bonnes nouvelles pour l’employeur, le syndicat et les innombrables travailleurs et entreprises à l’échelle du Canada qui dépendent de nos ports en Colombie-Britannique », peut-on lire dans cette déclaration.

Du même souffle, MM. O’Regan et Rodriguez disent avoir constaté à quel point cet épisode a fragilisé la chaîne d’approvisionnement du pays ainsi que sa réputation sur la scène internationale.

« Nous ne voulons plus jamais que ça se reproduise », disent-ils.

Des fonctionnaires fédéraux ont été chargés d’analyser comment s’est déroulée cette perturbation à grande échelle afin d’assurer une plus grande stabilité à l’avenir.

Rappelons que les débardeurs du port de Québec sont en lock-out depuis plus de 10 mois et que la convention collective de leurs collègues de Montréal arrive à échéance le 31 décembre prochain.

Les événements de Colombie-Britannique pourraient ainsi inspirer de nouvelles façons de faire en cas de mésentente patronat-syndicat, ici même au Québec.

Travailleurs de remplacement

Le gouvernement du Canada veut interdire le recours aux travailleurs de remplacement – aussi appelés « scabs » – en cas de grève ou de lock-out au sein d’une entreprise sous réglementation fédérale.

« Pour veiller à ce que tous les travailleurs des secteurs sous réglementation fédérale continuent de bénéficier d’un droit valable de grève, le gouvernement s’est engagé à déposer un projet de loi d’ici la fin de 2023 pour interdire le recours à des travailleurs de remplacement lorsqu’un employeur syndiqué d’une industrie sous réglementation fédérale a mis ses employés en lock-out ou est en grève », indique Emploi et Développement social Canada (EDSC) sur son site Web.

Cela ne fait pas du tout l’affaire de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

« Il faut de toute urgence revoir notre législation sur le travail pour protéger l’ensemble de l’économie et la réputation du Canada sur la scène internationale en cas de grève et de lock-out dans les secteurs essentiels. Le gouvernement devrait considérer les ports comme un service essentiel afin qu’ils restent entièrement opérationnels pendant les négociations », plaide Christina Santini, directrice des Affaires nationales à la FCEI.

« Il devrait également revenir sur sa promesse d’interdire les travailleurs de remplacement, puisque cela viendrait compromettre l’équilibre des lois du travail en faveur des syndicats », ajoute-t-elle.

Pour le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) qui représente les débardeurs en lock-out du port de Québec, le recours à des travailleurs de remplacement dans les ports est carrément un danger pour la sécurité.

« Lorsque les débardeurs sont au travail, les standards de sécurité sont beaucoup plus élevés », affirme le SCFP par voie de communiqué.

« Mais actuellement, au nom du rapport de force de l’employeur dans le conflit de travail, la sécurité est relâchée. L’ensemble de la population est soumise, depuis près de 11 mois, à des risques accrus à la sécurité portuaire et à l’environnement. C’est irresponsable et immoral », s’indigne la conseillère syndicale Nina Laflamme.

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