Pénurie de carburant : le manque de chauffeurs n’explique pas tout
Une tempête parfaite, combinant la période des vacances estivales, les restrictions de voyages et la pénurie de chauffeurs, expliquerait les problèmes d’approvisionnement en carburant que connaissent certaines régions du Québec présentement, notamment la Mauricie et le Centre-du-Québec.
L’industrie du camionnage a été pointée du doigt pour justifier cette situation. Or, plusieurs facteurs sont en cause et les bris de service dans certaines régions touchent toutes la chaîne logistique, indique l’Association du camionnage du Québec (ACQ). La situation s’expliquerait notamment par une recrudescence de la demande en essence à l’occasion des semaines de vacances de la construction.
«Certes, l’industrie manque de chauffeurs, mais ça n’explique pas tout!», affirme Marc Cadieux, président-directeur général de l’ACQ, soulignant que la problématique des derniers jours doit être nuancée.
«Actuellement, les effectifs sont au maximum sur la route, et même si l’industrie n’était pas touchée par une pénurie, tous les camions disponibles sont sur la route», a indiqué M. Cadieux par communiqué.
«Les carnets de commandes pour les nouvelles acquisitions prévoient des délais allant à 2022 et pour ce qui est des achats de pièces, cela représente des mois. Les problèmes de logistique et de planification d’approvisionnement ont également un rôle à jouer dans cette pénurie. Les pétrolières ont vu leurs ventes facilement doubler depuis trois semaines. Cette soudaine hausse de la demande, que personne n’avait pu prévoir, affecte autant les pétrolières que les autres industries prises de court par les comportements parfois imprévisibles des consommateurs pendant cette pandémie.»
Lorsque nous l’avons rejoint en début d’après-midi, Benoit Therrien, producteur et animateur à Truckstop Québec, partait de la halte routière de la sortie 228 de l’autoroute 20, dans le Centre-du-Québec. «C’est un site où il y a beaucoup de demande, mais il ne semblait pas en pénurie de carburant», nous a-t-il dit.
«La pénurie au départ, c’est que tout le monde prend ses vacances au Québec. Il y a de plus en plus de motorisés sur la route. Essayez d’acheter une embarcation de plaisance. La demande est énorme», constate-t-il.
C’est aussi les vacances de la construction, période durant laquelle de nombreux camionneurs prennent congé également.
«Cette pénurie a commencé au Lac-Saint-Jean. Elle est maintenant arrivée ici, et elle va probablement se déplacer ailleurs», présume Benoit Therrien.
«C’est sûr que nous avons du mal à trouver des chauffeurs. Mais ce qui est arrivé durant la pandémie, c’est que le volume (de carburant à transporter) a baissé de près de 50 %. On n’a pas réembauché, mais quand les choses sont reparties, le manque de main-d’œuvre s’est fait sentir», nous a confié Jacques Auger, président et fondateur de Transport Jacques Auger, un important transporteur de produits pétroliers de la province.
Il y a eu aussi des mouvements dans les contrats de livraison de carburant au cours des derniers mois. Les entreprises qui ont décroché des gros contrats ne disposaient pas nécessairement de la main-d’œuvre nécessaire pour suffire à la tâche.
L’été va être difficile, prévoit Jacques Auger. «Les gens sortent, ils vont visiter leur famille après un an de confinement. Et remarquez le nombre de véhicules récréatifs motorisés et de bateaux de pêche sur la route.»
Présentement, ce ne sont pas les camions qui manquent pour assurer les livraisons.
«Nous avons des camions dans la cour. Mais le volume a augmenté de 15 %, alors que 10 % de nos chauffeurs sont en vacances. Le calcul est facile à faire. En septembre, les choses vont être de retour à la normale», prévoit M. Auger.
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