Portrait économique: optimisme prudent chez les locateurs

Les entreprises de location sont de bons baromètres de l’état de l’industrie. Depuis le début de la pandémie de la COVID-19, elles ont dû composer avec des phénomènes imprévisibles, subir les mêmes pertes ou profiter des mêmes hausses que leurs clients, et saisir les occasions là où elles se présentaient.

Durant le confinement, l’absence de trafic sur les routes a eu pour effet de rendre la chaîne logistique plus efficace, faisant en sorte que, même si les volumes ont explosé dans des segments de la distribution alimentaire, les joueurs dans ce secteur n’ont pas eu à aller chercher de capacité additionnelle chez les locateurs.

«On traversait la ville en quelques minutes, cela a eu tout un impact sur la logistique », explique Jérôme Léonard, vice-président directeur général de Location Brossard. «La fluidité sur la route a permis de gagner en efficacité opérationnelle. On pouvait remplir les remorques davantage parce qu’on pouvait faire plus de livraisons dans le même laps de temps.»

On traversait la ville en quelques minutes, cela a eu tout un impact sur la logistique.

Les entreprises de location ont vu la demande baisser de 30 à 50 pour cent selon les secteurs. «Plusieurs secteurs ont été fermés en même temps. Nous avons constaté une baisse de 30 pour cent de notre côté», indique M. Léonard. «Des clients de location à long terme ont été très affectés. Certains n’avaient pratiquement plus de volumes. Il va sans dire que personne n’avait besoin de véhicules additionnels en location à court terme.»

Normalement, au printemps, Location Brossard loue beaucoup de remorques frigorifiques à l’industrie de la pêche des Maritimes. La fermeture des restaurants a eu pour effet d’étouffer ce marché. «Ils n’en avaient pas besoin parce que la pêche était arrêtée. Le marché était à plat. Pour les distributeurs alimentaires qui font de la restauration, c’est dramatique», constate M. Léonard.

Cependant, les périodes de crise apportent aussi leurs opportunités.

«Dans une situation économique comme celle que nous vivons, notre clientèle a besoin de conserver ses liquidités», poursuit M. Léonard. «Si on est propriétaire de ses véhicules et que certains nécessitent des grosses réparations, il est normal qu’il se demande s’il doit mettre une grosse somme en réparation ou aller en location pour un an, option qui lui permet de savoir exactement combien le véhicule va coûter par mois et de garder ses liquidités.»

Location de camions Eureka fait surtout affaires avec des entreprises de distribution. Son président, Paul-André Laguë, a vu un ralentissement, mais pas très marqué, parce que ses clients œuvrent principalement dans les services essentiels.

La compagnie a loué quelques camions aux grands distributeurs alimentaires à la recherche de capacité en début de pandémie, mais cela a été rapidement limité par la difficulté à trouver des chauffeurs. Sinon, M. Laguë dit que ses clients réguliers n’ont pas eu besoin de capacité additionnelle.

Ceux qui distribuent aux écoles, aux CPE ou aux restaurants ont vu leurs activités complètement arrêtées.

Les répercussions ont varié selon le type de distribution que les clients effectuent, allant de presque aucun changement à une baisse marquée. «Les distributeurs alimentaires qui desservent les CHSLD ou les hôpitaux n’ont vu aucun changement. Mais ceux qui distribuent aux écoles, aux CPE ou aux restaurants ont vu leurs activités complètement arrêtées», de dire M. Lagüe.

Mais les choses reviennent graduellement à la normale.

«Ceux qui avaient mis des camions au rancart commencent à les remettre sur la route», constate Paul-André Laguë. «On a vu un léger redémarrage en mai, et c’est encore un peu mieux en juin. Actuellement, nous sommes optimistes, peut-être trop, nous ne savons pas!»

Jérôme Léonard voit aussi une certaine reprise en ce moment. «Tout ce qui est rénovation, matériaux de construction, c’est bon présentement. L’alimentaire reprend aussi. Ça a été extrêmement difficile pour ces entreprises mais, heureusement, ça reprend lentement. On ne peut pas dire que c’est bon, mais c’est un peu mieux.»

Les locations à court terme sont normalement utilisées pour réaliser des contrats très spécifiques. «Dès la fin du contrat, les locations à court terme reviennent dans la cour», explique M. Léonard.
Mais si l’économie se redresse, les clients pourraient vouloir prolonger un peu plus leurs locations à court terme, juste pour voir comment le marché évoluera.

«Les flottes voudront-elles faire des mises de fonds sur des camions neufs? En temps de crise, les entreprises ont tendance à vouloir conserver leurs liquidités», conclut Jérôme Léonard.

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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