Pour Nikola, les camions à hydrogène sont à un «point de basculement»

Le Consumer Electronic Show annuel est une vitrine gigantesque pour les plus grandes nouveautés technologiques. Mais cette année, les produits ne se limitaient pas à l’écran de télévision transparent de LG. Un camion de classe 8 a profité de son temps sous les feux de la rampe pour déambuler dans les alentours du Las Vegas Convention Center.

Le Nikola Tre de classe 8 a offert une démonstration concrète des piles à combustible à hydrogène. Et Nikola n’était pas la seule entreprise à susciter des espoirs en matière d’hydrogène. Paccar est revenu au salon avec son Kenworth T680 alimenté par des piles à combustible Toyota. Hyundai, quant à lui, a dévoilé une nouvelle marque, HTWO, pour ses activités dans le domaine des piles à hydrogène.

«Je n’ai pas vu autant d’activité autour de l’hydrogène depuis longtemps», a déclaré Steve Girsky, PDG de Nikola. «La technologie est à un point de basculement.»

Nikola a déjà vendu en gros 35 de ses camions à cabines avancée électriques à pile à combustible et en a même livré quelques-unes au Canada, en faisant de la société ITD, de Toronto, son premier concessionnaire de ce côté-ci de la frontière.

Joseph Cappello, président de Nikola Energy, estime que les stations de ravitaillement modulaires ouvriront la voie à des installations plus permanentes. (Photo : John G. Smith)

Le Canada est un pays favorable à l’hydrogène

«Le gouvernement canadien semble très favorable à l’hydrogène», a ajouté M. Girsky, faisant référence au fait que l’hydrogène est considéré comme une option carboneutre, ainsi qu’aux vastes gisements de gaz naturel qui peuvent être utilisés pour produire le carburant.

Lorsque le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi de 2,3 millions $ à l’Alberta Zero-Emissions Truck Electrification Collaboration (AZETEC) en 2021, le ministre des Ressources naturelles, Seamus O’Regan Jr., a proclamé que «le moment de l’hydrogène était venu, et le Canada allait ouvrir la voie». Depuis, la Colombie-Britannique a investi 16,5 millions $ dans un programme pilote qui explorera l’utilisation de l’hydrogène comme carburant pour les camions commerciaux.

Tout en éliminant les émissions de gaz d’échappement et en n’émettant que de l’eau, les camions à pile à combustible à hydrogène promettent également de mouvoir des poids plus lourds sur de plus longues distances que les modèles électriques à batterie. Un Nikola Tre fonctionnant à l’hydrogène peut parcourir environ 800 km, comparativement à 475 km pour son homologue à batterie.

«Nous serons les premiers», s’est exclamé M. Girsky à propos de la course aux utilisateurs de piles à combustible à hydrogène. «Et nous allons garder le pied sur la pédale.»

Mise en place d’une infrastructure de ravitaillement en hydrogène

La course ne se limite pas à la construction de camions, bien entendu. L’infrastructure de ravitaillement en carburant sera tout aussi importante. Pour cela, Nikola se prépare à déployer ses propres stations de ravitaillement modulaires sous la marque Hyla.

«Nous allons utiliser les stations modulaires comme une méthode pour développer la demande dans certaines régions, agréger cette demande jusqu’à un niveau où l’investissement dans une station lourde est beaucoup moins risqué», a indiqué Joseph Cappello, président de Nikola Energy.

Une fois qu’une station modulaire dessert 100 à 150 camions, les exploitants de relais routiers devraient se montrer plus enclins à investir les 10 à 20 millions $ nécessaires à la construction d’une installation permanente.

«La station permanente sera beaucoup plus efficace. L’expérience des clients sera plus proche de celle à laquelle ils sont habitués», a souligné M. Cappello. «Notre travail consiste à faire en sorte que les choses se fassent le plus rapidement possible.»

Hyla et FirstElement Fuel se sont associés pour créer une station de ravitaillement au port d’Oakland, qui accueillera au moins 100 camions dans un premier temps. Une station située à Ontario, en Californie, devrait quant à elle accueillir 50 véhicules par jour.

«Nous avons en vue une demi-douzaine de sites supplémentaires à mettre en place dans les mois à venir», a ajouté M. Cappello.

L’hydrogène gris et vert

Une grande partie de l’hydrogène fourni aux premières stations sera «grise» plutôt que «verte», produite à l’aide d’options telles que l’énergie solaire ou éolienne. Mais l’offre d’hydrogène gris évoluera progressivement vers des options «bleues» une fois que les fournisseurs auront intégré le captage et le stockage du carbone dans leurs processus de production, a-t-il ajouté.

M. Cappello considère également le Canada comme un marché particulièrement viable en raison de son approche en matière d’émissions.

«J’ai l’impression que l’environnement réglementaire canadien est un peu plus pragmatique en ce qui concerne le rythme auquel les choses peuvent réellement se faire», a-t-il expliqué. «Je dirais que le marché canadien peut probablement se développer plus rapidement que dans un certain nombre de marchés aux États-Unis.»

Mais des marchés américains comme la Californie, le nord-ouest du Pacifique, l’Arizona et le Texas évoluent de leur propre chef, en s’appuyant sur la promesse fédérale d’établir sept centres d’hydrogène dans le pays, en augmentant la densité des projets au cours de la prochaine décennie.

«Le transport jouera un rôle important pour relier les plaques tournantes», a-t-il lancé. Avec le temps, cela évoluera vers des pipelines, mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. «Il s’agira d’une histoire de longue haleine.»

Bosch fournit les piles à hydrogène du Nikola Tre, en démonstration au CES de Las Vegas. (Photo : John G. Smith)

Les stations modulaires sont censées contribuer à la décarbonisation des flottes dans des délais beaucoup plus courts, et elles prendront même en charge les équipements des constructeurs de camions concurrents.

«Nous considérons cela comme une communauté de l’hydrogène», a expliqué M. Cappello. Des entreprises telles que Daimler et Volvo, qui travaillent ensemble sur les piles à combustible dans le cadre de la coentreprise Cellcentric, vont indéniablement rechercher certains des mêmes acheteurs de camions. Mais la marque Hyla est créée pour les servir tous.

«Il s’agit de rendre l’écosystème durable, de le lancer, de le rendre performant, et il y a beaucoup de collaboration au niveau de l’infrastructure», a-t-il déclaré.

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