Prévention: apprendre sur le tas n’est pas une bonne idée

Chronique

En milieu de travail, il n’est pas rare d’entendre un employé répéter : « Moi, j’ai appris sur le tas pis, je ne suis pas mort ».

Maintenant, je vous pose cette question : combien de fois avez-vous entendu des commentaires comme celui-ci ? Ou peut-être auriez-vous plutôt entendu quelque chose qui s’apparentait à ça : « C’est sûr qu’il finirait par y avoir un mort. C’était évident ».  Ou même ça : « Y avait pas de formations. Fallait apprendre sur le tas ».  

Vous serez d’accord avec moi que dans certaines situations de la vie, que ce soit au travail et même à la maison, nous ne pouvons pas nous permettre « d’apprendre sur le tas ». C’est évidemment risqué. Les chances d’éviter un accident ou des blessures sont bien plus minces.

Une leçon mal apprise

Apprendre sur le tas peut être à la source ou la cause de blessures graves, voire mortelles, ou de dommages matériels importants. Apprendre sur le tas est de nature «réactive». C’est comme s’il fallait absolument un incident ou un accident pour enfin retenir la leçon à prendre avec sérieux. En matière de santé-sécurité du travail, nous ne pouvons pas nous permettre d’apprendre sur le tas, ni même que quelqu’un nous fasse la leçon sur le tas pour apprendre tous les rudiments de notre métier ou profession. Ce type de leçons apprises chaque jour sur le tas par les travailleuses et les travailleurs qui se blessent malgré tout, n’est pas une méthode d’apprentissage valable ni sans faille.

Ça arrive juste aux autres

Nous entendons souvent rapportées par les médias, par des amis ou encore par des inconnus en discussion dans une file d’attente quelconque, des histoires d’horreur concernant des travailleuses ou travailleurs qui subissent de graves blessures ou même qui y succombent.

Trop souvent, ces histoires d’horreur ne semblent pas être retenues en exemple alors qu’elles le devraient. Peut-être parce qu’elles ne nous sont pas arrivées. Peut-être parce que nous ne connaissons aucun collègue ou personne proche à qui ce soit arrivé.

Ce n’est pas parce que l’accident s’est produit loin de nous ou notre milieu de travail que ça n’a aucune chance de se produire. Au contraire, les employés doivent prendre en compte tous les incidents et accidents causant des blessures, même s’ils sont survenus dans d’autres entreprises que la leur pour devenir « proactifs » et éviter ces mêmes scénarios désolants.

La prévention doit être proactive pour être efficace

Pour assurer la sécurité des travailleuses et travailleurs, il faut être proactif. D’ailleurs, de nombreuses règles et politiques de sécurité ont été créées à la suite d’un incident causant une blessure grave, voire un décès dans un contexte de nature réactive.

Pour éviter que ça ne se reproduise, les leçons apprises devraient être transformées en mesures proactives et mises en action corrective. Chaque réunion du comité santé-sécurité, de capsule de sécurité, de formation et de temps passé à mettre en œuvre un plan de prévention sont des mesures qui mènent à être proactif lorsqu’il s’agit d’aborder la sécurité. Un employeur et un employé proactifs n’ont pas le profil de quelqu’un qui apprend sur le tas lorsqu’ils prennent leur sécurité et celle des autres en main.

Se responsabiliser face à cette pratique

Lorsque vous verrez quelqu’un autour de vous faire quelque chose de dangereux et qu’il met par la même occasion les autres en danger, avant de le juger, posez-vous ces questions : «A-t-il reçu une formation adéquate» ? «Connait-il les risques associés à ses manœuvres» ? Si vous pensez que non, vous l’aurez compris, il est probable que ce soit un autre qui ait appris sur le tas.

En matière de santé-sécurité du travail, il est de la responsabilité de l’employeur tout comme l’employé de travailler en toute sécurité. Permettre à quelqu’un «d’apprendre sur le tas » ne devrait jamais faire partie du programme d’intégration.