Quelle place pour le gaz naturel dans le camionnage? Le point de vue de Richard Prévost

Avatar photo

Le gaz naturel renouvelable comprimé (GNC) comme carburant alternatif pour les camions était en vedette lors du plus récent séminaire du Comité technique du camionnage du Québec. Richard Prévost, représentant du gaz naturel comprimé pour EBI Énergie, a fait le tour de la question.

«Ce n’est pas une technologie de l’espace. Le GNC, il n’y a rien de plus basique que ça. Un camion au diesel, c’est bien plus compliqué», a déclaré M. Prévost d’entrée de jeu.

Richard Prévost (Photo : David Simard-Jean)

Le GNC possède de nombreuses particularités qui le différencient des autres types d’énergies. La principale étant que le gaz se promène dans un réseau souterrain à travers tout le continent, ce qui rend son entreposage et son transport plus performants.

«Le gaz est un combustible étrange, mais efficace : on n’a pas besoin de stocker ou de transporter le produit. Avec la facturation virtuelle, on n’a pas besoin de livrer la molécule que l’on a produite», d’expliquer M. Prévost.

Il s’agit aussi d’un carburant plus polyvalent que le propane, car ce dernier n’est efficace qu’avec les petits camions et possède le désavantage de toujours être transporté, alors que le gaz profite d’un réseau entier dans le sol, avance M. Prévost.

Ravitaillement disponible

Un camion ne peut pas rouler s’il n’est pas ravitaillé. Si plusieurs énergies renouvelables font face à des enjeux en raison du manque d’infrastructures de ravitaillement, le GNC a l’avantage de compter sur une structure de ravitaillement développée.

«Pour ceux qui pensent qu’il n’y a pas beaucoup de stations de ravitaillement, sur la planète il y en a 24 000. C’est quand même pas mal», a indiqué Richard Prévost.

Si la grande majorité des stations publiques sont réparties en Chine, en Inde et en Europe, on peut en trouver 736 aux États-Unis et 34 au Canada, dont neuf au Québec. Il y a quatre détaillants : EBI, GAIN, Sani-Estrie, Énergie Tergasa. Les stations d’EBI sont situées à Montréal-Est, Joliette, Berthierville, Trois-Rivières et Lévis, alors que les autres détaillants se sont installé au Saguenay, à Sherbrooke, à Lanoraie et à Coteau-du-Lac.

Les transporteurs qui n’ont pas accès à une zone de ravitaillement peuvent faire appel à des camions qui amène le GNC dans des réservoirs jusqu’à leurs clients. Ce service s’appelle le gaz porté.

«Pourquoi un consommateur utiliserait du gaz porté?, a demandé le représentant d’EBI Énergie. Parce qu’il n’est pas dans le réseau. Tu as des opérations que tu ne peux pas déplacer et tu veux faire la transition du diesel vers le gaz comprimé, mais le gaz ne se rend pas à toi. Tu vas donc te le faire livrer.»

Un ravitaillement simple

Richard Prévost explique que le ravitaillement au gaz naturel est avantageux sur plusieurs points. Il existe notamment un point de remplissage unique, peu importe le nombre de réservoirs, la nature du carburant évite les risques de déversement au sol et la fin du remplissage est entièrement gérée par la station.

La pompe pour le gaz naturel est différente de celle pour le diesel, mais savoir comment s’en servir ne prend que quelques secondes.

Le gaz naturel a aussi l’avantage d’être un peu moins cher que le diesel. «Aux 100 km, le gaz naturel pourrait coûter entre 25% et 40% moins cher que le diesel, dépendamment du volume du camion et de si on utilise du gaz fossile ou du renouvelable.», a souligné Richard Prévost.

Un carburant sécuritaire

M. Prévost a aussi mis de l’avant l’aspect sécuritaire du GNC. En effet, chaque camion fonctionnant au gaz naturel est certifié et encadré par des organisations comme CSA Group, l’American National Standards Institute et la National Highway Traffic Safety Administration. Les normes qui entourent la fabrication, l’installation et l’inspection des réservoirs sont strictes et bien encadrées.

Le gaz naturel résiste à des impacts comme des chocs latéraux de 70 km/h, à un fusil d’assaut de 7 mm ou à une chute de 40 pieds. Il est aussi résistant à l’auto-inflammation jusqu’à 595 degrés Celsius, à la chaleur et à des pressions de près de 10 000 psi. Les camions peuvent aussi être équipés d’un détecteur de méthane dans la cabine en cas de fuite.

Les camions au gaz naturel possèdent aussi des réservoirs de type 4 constitués de composites et de fibres de carbone et ont une durée de vie de 15 à 20 ans.

Plus de camions

Pour le moment, le nombre de camions au gaz naturel reste de loin inférieur à celui des camions diesel. Ce n’est pas un problème pour Richard Prévost.

«Le nombre de camions au gaz naturel va augmenter, surtout grâce au nouveau moteur de 15 litres de Cummins qui va nous donner accès à beaucoup plus de marchés», explique-t-il.

«On va avoir un moteur qui sera plus polyvalent. En ce moment, il y a peut-être 700 à 750 camions GNC au Québec. On ne les voit pas, parce qu’ils peuvent passer pour des camions au diesel. Je pense que l’on devrait voir la quantité multipliée dans les prochaines années.»

Donnez votre avis

Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.

*