Qui doit avoir peur des DCE?

Après plusieurs années d’incertitude, le Règlement modifiant les heures de conduite et de repos des conducteurs de véhicules lourds sera officiellement mis en service au Québec le 30 avril prochain. Un règlement qui vient s’harmoniser avec les législations des autres provinces canadiennes et des États américains.

Photo: Archives Transport routier

Pour l’industrie du transport par camion, cela implique que les camions lourds devront obligatoirement être équipés d’un dispositif de consignation électronique (DCE). Outre une très courte période de grâce de trois semaines (maximum) qui pourrait être accordée par la SAAQ (Société de l’assurance automobile du Québec), laquelle vient avec des contraintes serrées, il sera obligatoire de consigner les heures dans un rapport d’activités à l’aide d’un DCE.

Pour les transporteurs qui ont déjà adopté les DCE, ces reports successifs du règlement ont pu leur poser certains préjudices financiers. Mais si on laisse de côté cette concurrence déloyale qui profite, pour le moment, à ceux qui sont tentés de contourner les règles en trafiquant leur log book papier, les transporteurs qui ont déjà fait installer les DCE peuvent déjà en tirer plusieurs avantages quantitatifs et qualitatifs.

Pour eux, mais aussi pour leurs employés.

Un ami qui vous veut du bien

Que ce soit les erreurs factuelles lors de l’arrêt à la pesée, le temps consacré à remplir le log book papier, les conflits entre les chauffeurs et les répartiteurs pour des livraisons toujours plus pressantes, l’impossibilité, pour l’entreprise, de savoir exactement où sont ses camions, les amendes salées pour non-conformité, le traitement manuel du papier ramené au bureau, l’absence de données sur le comportement du camion et des routiers sont autant d’irritants qu’un DCE conforme règle ou contribue à atténuer certains effets humains, techniques et financiers négatifs.

Pour le chauffeur, le DCE gère spécifiquement ses heures de repos, de conduite et de travail. Peu importe dans quelle juridiction il se trouve, tout est en règle s’il se fait arrêter par un contrôleur routier. « Du stress en moins, donc, car son appareil va l’avertir s’il s’apprête à enfreindre une règle », précise Chris Stepto de Berry and Smith Trucking.

Réduire les risques… et les coûts

En cas d’accident majeur, le chauffeur et son transporteur pourraient être dans de sales draps si les heures de conduite inscrites dans le log book manuel n’ont pas été légalement respectées.

Avec un DCE, ce risque est éliminé.

Cette « boîte noire » est aussi le meilleur ami du chauffeur, car il n’aura plus l’obligation de conduire sur de trop longues périodes qui mettent sa santé et sa sécurité en péril. Dans ces conditions, les problèmes associés au stress et à la fatigue sont considérablement réduits.

Une des qualités importantes du DCE est de mieux protéger la santé et la sécurité des chauffeur.e.s. Photo: Istock.

En plus de stocker et d’organiser les données de façon ordonnée et claire, le DCE peut aussi devenir, chez un fournisseur qui offre l’option, un outil de perfectionnement pour les chauffeurs. En enregistrant certains paramètres spécifiques de sa conduite – accélérations, manoeuvres et freinages brusques, etc. – le transporteur peut offrir des formations ciblées… et des bonus à la performance.

Faciliter la gestion

Cette gestion numérique des données d’un DCE, qui peut aller au-delà des heures de repos et de conduite, a aussi un effet structurant dans les bureaux des transporteurs. Au lieu de devoir se farcir des centaines de fiches à chaque semaine, les employé.e.s de bureau n’ont qu’à traiter, en temps réel, un rare signal qui indique un problème de non-conformité.

Pour la répartition, cette forme de gestion permet également de mieux arrimer les cargaisons avec les heures de conduite et de repos des chauffeurs. Le client, lui, peut savoir où est sa cargaison en temps réel. Soit en contactant le transporteur, soit en ayant une connection numérique directe avec lui. Les données récoltées par le transporteur, en cas de conflit avec le destinataire ou son client, peuvent rapidement justifier les raisons d’un retard dans la livraison.

Avec toutes ces avancées technologiques dans la gestion des données, quel chauffeur professionnel peut vraiment refuser l’aide d’un DCE pour se protéger, faciliter son travail, se sentir plus en sécurité sur la route, réduire le stress, la fatigue, la gestion de ses heures et les risques de se faire pincer par les autorités publiques? Il y a bien quelques irritants, notamment l’obligation de s’arrêter à quelques centaines de kilomètres (ou moins) de la maison parce que les heures de conduite sont épuisées, mais les avantages, finalement, sont largement supérieurs en qualité et en quantité.

Avec le GPS, la télématique et la télémétrie, le DCE vient ajouter aux outils de gestion qui facilitent les opérations d’un transporteur.

Rédacteur professionnel depuis plus de 15 ans, Christian possède une expérience considérable à titre de journaliste spécialisé en transport, notamment à titre de directeur de la rédaction de L'Écho du transport, magazine aujourd'hui disparu, et de Transport durable magazine.

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  • Conduire un camion à travers l’Amérique du Nord avec un DCE, c’est ce que je faisais en 2002. L’entreprise pour laquelle je travaillais était avant-gardiste. Comme tout changement, il faut s’adapter pour ne pas être dépassé.