Recruter en période de pandémie – L’expérience de Transport Hervé Lemieux

Chaque jour semble amener son lot de mauvaises nouvelles, dont de nombreuses mises à pied. Pourtant, l’abondance de gens sans emploi ne rend pas plus facile le recrutement de nouveaux chauffeurs pour autant. La pandémie de COVID-19 et les mesures prises pour la combattre ont en effet généré de nouveaux défis de recrutement.

Comme de nombreuses autres entreprises de camionnage, Transport Hervé Lemieux a dû procéder à des mises à pied temporaires lorsque l’orage COVID a éclaté et que l’économie s’est détraquée, explique son président, Guy Lemieux.

Toutefois, l’embellie n’a pas tardé à se pointer le bout du nez puisque deux grands secteurs d’activité desservis par le transporteur – l’alimentation ainsi que la quincaillerie et matériaux de construction – ont été désignés services essentiels et ont vu leur volume d’affaire demeurer stable, sinon augmenter dans le cas des marchés d’alimentation alors que plus de ménages cuisinent à la maison en temps de confinement et de fermeture quasi-totale des restaurants.

« Avec les clients qu’on a, ça fonctionne bien », résume M. Lemieux.

Tant et si bien que, depuis environ une semaine, Transport Hervé Lemieux diffuse à la télévision et sur diverses plateformes Web une capsule vidéo visant à recruter de nouveaux chauffeurs. Plutôt habile, la vidéo met en scène des camions très récents et de marques différentes pour plaire au plus grand nombre.  On y voit des hommes et des femmes de toutes les tranches d’âge et d’origines ethniques diverses.

Les femmes et autres groupes sous-représentés dans l’industrie du camionnage prennent leur place dans l’initiative de recrutement de Transport Hervé Lemieux.

La campagne de recrutement s’est avérée nécessaire parce que ce ne sont pas nécessairement tous les chauffeurs mis à pied qui ont accepté de reprendre du service avec la relance des affaires.

« Il n’y a pas de raison unique, il y en a plusieurs », dit M. Lemieux au sujet des motifs pour lesquels certains chauffeurs licenciés temporairement choisissent – ou dans certains cas n’ont pas le choix – de demeurer à la maison.

Pour certains, c’est qu’ils n’ont pas les qualifications requises pour conduire le chariot élévateur arrimé aux remorques utilisées pour les livraisons de matériaux de construction ou ne désirent simplement pas être affectés à un type de transport avec lequel ils ne sont pas familiers. « Le gars qui conduit du frigorifique, il ne conduit pas nécessairement des plateformes », explique M. Lemieux.

Les chariots élévateurs de livraison exigent du doigté.

D’autres sont plus âgés ou ont des conditions de santé qui les rendent plus craintifs face aux risques d’infection et préfèrent rester chez eux. Il y a aussi les réalités familiales qui ont changé avec la fermeture des services de garde, faisant en sorte qu’au moins l’un des conjoints doit demeurer à la maison et prendre soin des enfants. La réouverture graduelle des écoles pourrait changer la donne mais il est encore beaucoup trop tôt pour compter là-dessus.

Le transporteur a choisi de faire contre mauvaise fortune bon cœur. « On a plusieurs bons candidats, on reçoit des CV tous les jours. C’est encourageant », dit M. Lemieux au sujet de ceux et celles qui répondent à l’initiative de recrutement.

Et même si la cote d’amour du grand public à l’égard du camionnage a grimpé de façon spectaculaire au cours des dernières semaines, la plupart des candidats proviennent de l’industrie du transport. « Un plombier qui voudrait devenir camionneur, je pense que c’est encore un peu tôt », déclare M. Lemieux. Il estime néanmoins que le bassin de main-d’œuvre démontrant un intérêt pour le camionnage pourrait s’élargir si le travail continue à manquer au sein de plusieurs autres professions.

D’autant plus que l’entreprise a retrouvé ses repères après une période de flottement. « Aujourd’hui ça va bien, parce qu’on a trouvé la routine dans le chaos. Les gars se sont habitués. Ils nettoient leur volant, on fait attention pour garder nos distances, etc. », indique M. Lemieux, selon qui l’inquiétude s’est atténuée avec cette routine de la « nouvelle normalité ».

La désinfection des cabines fait partie de la « nouvelle normalité ».

En discutant avec ses chauffeurs, il dit constater que plusieurs ont le même type de sentiments mitigés face à la situation générée par la COVID-19. « On s’ennuie de la famille, des enfants et des petits-enfants, mais en même temps on est contents de travailler », dit-il. « En février, j’aurais parlé avec ces gens-là et peut-être qu’ils ne m’auraient pas dit “je suis content de travailler”. »

M. Lemieux partage leur enthousiasme et tient à rendre hommage à ses employés – actuels et à venir grâce à la campagne de recrutement – ainsi qu’à l’ensemble de l’industrie du camionnage qui, dit-il, fait un travail extraordinaire en des circonstances tout aussi extraordinaires.

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