Route 138 : La Basse-Côte-Nord exige l’implication du fédéral

Elle s’appelle rue Sherbrooke à Montréal et boulevard Wilfrid-Hamel à Québec, mais la route 138 fait toujours cruellement défaut aux citoyens et entreprises de la Basse-Côte-Nord. Une délégation d’intervenants de la région, menée par la députée bloquiste de la circonscription de Manicouagan, Marilène Gill, a entrepris lundi d’exiger du fédéral qu’il s’implique afin de remédier à la situation, qui perdure depuis des décennies.

Le gouvernement du Québec estime à près de 5 000 le nombre de citoyens qui demeurent enclavés sur de très vastes portions de territoire sans lien routier avec le reste de la province à partir de Kegaska où la route 138 se termine, à l’est de Natashquan.

C’est donc près de 400 kilomètres, entre Kegaska et Vieux-Fort, qui ne sont pas liés au reste du réseau routier. Les particuliers en entreprises de ce territoire doivent compter sur le transport maritime et aérien – et leurs limitations en périodes de mauvais temps – pour l’approvisionnement en marchandise, alors que l’industrie du transport par camion ne demanderait pas mieux que de prendre le relais. Des transporteurs tels que Transcol ou Express Havre Saint-Pierre (récemment acquis par Manitoulin) sont en effet déjà bien implantés dans la région.

Transcol pourrait desservir les citoyens et entreprises présentement enclavés, sans lien routier avec le reste de la province.

La Société du Plan Nord s’est engagée à hauteur de 232 millions de dollars afin de faire évoluer la situation, mais on en est encore au stade des relevés de données aériens. Les investissements nécessaires pour matérialiser le lien routier sont majeurs, notamment en raison de la topographie montagneuse.

« On parle d’une autoroute qui n’existe pas, il faut complètement la construire », précise Caroline Rondeau, du service des communications du ministère des Transports du Québec (MTQ) à Baie-Comeau en entrevue à Transport Routier.

Mobilisation du milieu

Tel que mentionné plus haut, une délégation d’élus régionaux et de représentants des Premières Nations s’est rendue à Ottawa afin d’y rencontrer Marc Garneau, ministre fédéral des Transports, ainsi que son homologues de l’Infrastructure et des Collectivités, François-Philippe Champagne.

Marilène Gill, députée bloquiste de Manicouagan.

« En étant coupés du reste du monde, les gens de la Basse-Côte-Nord sont littéralement pris en otage. Le gouvernement Libéral doit comprendre qu’ils ne sont pas des citoyens de seconde classe et qu’eux aussi, ils ont le droit d’être desservis de manière équitable comme partout ailleurs au Québec », a déclaré la députée Gill.

Le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier, a quant à lui clamé haut et fort que la population de la région avait suffisamment attendu ce lien routier. « Est-il possible qu’on parle de ce dossier depuis plus de 50 ans et qu’on n’ait pas encore compris que l’occupation et la vitalité du territoire, ça passe par un libre accès à celui-ci ? J’espère qu’enfin on donnera à la Côte-Nord son principal outil de développement ! Plus on attend et plus ça coûte cher à tout le monde, en particulier aux populations locales qui paient le fort prix de leur isolement. Lorsqu’on regarde les investissements majeurs faits dans des régions voisines, on se dit que notre tour est arrivé », a déclaré M. Porlier, faisant allusion au troisième lien de Québec.

Réjean Porlier, maire de Sept-Îles.

Selon Julien B. Gauthier, adjoint aux communications de la députée Marilène Gill, la rencontre des gens de la Basse-Côte-Nord avec les élus fédéraux a bel et bien eu lieu. Ces derniers se seraient montrés « ouverts » à une participation d’Ottawa au désenclavement des populations de la Basse-Côte-Nord, a-t-il confié à Transport Routier.

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