Selon l’ATRI, la légalisation de la marijuana et les tests de dépistage contribuent à la pénurie de chauffeurs

Un nouveau rapport de l’American Transportation Research Institute (ATRI) soulève des préoccupations quant à la possibilité que les méthodes actuelles de dépistage des drogues ainsi que la légalisation croissante de la marijuana aux États-Unis contribuent à la pénurie de chauffeurs.

Selon le rapport Impacts of Marijuana Legalization on the Trucking Industry de l’ATRI, 23 États américains légalisent désormais la marijuana récréative, comparativement à 10 en 2019. Cela signifie que 41,4 % des conducteurs de camions américains vivent désormais dans les régions légalisées, soit une augmentation de 18,5 % au cours de la même période.

(Photo : Archives)

Cependant, la réglementation fédérale n’autorise pas les détenteurs d’un permis de conduire commercial à consommer de la marijuana, celle-ci étant considérée comme une drogue de l’annexe 1 du Controlled Substance Schedule.

Plus de la moitié (57,2 %) des résultats positifs dans l’industrie du camionnage sont en lien avec la marijuana, indique l’ATRI, citant les données de la Drug and Alcohol Clearinghouse (DACH) de la Federal Motor Carrier Safety Administration (FMCSA). Plus de 100 000 conducteurs ont été suspendus en raison de tests échoués entre 2020 et 2022 – une dynamique effrayante dans le contexte de la pénurie nationale de chauffeurs routiers.

Les titulaires de permis commerciaux travaillant aux États-Unis sont soumis à des contrôles aléatoires, préalables à l’emploi et post-accidentels, ainsi qu’à des contrôles de doute raisonnable et de reprise du travail, généralement effectués à l’aide d’un test d’urine.

Tests positifs et facultés affaiblies

Contrairement aux tests d’alcoolémie, où les traces d’alcool ne sont perceptibles que quelques jours, voire quelques heures après la consommation, la marijuana peut encore être détectée jusqu’à 30 jours après la consommation, ce qui augmente l’éventualité de tests positifs.

Toutefois, un test positif n’indique pas que le camionneur conduisait avec les facultés affaiblies, à moins qu’il ait été effectué plusieurs heures après l’accident. (L’une des études analytiques du rapport de l’ATRI suggère que les chauffeurs devraient attendre cinq heures après avoir inhalé de la marijuana avant de conduire un véhicule).

Et il n’existe pas de test d’affaiblissement des facultés de la marijuana.

«Si le dépistage actuel de la marijuana est probablement efficace pour écarter les chauffeurs susceptibles de travailler avec les facultés affaiblies, il est également probable qu’il écarte les camionneurs qui avaient déjà consommé, mais qui ne conduisaient pas un camion avec les facultés affaiblies», a précisé l’ATRI. «Cela conduit au retrait de milliers de chauffeurs de l’industrie sur la seule base de leur consommation antérieure de marijuana.»

À la recherche d’un meilleur test

C’est pourquoi la majorité (65 %) des transporteurs et des chauffeurs interrogés par l’ATRI ont indiqué qu’ils préféreraient que l’ensemble de l’industrie passe à un test indiquant une consommation récente de marijuana (par exemple, la veille), plutôt qu’elle continue à utiliser le test actuel qui peut identifier une consommation antérieure de marijuana.

«Le dépistage des personnes ayant les facultés affaiblies au moyen d’une mesure quantitative – qui a été essentielle pour lutter contre la conduite en état d’ébriété – reste difficile à réaliser dans le cas de la marijuana. Il n’existe même pas de terme ou de seuil quantitatif pour définir les facultés affaiblies par la marijuana », indique l’étude de l’ATRI.

Selon l’ATRI, si l’approche actuelle favorise la sécurité, elle s’avère également inefficace lorsque les camionneurs qui ne représentent pas un problème de sécurité sont démis de leurs fonctions.

L’institut demande la mise en place d’un outil reconnu national d’évaluation des facultés affaiblies par la marijuana , l’établissement d’un seuil accepté qui indiquerait l’affaiblissement des facultés et la poursuite des recherches fédérales sur l’impact de la drogue sur la sécurité routière.

Les recherches actuelles indiquent que la drogue affecte les capacités cognitives liées à la conduite, la prise de décision et les temps de réaction, et certaines données ont mis en évidence une augmentation des accidents non mortels et des collisions après la légalisation. Mais l’ATRI souhaite que le gouvernement fédéral poursuive ses recherches sur ces questions afin de combler le manque de connaissance sur le sujet.

Un potentiel dissuasif

L’interdiction définitive de la consommation de marijuana a été considérée comme un «facteur potentiel de dissuasion»  pour les camionneurs qui souhaitent rester dans le secteur. Mais le rapport note qu’il y a encore un débat sur la question de savoir si les restrictions doivent être assouplies ou maintenues. Chacun de ces choix présenterait des défis pour l’industrie.

Si la marijuana reste une drogue interdite dans la législation fédérale, de plus en plus de camionneurs seront démis de leurs fonctions. Certains partiront vers d’autres emplois où les tests ne sont pas obligatoires.

Par exemple, plus de la moitié des camionneurs qui ont été interdits de conduire en raison d’un échec à un test entre 2020 et 2022 n’ont pas manifesté le désir de reprendre leurs fonctions de camionneur.

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