Selon un rapport, la flambée des demandes d’indemnisation au Canada appelle à un renforcement de la formation et de la surveillance

Le nombre de demandes d’indemnisation pour tous les véhicules commerciaux au Canada a augmenté «beaucoup plus rapidement» que le nombre de véhicules commerciaux sur la route entre 2016 et 2022, selon le rapport Commercial Trucking Insurance and Education publié mardi.

Le Bureau d’assurance du Canada (BAC) a demandé à MNP, l’un des cabinets de services professionnels du Canada, d’identifier les principaux facteurs ayant un impact sur le coût de l’assurance pour les exploitants de camions.

(Image: Commercial Trucking Insurance and Education report)

Les données de cette étude ont été recueillies s entre juin 2023 et janvier 2024, et l’une des principales suggestions formulées par MNP et le BAC est que la formation initiale doit être suivie de programmes d’intégration et de mentorat, le financement de l’élaboration et de l’administration des programmes étant assuré par des partenariats entre les assureurs, les transporteurs et les gouvernements.

«L’industrie de l’assurance des dommages et de la propriété travaille en étroite collaboration avec le secteur du transport routier pour trouver des solutions à certains des défis auxquels il est actuellement confronté, notamment la pénurie de chauffeurs et l’accès à une formation adéquate et à la gestion des risques», a déclaré Celyeste Power, PDG du BAC, dans un communiqué de presse.

Taux d’accidents et primes

Le rapport indique que les primes d’assurance sont étroitement liées aux dépenses  associées aux sinistres et au risque que des réclamations soient faites.

L’expérience et les dépenses liées aux sinistres sont les principaux facteurs d’augmentation des primes, et les conducteurs moins expérimentés, en particulier ceux qui conduisent depuis moins de trois ans, ont plus de risques d’avoir un accident. L’expérience du conducteur et la durée depuis la dernière réclamation sont corrélées à la fréquence et à la gravité des sinistres.

Pour illustrer l’impact des améliorations à la sécurité sur les coûts des sinistres, MNP a estimé la réduction des coûts des sinistres pour chaque accident évité par les conducteurs de camions forestiers de l’Alberta ayant trois ans d’expérience.

En 2015, chaque accident évité aurait entraîné une réduction substantielle des coûts des sinistres estimés à environ 581,80 $ par police.

Cependant, entre 2016 et 2018, la situation a changé. Au cours de cette période, chaque accident évité aurait entraîné une réduction beaucoup plus faible des coûts des sinistres par police, soit entre 100 et 125 $, ce qui peut être attribué à l’augmentation de la fréquence et de la gravité des sinistres au fil du temps.

(Image: Commercial Trucking Insurance and Education report)

En ce qui concerne la fréquence des sinistres en responsabilité civile, l’Alberta est en tête de liste, suivie par l’Ontario et les provinces de l’Atlantiques, même si la fréquence des sinistres pour 100 véhicules en Alberta était en baisse avant la pandémie.

En 2021, l’Ontario et les provinces de l’Atlantique ont connu une augmentation de la fréquence des sinistres collision par rapport à 2020, tandis que la tendance en Alberta est restée relativement stable.

Type de fret et déplacements transfrontaliers

En outre, les collisions impliquant des charges lourdes ou des marchandises dangereuses ont tendance à être plus graves et à entraîner des dommages plus importants. Par conséquent, le niveau de couverture de la responsabilité civile requise augmente lorsque ces marchandises sont transportées, ce qui a une incidence sur les primes.

Le passage de la frontière ajoute également des zéros aux primes, en raison des risques d’exposition à des verdicts «nucléaires». Par conséquent, les primes pour les véhicules circulant hors du pays augmentent.

«Les personnes interrogées ont indiqué qu’il s’agissait d’un problème pour toutes les juridictions canadiennes, mais qu’il était particulièrement préoccupant en Alberta», peut-on lire dans le rapport.

Une formation qui laisse à désirer

Cependant, malgré les différences de types et de fréquences de sinistres entre les provinces, la sécurité des véhicules commerciaux au Canada est une responsabilité conjointe des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux.

C’est pourquoi MNP a examiné dans ce rapport les environnements réglementaires, de formation et d’exploitation aux niveaux provincial et fédéral.

La recherche a montré que, même si les contrôles routiers et les audits d’installations conduisent à un meilleur respect des mesures de sécurité, la répression des infractions commises par les camions commerciaux est inadéquate.

Même si la plupart des normes du Code national de sécurité (CNS) ont été mises en œuvre, la formation initiale diffère d’une province à l’autre.

MNP ajoute que la formation initiale existante au Canada n’est pas conçue pour préparer pleinement les conducteurs à la conduite de poids lourds dans toutes les conditions.

«Les programmes d’entrée dans la profession ont pour but de faire connaître le secteur et d’apporter les compétences de base nécessaires pour passer l’examen de la classe 1. Ils ne couvrent pas l’ensemble des compétences exigées des conducteurs, ce qui signifie que les diplômés ne possèdent pas encore l’ensemble des compétences requises pour être prêts à prendre la route.»

En outre, la qualité de la formation varie d’une école à l’autre, et MNP recommande d’améliorer la surveillance des prestataires de formation dans tout le pays.

«Il y a un manque de cohérence dans la manière dont la formation au niveau d’entrée est dispensée et toutes les écoles n’offrent pas une formation conforme aux normes définies», souligne le rapport. «Il est nécessaire de mettre en place une surveillance et de faire respecter les normes.»

Télématique et permis progressif

D’autres recommandations portent sur l’utilisation de la télématique pour fournir un retour d’information aux conducteurs, car cela pourrait réduire le coût de l’intégration et du mentorat.

Bien qu’il n’y ait pas encore de consensus sur l’efficacité de la télématique pour améliorer la sécurité des conducteurs, un projet pilote pourrait combler cette lacune.

Parallèlement, l’expérimentation du permis de conduire progressif permettrait aux nouveaux conducteurs d’acquérir progressivement de l’expérience, en commençant par des conditions de conduite restreintes et en évoluant vers des scénarios plus complexes au fil du temps, ajoutent les recommandations.

«Nous sommes impatients de travailler ensemble sur les points identifiés dans ce rapport et sur d’autres projets en cours, afin de développer une feuille de route complète pour aborder les questions politiques clés au Canada qui ont un impact sur les opérations de camionnage, la sécurité, la formation, les licences et la surveillance de l’industrie», a affirmé Geoff Wood, vice-président principal des politiques de l’Alliance canadienne du camionnage, dans un communiqué de presse.

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