Serge Harnois se prépare à l’arrivée de l’hydrogène dans le transport lourd
Serge Harnois ne s’en cache pas: son intérêt pour l’électrification penche davantage vers l’hydrogène que les batteries. Après tout, les carburants liquides sont le pain et le beurre du PDG de Harnois Énergies depuis toujours.
En juin dernier, Harnois Énergies est devenue la première entreprise au Canada à réserver cinq camions Peterbilt 579 à pile à combustible hydrogène, dont la livraison est prévue en 2025.
Harnois exploite quelque 250 camions de poids moyen et lourd qu’elle utilise pour transporter son carburant et ses lubrifiants. Pour Serge Harnois, le passage à une énergie comme l’hydrogène, c’est une profession de foi. Car beaucoup d’inconnues demeurent.

L’hydrogène fera partie des solutions pour décarboner le transport. Parmi une panoplie d’autres solutions, comme le gaz naturel comprimé qui permet de réduire les GES de 30%. Tout dépendra des volontés gouvernementales, croit M. Harnois.
«Si, aujourd’hui, tous les camions roulaient au gaz naturel, on réduirait les GES de 30%. Mais avec l’hydrogène, c’est 100%. La direction qui sera prise reposera beaucoup sur des décisions politiques, parce que la décarbonation repose beaucoup sur les subventions.»
Les opérations de distribution de Harnois Énergies comprennent des applications qui conviennent bien à l’hydrogène. «Je ne peux pas faire tirer des remorques à quatre essieux à ces camions, car leurs moteurs sont conçus pour 80 000 livres. Mais nous avons des remorques plus petites pour le transport de lubrifiants et plusieurs de nos applications conviennent aux camions à hydrogène.»
Même si Harnois Énergies possède une station d’hydrogène à Québec et qu’il serait idéal de s’y ravitailler, l’entreprise nourrit des projets de développement pour d’autres stations en fonction de la demande. «Si on veut que l’hydrogène soit vraiment écologique, elle doit être produite près de l’endroit où les utilisateurs vont s’approvisionner. Ce n’est pas simple et c’est couteux à transporter de l’hydrogène. La produire sur place, c’est plus écologique et plus économique.»

Si l’hydrogène ne s’est pas imposée comme carburant dans les automobiles, il connaitra du succès dans le transport par camions sur longue distance, prédit Serge Harnois.
«Dans les véhicules lourds, la batterie va faire le travail avec les autobus scolaires et les camions plus petits, d’utilisation plus régionale. Mais quand on arrive dans le transport lourd sur longue distance, la batterie n’est pas près de faire le travail. Il faudrait 24 000 kg de batteries pour se rendre à Toronto. Il faut prendre le temps de recharger. Ça ne fonctionnerait pas», illustre le PDG de Harnois Énergies.
Harnois est d’ores et déjà impliquée dans la propulsion à hydrogène à titre de partenaire dans la mise en service du premier train de passagers à hydrogène vert en Amérique du Nord, le Train de Charlevoix. L’hydrogène utilisé par le train est produit à la station de Harnois Énergies à Québec qui le transporte ensuite via des réservoirs à haute pression au site d’Alstom à Baie-Saint-Paul.
«Notre but, c’est de vendre la bonne énergie au bon endroit, et on pense qu’il va y avoir un créneau pour l’hydrogène dans le véhicule lourd, et éventuellement le ferroviaire et l’aérien. Je crois qu’en 2030, l’hydrogène sera une réalité dans le camionnage.»
Les cinq premiers camions à hydrogène serviront de cahiers de devoirs pour Harnois Énergies. «Nous sommes en train de nous préparer. Ces camions nous permettront d’en apprendre plus sur les différents aspects entourant la production et l’utilisation de l’hydrogène.»
Ces camions aideront grandement Harnois à se positionner comme un maillon essentiel de l’approvisionnement en hydrogène au Québec.
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