Sources d’alimentation

par Jim Park

Les camions électriques sont faciles à utiliser. Trouver l’énergie dont ils ont besoin est un peu plus compliqué.

Les flottes habituées à payer leur carburant à la semaine risquent de subir un choc lorsque les véhicules électriques vont arriver.

Se rendre dans une station, pomper quelques centaines de litres de diesel et repartir est une chose. La facturation reflète le carburant acheté. Travailler avec des camions électriques et l’infrastructure de recharge est une tout autre affaire.


Camions et cycles de travail


Pour comprendre la demande d’énergie et les exigences de recharge, il faut d’abord comprendre les cycles de travail proposés des camions. Les fournisseurs de véhicules peuvent évaluer des facteurs tels que la consommation d’énergie et la capacité requise d’une batterie.


Mais vous ne pouvez pas travailler avec des moyennes lorsqu’il s’agit de véhicules électriques. Avant de pouvoir dimensionner la batterie, il faut analyser l’itinéraire proposé en termes de longueur, de durée, de poids et de vitesse, ainsi que les possibilités de freinage par récupération. En raison du poids et du coût des batteries, vous n’avez pas intérêt à surestimer vos besoins et à être trop prévoyant.


Les possibilités de recharge peuvent ensuite être déterminées selon le nombre de cycles de travail que le camion effectuera en une journée, le type de chargeur utilisé, le meilleur moment de la journée pour recharger le véhicule et la consommation quotidienne d’énergie.


Raccordement au réseau


Alors que les ingénieurs déterminent le nombre de kilowatts dont vos camions auront besoin pour les allers-retours, vous pouvez discuter avec le fournisseur d’électricité des raccordements au réseau, du matériel nécessaire et des coûts du service. Les coûts du matériel sont principalement associés à du matériel «prêt à l’emploi» comme les câbles de distribution, les transformateurs, les compteurs et les points de raccordement.


Malheureusement, il est impossible de généraliser ce processus car chaque province, municipalité et fournisseur d’électricité adopte une approche différente.

(Photo: iStok)


Infrastructure sur place


Si vous avez besoin d’une infrastructure sur place, il vous faudra tenir compte de la conception et l’aménagement du terminal : l’emplacement des chargeurs, le nombre de chargeurs nécessaires, le flux de circulation dans la cour, et possiblement des plans d’expansion. Les besoins en infrastructures évolueront en fonction de la demande d’énergie. Passer d’un camion à cinq camions ne sera certainement pas problématique, mais passer de 10 à 50 fera une énorme différence.


Chargeurs de véhicules


La bonne nouvelle avec les chargeurs de véhicules, c’est que vous n’aurez pas besoin d’un chargeur pour chaque camion. Et vous aurez probablement besoin d’un chargeur plus petit que vous ne le pensez. Les chargeurs sont classés en fonction de leur puissance continue nette, mais ils ne fournissent pas nécessairement une charge complète à la vitesse nominale chaque fois. En fonction du cycle de travail, les camions retourneront au terminal avec une certaine charge résiduelle, et il se peut qu’ils ne soient pas remis en service avant un certain temps. Cela signifie qu’ils n’ont pas forcément besoin d’être rechargés rapidement.


La mauvaise nouvelle, c’est que les chargeurs peuvent coûter excessivement cher. Les chargeurs de grande capacité sont plus coûteux, tout comme les chargeurs dotés d’un plus grand nombre de fonctions.


Coûts du projet


Il faut garder en tête que tout cela est très nouveau et que les fournisseurs commencent à peine à pénétrer le marché. Les prix sont loin d’être fermes et personne n’aime aborder le sujet. Mais en 2019, le Rocky Mountain Institute, dans le Colorado, a dressé la liste des coûts (en dollars US) d’un chargeur rapide à courant continu typique pour utilisation commerciale :


■ Chargeur de 50 kW : 20 000 à 35 800 $
■ Chargeur de 150 kW : 76 600 à 100 000 $
■ Chargeur de 350 kW : 128 000 à 150 000 $


Il a également souligné que des éléments du site de recharge, y compris le matériel de recharge, le logiciel de gestion et l’entretien, peuvent représenter 10 à 30 % du coût total.


Qui supporte le coût de l’infrastructure?

Les flottes qui cherchent à s’électrifier dans un avenir proche pourront se procurer des camions assez facilement. L’installation et le financement de l’infrastructure de recharge et des raccordements au réseau seront plus compliqués. C’est quelque chose de nouveau, de déroutant et de difficile à comprendre. C’est une technologie qui a son propre jargon et, dans de nombreux cas, les flottes doivent traiter avec plusieurs entités différentes, notamment le fournisseur d’électricité, le conseiller en matière de projet, l’entreprise de construction qui installera le matériel, et même le chef du service des incendies. Ce dernier peut bloquer un projet qui n’est pas conforme au code.








«L’infrastructure devenait un facteur dissuasif pour l’électrification», de dire Brian Alexander, directeur des relations publiques chez Lion Électrique. «Cela dissuadait vraiment les gens d’envisager l’électrification. Ou bien ils ont commencé à l’envisager et se sont dit : ‘‘Attendez, c’est trop compliqué’’.»


L’avantage, c’est que la plupart des entreprises de camions électriques proposent des plans complets et des services de consultation pour guider les clients tout au long du processus. Nombre d’entre elles, comme Lion, proposent également des solutions clés en main qui se raccordent au réseau et commencent à recharger les camions. Lion Energy, une division de Lion Électrique, propose un «ensemble» complet de recharge pour véhicules dans un conteneur maritime qui peut être déposé sur la propriété et raccordé aux lignes électriques du service public. (Voir aussi l’encadré InnovHQ veut aider les flottes à s’électrifier.)


Où trouverons-nous le jus?


Hydro-Québec anticipe une croissance de la demande québécoise d’électricité de 20 térawattheures (TWh), ou 12 %, sur la période 2019-2029. L’électrification des transports comptera pour 3,9 TWh de cette croissance.


Le bilan d’énergie montre que les approvisionnements actuels et prévus sont suffisants pour répondre aux besoins anticipés au Québec jusqu’en 2026. De nouveaux approvisionnements seront requis à partir de l’hiver 2026-2027.

Le gouvernement du Québec consacrera 225 millions de dollars pour des programmes favorisant notamment l’électrification des camions et des parcs de véhicules commerciaux dans le cadre du Plan de mise en oeuvre 2021-2026 faisant partie de son Plan pour une économie verte 2030. Le gouvernement devrait continuer à financer une part du surcoût à l’achat d’un camion électrique dans le cadre du programme Écocamionnage. Le gouvernement poursuivra également l’accompagnement et la formation offerts aux exploitants de parcs de camions ou d’autres véhicules commerciaux par le programme Transportez vert. Un soutien pour l’acquisition et l’installation de bornes de recharge rapide répondant aux besoins des gestionnaires de parcs de véhicules est également offert dans le cadre de ce programme.

-Avec des ajouts de Steve Bouchard

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