Tendances économiques en camionnage : «Ce cycle descendant a été le pire»

Il n’y a pas de solution à court terme en vue pour les marchés du fret, les taux du marché au comptant pour les fourgons secs et frigorifiques continuant à chuter alors que la demande de transport par remorque plateforme s’améliore.

ACT Research a réuni des dirigeants de l’industrie lors d’un récent séminaire, et l’un d’entre eux s’est exclamé : «Ce cycle descendant a été le pire» qu’il ait jamais connu. Mais ACT voit aussi quelques signes d’optimisme, car les importations et les tendances intermodales laissent présager une augmentation de la demande en camionnage plus tard dans l’année.

Les expéditeurs ne le ressentent pas pour autant. Les conditions sont restées stables en décembre et une enquête récente a montré que leurs attentes pour l’avenir demeurent modérées.

Signes de reprise du transport dans le courant de l’année

Dans son dernier rapport Freight Forecast, U.S. Rate and Volume Outlook, ACT Research indique que l’augmentation des importations et les tendances intermodales laissent présager une reprise du camionnage dans le courant de l’année.

Selon le prévisionniste du secteur, la reprise de la demande de marchandises, les inventaires et les perturbations du transport maritime mondial devraient accroître les mouvements de transport en 2024, les expéditeurs cherchant à constituer des inventaires de sécurité.

«La hausse des taux de janvier, suivant le froid extrême, s’est rapidement inversée avec la remontée des températures et le ralentissement saisonnier du marché, mais à la fin du mois de février, les taux au comptant désaisonnalisés étaient encore à leur plus haut niveau depuis six mois, si l’on exclut la vague de froid», a déclaré Tim Denoyer, vice-président et analyste principal d’ACT Research.

«Les volumes de fret du mois de janvier ayant été ralentis par les conditions météorologiques, nous voyons des signes que les prochains mois, plus doux pour la saison, pourraient être supérieurs à la tendance, les expéditeurs s’efforçant de rattraper les volumes perdus. Les PDG des entreprises de transport de lots complets que nous avons interrogés lors du séminaire de l’ACT du 21 février voient les volumes s’améliorer suffisamment pour qu’ils soient plus sélectifs dans la composition de leurs cargaisons, mais cette demande ne se retrouve pas encore sur le marché au comptant.»

Pour l’instant cependant, le marché du fret reste détendu, selon ACT.

«La capacité de transport pour compte d’autrui continue de se resserrer à la marge et les budgets d’investissement des flottes sont nettement inférieurs pour 2024. Il y a certainement des poches de résistance, comme dans le LTL, où des ajouts de capacité sont probables, mais le message de discipline capitalistique de l’industrie suggère une offre plus restreinte cette année, alors que la demande commence à se redresser», a conclu M. Denoyer.

Des leaders de l’industrie présentent leurs perspectives

En ce qui concerne le séminaire mentionné plus haut, ACT research a fait part de certaines informations recueillies lors de l’événement.

«Je suis dans l’industrie depuis 40 ans, j’ai connu de nombreux cycles différents, et ce cycle descendant est le pire», a affirmé Bill Kretsinger, PDG d’American Central Transport.

Selon ACT, les panélistes s’accordent à dire que ce cycle descendant a été l’un des pires, si ce n’est le pire, qu’ils aient connu dans leur carrière jusqu’à présent. Cependant, ils sont optimistes quant à ce qui est à venir.

«Les marchés du fret se sont dirigés vers le fond du baril pendant un certain temps, mais il y a des signes positifs qui indiquent que la situation est en train de changer. Les conditions d’une transition vers un début de cycle ne sont pas encore toutes réunies, mais le rééquilibrage progresse», a indiqué M. Denoyer.

En ce qui a trait aux achats de matériel roulant, tous les panélistes ont indiqué qu’ils n’avaient pas reçu les sommes auxquelles ils s’attendaient au cours de la pandémie, et qu’il était maintenant temps de rattraper le temps perdu. Les flottes sont en train de se redimensionner et de revenir à un cycle  régulier de remplacement de leurs unités.

Attentes mitigées des expéditeurs

BlueGrace Logistics a publié une enquête indiquant que la confiance des expéditeurs est «stable» pour le deuxième trimestre de cette année.

Les expéditeurs interrogés ont exprimé des perspectives prudentes quant à la croissance des revenus, avec une légère augmentation du nombre de ceux qui partagent un sentiment négatif.

«Une confiance prudente dans la croissance du chiffre d’affaires peut être associée à une plus faible certitude dans les commandes et à une prévision de diminution notable des inventaires», a déclaré Mark Derks, directeur du marketing chez BlueGrace Logistics.

Les opinions négatives sur les inventaires ont grimpé à 16%, le niveau le plus élevé dans les sept trimestres que BlueGrace a compilés dans son indice de confiance logistique.

La confiance à l’égard des commandes est plus faible, avec 56 % de perspectives neutres, et une réponse positive en baisse de 9% par rapport au premier trimestre 2024. «Une perspective prudente et incertaine dans les commandes persiste alors que les entreprises adoptent une approche attentiste face aux tendances actuelles du marché», a souligné M. Derks. «Malgré des préoccupations plus élevées de la part des expéditeurs, un impact médian stable implique qu’il n’y a pas de changement significatif dans les prévisions de commandes pour le deuxième trimestre de 2024.»

Les conditions des expéditeurs restent stables en décembre

De son côté, FTR a indiqué que son indice des conditions des expéditeurs était resté stable en décembre, avec une valeur de 6,4. Mais le prévisionniste de l’industrie prévient que les perspectives demeureront moins bonnes pour les expéditeurs jusqu’à la fin de l’année, car la baisse des prix des carburants devrait prendre fin et les taux de fret se stabiliser.

«Nous constatons que la demande de fret est plus ferme que ce que nos prévisions indiquaient, ce qui va commencer à réduire de façon favorable l’utilisation de la capacité et les conditions tarifaires qui ont profité aux expéditeurs pendant un certain temps», estime Avery Vise, vice-président de FTR pour le camionnage.

«Les expéditeurs devraient commencer à réfléchir à la manière dont ils réagiront à un marché du fret nettement plus équilibré et, par conséquent, plus sujet à la volatilité. Cependant, nous ne prévoyons pas de conditions systématiquement défavorables pour les expéditeurs avant 2025, et même dans ce cas, nous ne nous attendons pas à ce que les indicateurs négatifs de l’indice des conditions d’expédition atteignent l’ampleur des indicateurs positifs observés en 2023.»

Le transport par remorque plateforme stimule toujours le marché au comptant

Truckstop et FTR ont rapporté que la semaine qui s’est terminée le 23 février a montré de nouvelles baisses de tarifs pour le transport par fourgons secs et frigorifiques, tandis que les tarifs et la demande pour les remorques à plateforme ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis juillet.

Les taux pour le transport par fourgons secs frigorifiques ont baissé pour la cinquième semaine consécutive, les taux pour les fourgons secs étant à leur niveau le plus bas depuis juin 2020. Les taux pour les camions frigorifiques sont à moins de 8 cents de leur niveau le plus bas de mai 2020.

Avec des affichages de cargaisons en baisse et des offres de camions disponibles en légère hausse, l’indice total de la demande du marché a baissé à 60. Cependant, l’indice de demande du marché pour le matériel à plateforme a été le plus élevé depuis le mois de mai, disent les entreprises.