Train grande fréquence Québec-Toronto : menace ou avantage pour le camionnage?

Le 20 juillet dernier, Transports Canada présentait les trois consortiums qui seront appelés à faire des propositions à Via afin de concevoir et élaborer le projet de train à grande fréquence (TGF), qui reliera Québec à Toronto en passant par les villes de Trois-Rivières, Montréal et Peterborough.

Il s’agit des groupes Cadence (dont fait partie CDPQ Infra, le promoteur du REM à Montréal),  Développeurs Ferroviaires Interurbains et Partenaires Ferroviaires QConnexiON.

Camions du CNTL devant des conteneurs intermodaux
Les modes routier et ferroviaire sont à la fois partenaires et concurrents. (Photo : CN)

Le TGF sera essentiellement un service de train de passagers qui circulera sur ses propres voies électrifiées, à des vitesses pouvant atteindre les 200 km/h.

En ce moment, les trains de passagers de Via doivent partager les voies qu’empruntent les trains de marchandise du CN, ces derniers ayant priorité. Lorsque le TGF sera en service, ces voies pourront être entièrement dédiées au transport de marchandise, augmentant ainsi la capacité du mode ferroviaire.

« Il convient de souligner que la création de ce nouveau corridor ferroviaire [le TGF] séparerait les services ferroviaires voyageurs et de marchandises, lesquels fonctionnent actuellement sur une infrastructure ferroviaire partagée. Cela devrait avoir des effets bénéfiques sur le transport des marchandises et des passagers », indique Hicham Ayoun, porte-parole de Transports Canada à l’occasion d’un échange avec Transport Routier.

Plus encore, il n’est pas exclu que des trains de marchandise empruntent les voies du TGF. Probablement pas à 200 km/h mais certainement plus rapidement que sur les voies actuelles dont l’état limitent la vitesse des convois de fret.

« Cela pourrait comprendre une utilisation combinée ou une infrastructure qui combine des trains voyageurs et de marchandises. Le gouvernement évaluerait ensuite ces propositions et déciderait de la façon de procéder », précise M. Ayoun au sujet du projet de TGF.

Trop tôt pour se prononcer

Faut-il y voir une concurrence déloyale envers le camionnage financée par des fonds publics ou, au contraire, une bonne nouvelle pour les entreprises de camionnage qui font de l’intermodal et la chaîne d’approvisionnement dans son ensemble?

Selon Jacques Roy, professeur titulaire au département de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal, il est encore trop tôt pour se prononcer.

« Je ne pense pas que ce soit une menace [pour le camionnage] parce que le TGF se veut plus du transport de niveau régional », dit-il dans un premier temps.

Ensuite, il se questionne sur l’éventuelle détérioration aux voies du TGF que pourrait provoquer la circulation de lourds trains de marchandise.

« La réponse à tout ça, ça va venir l’an prochain quand les trois consortiums vont faire leurs propositions. C’est là qu’on va connaître les détails », ajoute le professeur Roy.

Il envisage que le secteur du transport de colis pourrait bénéficier de ces trains beaucoup plus rapides. « On pourrait imaginer qu’un TGV ou un TGF pourrait transporter des colis, un peu comme les autobus le font présentement », dit-il soulignant toutefois qu’à son avis, « ce n’est pas le gros du marché du camionnage. »

Du port de Montréal à VIA TGF

Chose certaine, VIA TGF, l’entité qui agit à titre de bureau consacré au projet de train à grande fréquence, a placé à sa tête un professionnel du transport de marchandise et du transport intermodal.

En effet, le 31 juillet dernier, VIA TGF annonçait la nomination de Martin Imbleau au poste de chef de la direction, fonctions qu’il occupera à compter du 8 septembre.

Portrait de Martin Imbleau, chef de la direction de VIA TGF
Martin Imbleau. (Photo : Groupe CNW/VIA TGF)

« En tant que président-directeur général de l’Administration portuaire de Montréal, rôle qu’il occupait depuis 2021, il a notamment travaillé à la mise en œuvre d’infrastructures de taille pour le transport de marchandises », disait le communiqué de VIA TGF annonçant sa nomination.

« Martin Imbleau est la personne qu’il nous faut pour diriger l’élaboration du plus grand projet de transport au Canada depuis plus de 60 ans », déclarait alors Robert Prichard, président du conseil d’administration de VIA TGF.

Le tout nouveau ministre des Transports du Canada, Pablo Rodriguez, a lui aussi salué cette nomination.

« La nature et l’ampleur sans précédent du projet de train à grande fréquence exigent une solide équipe de direction. Je suis convaincu que M. Imbleau réussira à diriger le projet transformateur et visionnaire du train à grande fréquence, grâce à ses nombreuses années d’expérience au niveau de la direction dans le secteur des transports », a déclaré le ministre.

Toute personne intéressée à faire part de ses commentaires sur le projet, à poser des questions ou à s’inscrire aux mises à jour du projet de TGF est invitée à consulter le site Web de VIA TGF en cliquant ici.

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