Traverser la pandémie quand on est petit
Maxime Primeau, de Saint-Constant, possède et exploite sept camions à benne basculante qui sillonnent le Québec, l’Ontario et les États-Unis. Six d’entre eux sont assignés au transport de grains pour un client régulier, qui fait appel à ses services tout au long de l’année. Il s’agit bien sûr d’un service essentiel et Maxime confirme que la demande est toujours là, malgré la situation causée par la pandémie de Covid-19.
«Le problème, c’est que des clients commencent à fermer aux États-Unis, même s’ils offrent des services essentiels», explique Maxime, ajoutant qu’il a de plus en plus de difficulté à trouver des chargements pour ses voyages de retour. «Tout marche au ralenti et on voit que la demande commence à baisser depuis la semaine passée. On fait plus de millage à vide et, des fois, les camions sont carrément vides au retour.»
Un autre problème pour les transporteurs, selon le jeune entrepreneur de 38 ans, c’est que plusieurs clients ont fait des réserves en prévision d’une éventuelle pénurie. «Quand ça va repartir, certains n’auront pas besoin de commander du stock parce qu’ils vont rouler avec ce qu’ils ont accumulé», poursuit-il. «Ça risque d’être difficile pour certains transporteurs. On y va une semaine à la fois.»
Si la situation continue de se détériorer, Maxime devra peut-être remiser un ou plusieurs camions. Mais il apprécie ses chauffeurs et souhaite, autant que possible, ne pas les mettre au chômage. Pour l’instant, ils touchent le même salaire et c’est leur donneur d’ouvrage qui absorbe les pertes.
Pour faire face à la crise, de plus en plus d’entreprises vont changer de vocation, du moins temporairement. Si les produits à transporter ne sont plus les mêmes, les transporteurs pourraient devoir adapter ou substituer leur matériel roulant. Pour Maxime, cela signifie qu’il devra peut-être mettre la main sur des remorques fourgons pour remplacer ses bennes basculantes. «On a une bonne réputation et on veut continuer de servir nos clients comme avant, alors on va devoir acheter d’autres équipements si c’est nécessaire», de dire Maxime, en lien avec les différentes exigences qu’impliquent, par exemple, le transport de grains et le transport de masques médicaux. «Mais c’est ça être en business, on doit s’adapter. Au besoin, je pourrais toujours trouver d’autres contrats.»
En ce qui concerne la récente annonce du gouvernement Legault, comme quoi la fermeture des entreprises et commerces non essentiels sera prolongée pour une période supplémentaire d’au moins trois semaines, Maxime reste perplexe. «Peut-être qu’ils le savaient déjà mais qu’ils ont décidé d’attendre avant de de l’annoncer, pour éviter la panique», dit-il. «Ça fait mal à beaucoup de commerces. Les gens travaillent moins mais avec les mêmes dépenses fixes. C’est sûr que le gouvernement fait des bonnes choses et si tu n’as pas droit aux 2 000 $, tu peux recevoir des prêts mais il faut les rembourser après. Beaucoup de compagnies ne vont pas s’en remettre.»
Malgré tout, il reste positif et croit que la situation actuelle obligera les gens à être créatifs et à sortir des sentiers battus. «Des grandes entreprise et des grandes idées sont créées en temps de crise», conclut-il. «Si t’es capable de t’en sortir quand ça va mal, les choses vont bien aller quand ça va bien.»
Le monde est sur pause
Maxime Paré, 34 ans, a cinq bennes basculantes à son service. Normalement, à ce temps-ci de l’année, les cinq camions roulent sans relâche, alimentant les usines d’asphalte et de béton dans la région de Lévis. «Au mois de janvier et février, on fait l’entretien des camions», explique-t-il. «On met beaucoup d’argent pour prévenir les bris pendant la période d’ouvrage et éviter la perte de revenus.»
Puisque les camions sont arrêtés pendant deux mois, Maxime est impatient de les mettre sur la route lorsque le printemps arrive, pour commencer à remplir les coffres. Mais cette année, en raison des mesures prises pour freiner la pandémie de Covid-19, rien de bouge. Le monde est sur pause. Par contre, Maxime doit continuer de faire ses paiements, notamment pour les pièces et la main-d’œuvre. «Cette crise est dure pour nous», admet-il. «On espère qu’elle ne durera pas trop longtemps sinon on va avoir de sérieux problèmes.»
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