Un chauffeur longue distance gagne en moyenne 67 000 $ par année, dit une étude de Camo-route

Camo-route a présenté, lors de sa récente assemblée annuelle, les grandes lignes de son Enquête de rémunération dans le transport routier des personnes et des marchandises, menée par la firme indépendante de consultation en rémunération PCI Perreault Conseil.

Il s’agit de la première enquête de rémunération menée par un organisme neutre comme Camo-route.

En plus de traiter de la rémunération, l’enquête a permis de dresser un portrait sur les pratiques de rémunération autres que le salaire : programmes d’avantages sociaux, régimes de retraite, politiques de congé et de vacances.

Également, dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, l’enquête a permis de documenter les pratiques de gestion des ressources humaines en matière de santé et sécurité au travail, formation, horaires de travail, application de mesures de conciliation travail/vie personnelle et politiques d’horaire flexible.

«Dans l’ensemble, l’enquête a permis de recueillir des données fiables sur l’état du marché du travail en matière de rémunération et de conditions de travail», explique Bernard Boulé, directeur général de Camo-route. «Par exemple, les résultats seront très utiles pour présenter la rémunération d’un conducteur/conductrice de camion d’une façon réaliste, autrement que le salaire annuel moyen de Statistique Canada, qui le fixe à 38 708 $. Ou encore, le taux horaire estimé par Emploi Québec qui varie entre 14,29 $ et 28,00 $ sans qu’on sache pourquoi.»

L’enquête a donc permis d’établir, selon des critères bien précis, que la rémunération d’un conducteur de camion sur de longues distances pourrait être de 67 000 $ annuellement et de 56 000 $ pour le transport local. Selon les cas, en augmentant le nombre de milles parcourus ou le nombre d’heures travaillées, la rémunération serait supérieure à ces montants.

«Les résultats de l’enquête seront fort utiles pour ceux qui s’intéressent à l’état du marché du travail (Emploi Québec, ministère de l’Immigration) et pour les entreprises soucieuses d’offrir des conditions de travail concurrentielles ou avantageuses», de dire M. Boulé.

«Également, les données pourront jouer un rôle déterminant pour la personne qui hésite à choisir une carrière dans l’industrie ou qui pense à la quitter. L’enquête révèle que plusieurs entreprises ont mis en place des mesures qui satisfont les attentes de la nouvelle main-d’œuvre et qui se conforment à la nouvelle réalité du marché du travail.»

Du 8 janvier au 1er mars 2019, l’enquête a rejoint 126 organisations du Québec de tailles variées et de régions différentes, représentant 3 500 employés, dont 80 % étaient de juridiction fédérale. Les données sur la rémunération en espèces couvrent cinq emplois, soit : conducteur(trice); mécanicien(ne); répartiteur(trice); technicien(ne) en logistique et manutentionnaire.

Les transporteurs de marchandises diverses, et plus spécifiquement ceux de la Montérégie, étaient fortement représentés avec 86 entreprises sondées.

Les faits saillants

Selon les résultats de l’enquête, le conducteur longue distance type parcourt environ 100 000 milles et gagne 67 000 $ par année.  Le taux au mille moyen pour ce conducteur est d’environ 0,455 $, et jusqu’à 25 % de ce taux peut représenter une allocation pour dépenses qui est non imposable. Répondant à une question d’un transporteur dans la salle, M. Charland a indiqué que le chiffre présenté comprend les dépenses.

Le conducteur longue distance type est rémunéré à l’heure ou à l’unité pour certaines actions (cueillette/livraison, temps d’attente, etc.); il obtient une troisième semaine de vacances après quatre ans de service et il est couvert par une assurance collective pour laquelle l’employeur assume 50 % du coût. Quelques organisations offrent maintenant le choix d’être rémunéré à l’heure plutôt qu’au mille.

Le salaire annuel moyen pour un conducteur local a été établi à 56 000 $. Le taux horaire moyen est d’environ 20,60 $ et l’horaire de travail est de 52,5 heures par semaine en moyenne. Du temps supplémentaire est payé après 60 heures et une troisième semaine de vacances s’ajoute après quatre ans de service. Une assurance collective pour laquelle l’employeur assume 50 % du coût est offerte.

Dans la plupart des entreprises, la semaine de travail normale est de 40 heures pour les employés en répartition et logistique, en entretien mécanique de véhicules et en manutention. Pour les conducteurs de camion, la moyenne d’heures travaillées par semaine est de 52,5 heures.

Presque toutes les entreprises (89 %) utilisent la même politique de vacances pour tous les groupes d’emplois. Il s’agit typiquement de trois semaines de vacances après quatre ans ou plus pour les entreprises de juridiction fédérale; 75 % des organisations offrent une quatrième semaine de vacances, et 60 % offrent une cinquième semaine.

La moitié (50 %) des entreprises sondées offrent des congés payés en sus des jours fériés et des vacances annuelles. Dans certaines organisations, le nombre de congés payés varie selon l’ancienneté et les congés non utilisés peuvent être payables.

La majorité des mécaniciens et des manutentionnaires sont admissibles au temps supplémentaire, lequel est généralement versé à taux et demi et payé en argent plutôt qu’en temps remis.

Les primes pour les cueillettes/livraisons, l’accrochage/décrochage, le temps d’attente et pour les régions (ex. New York) sont les plus observées pour les conducteurs, alors que les primes de quart de travail, de chef d’équipe et de référencement sont les plus souvent offertes dans les autres emplois.

Selon l’enquête, 78 % des établissements offrent un régime d’assurance collective; en général, 50 % de la prime est payée par l’employeur et le régime est identique pour tous les groupes d’emplois.

Pour ce qui est des régimes de retraite, ils sont offerts par 60 % à 70 % des organisations, et certaines ne l’offrent pas à tous les groupes d’emplois. Environ le tiers des entreprises offrent un Régime incitatif à court terme (boni).

Parmi les éléments sur lesquels l’industrie devra particulièrement se pencher, Bernard Boulé souligne que les attentes de la main-d’œuvre en lien avec la conciliation travail/vie personnelle et les horaires de travail devront être prises en considération pour attirer et retenir la main-d’œuvre. L’industrie aura avantage à faire connaître les pratiques les plus novatrices dans ce domaine.

M. Boulé souligne que 83 % des participants ont reconnu avoir des enjeux de pénurie de main-d’œuvre, et 92 % de ces dernières ont jugé cet enjeu comme prioritaire ou important.

«De plus, cet enjeu représente un coût énorme sur plusieurs aspects de l’entreprise. Des solutions devront être mises de l’avant. Plusieurs concernent une bonification des conditions de travail et de rémunération. L’enquête confirme qu’un processus d’amélioration ou de modernisation est en cours dans les entreprises. Non seulement les entreprises y réfléchissent, bon nombre sont déjà en action».

Certes, la rémunération n’est pas la seule composante qui explique la pénurie de main-d’œuvre. À preuve, il y a présentement une pénurie de main-d’œuvre dans tous les secteurs et toutes les catégories d’emploi, certaines parmi les mieux rémunérées dans la société, souligne Bernard Boulé. «Cependant, la rémunération est une composante importante dans la décision de choisir une profession ou de la quitter. L’enquête démontre que les attentes de la main-d’œuvre ne concernent pas uniquement le salaire. Les mesures de flexibilité d’horaire, de conciliation travail/vie personnelle, d’avantages sociaux, de régime de retraite, de formation et de vacances sont des avantages qui existent et qu’il faut mettre en valeur.»

Camo-route a l’intention de mener ce type d’enquête sur une base régulière, nous a confirmé Bernard Boulé.

«Déjà, la première édition a mis en évidence des aspects qu’il faudrait approfondir, par exemple les primes, les frais de repas et la rémunération à l’heure sur de longues distances. De plus, considérant que le secteur du transport routier de marchandises est en pleine transformation, il est essentiel de suivre l’évolution de la rémunération au cours des prochaines années. Par exemple, quelles seront les répercussions de la mise en vigueur de la réglementation sur les dispositifs d’enregistrement électronique au Canada sur la rémunération?»

-Par Steve Bouchard

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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  • Je me demande pourquoi dans l’industrie du camionnage, il y a pas de temps et demi et de temps double pour les entreprises qui exploitent des chauffeurs classe 1 après 40 heures semaine