Un conducteur innocent paie le prix des accusations de trafic de stupéfiants

Conducteurs, faites attention! La remorque scellée attelée au camion pourrait être chargée d’ennuis.

Zenon Bialkowski, 70 ans, est un exemple de la façon dont la vie d’un camionneur peut basculer vers le pire, même s’il effectue son travail de façon professionnelle et dans les règles de l’art.

Le conducteur primé a été arrêté, placé en détention et accusé d’avoir tenté d’introduire 188 briques de cocaïne au Canada.

Zenon Bialkowski (Photo: Leo Barros)

M. Bialkowski a fait parler de lui en octobre 2022 lorsque des agents de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), au pont Blue Water à Point Edward (Ontario), ont découvert les drogues suspectes dans la remorque qu’il transportait.

Un peu plus d’un an plus tard, en décembre 2023, la Couronne a abandonné toutes les charges retenues contre lui. M. Bialkowski continue néanmoins de payer le prix.

Santé concernée

L’incident a eu des répercussions sur sa santé et ses finances. Il souffre de problèmes d’estomac et de rhumatismes. «Le médecin m’a dit que c’était dû au stress, il m’a dit d’essayer de me détendre. Psychologiquement, ce n’est pas bon pour moi», a raconté M. Bialkowski.

Il a payé 34 000 $ d’honoraires à son avocat. Il n’a pas travaillé depuis sa détention. En 2020, le chauffeur longue distance avait remporté un prix One-million-mile safe driving alors qu’il travaillait pour Landstar System.

Des problèmes se préparaient, mais M. Bialkowski ne le savait pas lorsqu’on lui a demandé de ramasser un chargement de matières dangereuses à Laredo, au Texas, à destination de Mississauga, en Ontario. Il s’agissait simplement de déposer une remorque vide, d’atteler une remorque chargée et de repartir.

Le conducteur, qui travaillait pour un voiturier remorqueur sous contrat avec Landstar System, est arrivé à l’établissement dans la soirée du 13 octobre.

Après avoir déposé la remorque vide, il a localisé la remorque préchargée scellée. «J’ai vérifié les scellés de la remorque chargée et j’ai pris des photos comme d’habitude», a-t-il déclaré.

Ce qu’il n’a pas remarqué sur les documents, c’est que la marchandise est arrivée sur une remorque en provenance du Mexique et a été transférée dans une autre. Sa fille s’en est aperçue bien plus tard. Quelqu’un a eu accès au fret pendant cette période, a-t-il indiqué.

M. Bialkowski a remarqué que de mauvaises placards étaient apposées sur la remorque et il a mis les bonnes. En quittant l’établissement, la remorque a été inspectée par un garde.

Le voyage jusqu’à la frontière canadienne a été interrompu par le remplacement d’un pneu à Memphis (Tennessee), ce qui a pris environ huit heures. Pendant le trajet vers le Canada, le courtier a informé M. Bialkowski que le client de Mississauga était occupé et que le fret devait être livré à Montréal dans le même délai.

Changement du lieu de livraison

M. Bialkowski, très stressé, a expliqué au courtier que les quelque 500 kilomètres supplémentaires qu’il avait à parcourir signifiaient qu’il ne pourrait pas livrer le chargement à temps.

Il est arrivé au poste-frontière canadien dans un état d’esprit perturbé. «La seule chose qui me venait à l’esprit était de savoir comment j’allais pouvoir livrer le chargement à temps le lendemain matin.»

L’agent de l’ASFC a dirigé M. Bialkowski vers la zone d’inspection secondaire. Après des radiographies, des irrégularités ont été constatées dans le chargement. Il lui a été demandé de faire reculer sa remorque jusqu’à un quai et le fret a été déchargé. La drogue ont été trouvée entre des boîtes de fret au milieu de la remorque.

Les agents de l’Agence des services frontaliers du Canada ont découvert 188 briques de cocaïne présumée dans la remorque que Zenon Bialkowski transportait au Canada en 2022. (Photo d’archives : ASFC)

«Ils sont venus me menotter en disant que je faisais de la contrebande de drogue», a-t-il affirmé. Après avoir passé quelques heures dans une cellule froide, les agents de la GRC l’ont transféré dans une cellule encore plus froide au détachement de la police provinciale de l’Ontario à Petrolia, en Ontario.

Le lendemain après-midi, il a été transféré à la prison de Sarnia. Après avoir passé environ un mois en détention, il a été libéré sous caution. Sa fille a fourni 50 000 $ en espèces et une caution de 100 000 $ sur sa maison. Il a vécu en résidence surveillée avec sa fille et son beau-fils.

Casier judiciaire non effacé

Il doit passer ses examens médicaux cette semaine. Il n’est pas certain de pouvoir reprendre le volant. M. Bialkowski attend toujours l’effacement de son casier judiciaire. Son avocat lui a dit que cela prendrait du temps.

Actuellement, M. Bialkowski vit avec sa fille, son gendre et son petit-fils. «Elle me nourrit», dit-il. «Elle ne veut pas que je reprenne la route.»

Il s’occupe à réparer des choses dans la maison et apprend la programmation informatique. Sa vie ayant basculé, il espère que son histoire servira d’avertissement.

«Les sceaux ne signifient rien. J’ai tout fait dans les règles et j’ai quand même eu des problèmes. Comment pouvez-vous éviter cela? J’ai conduit pendant 20 ans et rien de tel ne s’est produit.»

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