Un test sur route en six points avant d’embaucher un camionneur

Comment s’assurer, pour un employeur, qu’un candidat au poste de chauffeur de poids lourds n’est pas un risque important pour les actifs de la compagnie, les cargaisons des clients, les usagers de la route et lui-même?

Il existe, outre l’entrevue formelle dans un bureau, le test sur la route pour bien évaluer ses compétences techniques et aussi ses comportements au volant. Le formateur de la compagnie, qui accompagne le chauffeur sur la route pour un test pratique, est celui qui peut valider ou non les prétentions du candidat.

Photo: Christian Bolduc
Maîtriser son environnement au volant est prioritaire si on veut être embauché par un transporteur. Photo : Christian Bolduc

Pour bien circonscrire le candidat, nous avons notamment fait appel à Charles Morier, qui est enseignant en conduite de véhicules lourds au Centre de formation en transport routier de Saint-Jérôme (CFTR), ainsi qu’au psychologue du comportement routier et auteur de plusieurs livres Jean-Pascal Assailly.

1- Créer un climat de confiance

En prenant contact avec le candidat, le formateur tente d’abord d’établir, le plus rapidement possible, une familiarité avec lui. Autour d’un café, ils peuvent faire plus ample connaissance avant d’entamer le test sur la route. 

Pourquoi? 

Briser une barrière psychologique afin d’établir avec lui (ou elle) une relation de confiance, laquelle permet d’avoir une meilleure compréhension de son caractère, ses compétences et son attitude générale.

2- Test avant le départ

Après la ronde de sécurité, le formateur peut, par exemple, vérifier si le candidat comprend l’arrimage de la sellette d’attelage. Il lui demande de connecter correctement les cordons d’alimentation, notamment les contacts électriques, et lui demande la bonne façon de vérifier si les mâchoires de la sellette d’attelage sont bien fermées.

3- Prendre la route

Sur la route, le formateur teste spécifiquement sa concentration, ses habiletés, son tempérament, son état d’esprit, ses talents et sa capacité à adapter la conduire préventive. Trois environnements routiers différents seront utilisés: l’autoroute, la ville et le stationnement d’un supermarché.

4- L’autoroute

Le premier test se fait sur l’autoroute. Tout en le questionnant sur sa vie – famille, amis, activités sociales, etc. – laquelle peut amener des confidences révélatrices de son état d’esprit, le formateur lui demande, à n’importe quel moment, de lui indiquer le nombre et l’emplacement des véhicules qui se trouvent sur sa gauche, sur sa droite ou devant lui, leur grosseur et leur couleur.

Tout en observant les distances qu’il maintient avec les autres véhicules, le formateur prend la mesure, tout en lui parlant, de sa vitesse de croisière, la régularité avec laquelle il regarde ses miroirs et si il respecte les cinq préceptes de l’exploration visuelle sécuritaire (le Système Smith):

1- Regarder loin devant;

2- Agrandir (élargir) son champ visuel;

3- Garder les yeux en mouvement;

4- S’assurer d’être vu et prévisible;

5- Se ménager une issue en cas d’accident.

5- Manoeuvrer en ville

Si la compagnie transporte des matières dangereuses, le formateur peut diriger son candidat vers le tunnel Louis- Hippolyte-Lafontaine afin de le faire réagir loin en amont. Sachant qu’il est illégal d’emprunter un tunnel avec ce type de cargaison, le formateur peut de facto valider une compétence du candidat. 

En amont d’un carrefour urbain, le formateur demande combien de piétons, d’enfants, de femmes enceintes, de personnes âgées et/ou de cyclistes attendent pour traverser au feu vert. 

Il observe qui a priorité au feu vert pour tourner? Est-ce qu’il voit et respecte la pancarte qui interdit aux camions de prendre une rue résidentielle? Est-ce que son angle mort est couvert de façon sécuritaire? Est-ce qu’il s’enrage parce qu’un vieillard peine à traverser la rue? Est-ce qu’il suit le véhicule devant de trop près? Est-il brusque dans ses manoeuvres et ses freinages ? Est-ce qu’il invective les véhicules qui le coupent ou qui roulent trop lentement devant lui?

6- Reculer au quai de chargement

Simulant une livraison dans un grand supermarché, le formateur porte attention à la façon du candidat de négocier le positionnement du camion avant de reculer. Est-ce qu’il applique le G.O.A.L. (get out and look, ou sortir et évaluer)? Est-ce qu’il recule avec aisance et en ligne droite? Est-ce qu’il fait preuve de prudence pour ne pas accrocher les murs latéraux? Est-il patient lors de la manoeuvre de recul, surtout s’il doit la refaire?

Rédacteur professionnel depuis plus de 15 ans, Christian possède une expérience considérable à titre de journaliste spécialisé en transport, notamment à titre de directeur de la rédaction de L'Écho du transport, magazine aujourd'hui disparu, et de Transport durable magazine.

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