Women with Drive de retour avec le même objectif : recruter plus de femmes dans l’industrie du camionnage

La dernière fois que RH Camionnage Canada a tenu son événement Women with Drive à Toronto, Angelique Magi a remarqué que beaucoup de membres de l’auditoire consultaient sans cesse leur téléphone. Peu importe l’intérêt des présentations, il était impossible d’ignorer que la COVID-19 venait d’être déclarée pandémie.

Les organisateurs ont fait ce qu’ils pouvaient pour que l’événement de mars 2020 se déroule comme prévu. «Nous fabriquions du désinfectant pour les mains parce que nous ne pouvions pas nous en procurer», se souvient le vice-président – solutions spécialisées d’Intact Assurance. Mais au fil de la journée, il est devenu clair que la réception de clôture devait être annulée.

La chef Tammy Cook-Searson, membre de la bande indienne de Lac La Ronge et conférencière principale de Women with Drive, accueille des représentantes de l’industrie du camionnage à Toronto. (Photo : John G. Smith)

Women with Drive a fait son retour à Toronto au début du mois, mais l’effort continu de RH Camionnage Canada pour promouvoir la diversité, l’équité et l’inclusion s’est poursuivi tout au long de la pandémie.

«On considère souvent qu’il s’agit d’un exercice consistant à cocher des cases», a admis Angela Splinter, PDG de RH Camionnage Canada, lors de son discours d’ouverture. Mais c’est le type de travail qui peut contribuer à différencier les entreprises et à accroître l’engagement réel des employés, a-t-elle ajouté.

«La diversité est un mélange. L’inclusion consiste à faire en sorte que ce mélange fonctionne bien ensemble.»

Très peu de femmes

Les femmes représentent une part infime de la main-d’œuvre de l’industrie du camionnage, et cela constitue un défi important. Elles ne représentent que 15 % de la main-d’œuvre globale de l’industrie canadienne. Alors que les femmes occupent 87 % des emplois administratifs, elles représentent 3,7 % des chauffeurs et 1,5 % des techniciens et mécaniciens.

«Moins de 5 % des femmes employées dans l’industrie occupent des postes de direction ou de supervision», a précisé Mme Splinter.

«Nous pensons que 5 %, ce n’est pas suffisant.»

Les femmes représentaient également un pourcentage disproportionné – soit 16 % – des mises à pied de chauffeurs au début de la pandémie, a-t-elle ajouté, en s’appuyant sur une étude menée par RH Camionnage Canada. Mais il y avait aussi une lueur d’espoir. Alors que l’intérêt pour les livraisons à domicile a bondi, on a observé une augmentation de 55 % du nombre de femmes chauffeuses-livreuses entre juin 2019 et juin 2021. 

«Bien que nous ayons réalisé des gains, nous ne sommes certainement pas là où nous voulons être en ce qui concerne la représentation féminine des chauffeurs», a déclaré Rebecca Sloan, responsable de la formation et de la fidélisation chez UPS Canada. Mais des avantages tels que des horaires flexibles ont aidé.

Faire face aux défis

Atteindre une plus grande proportion de femmes dans l’ensemble du bassin de main-d’œuvre au Canada est considéré comme une étape clé pour relever des défis tels que la pénurie de chauffeurs qui ne cesse de s’intensifier.

Les secteurs de l’agriculture, de l’industrie manufacturière et du commerce de détail sont tous confrontés à des problèmes de chaîne d’approvisionnement, a souligné Mme Splinter. «La résolution de leurs problèmes commence par la résolution des nôtres.»

Wendy Cukier, fondatrice du Diversity Institute, a évoqué la nécessité d’examiner de près les raisons pour lesquelles les femmes sont sous-représentées. «Pourquoi les femmes n’y sont-elles pas?» a-t-elle demandé en lien avec les emplois de chauffeur, ajoutant qu’ils paient mieux que les rôles où l’on retrouve davantage de femmes.

«Vous devez penser aux stéréotypes. Vous devez penser à l’analyse de rentabilité.»

Cela peut également nécessiter une réflexion différente sur la manière d’approcher les parcours professionnels. Mme Cukier, par exemple, a souligné la nécessité de mettre l’accent sur les compétences dont les dirigeants de l’industrie ont réellement besoin, plutôt que de toujours supposer qu’elles doivent gravir les échelons à partir d’emplois sur le terrain.

«Vous pouvez commencer à regarder des personnes que vous n’auriez peut-être pas considérées habituellement.»

Cela a créé des occasions pour Mme Sloan. Elle travaillait en tant que spécialiste des communications chez UPS lorsqu’un vice-président des transports lui a demandé pourquoi elle ne travaillait pas dans l’exploitation. Puis quelqu’un lui a demandé si elle voulait devenir gestionnaire. On lui a donné le poste le jour suivant.

«Identifiez vos talents car ils ne s’identifient peut-être pas eux-mêmes», de dire Mme Sloan. «Ce que vous pouvez enseigner, ce sont les styles et les approches de leadership.»

Selon Mme Cukier, les demandes d’approvisionnement constitueront l’un des «leviers» les plus puissants pour favoriser la diversité et l’inclusion. «Lorsque ces clients commencent à appliquer une lentille de genre et de diversité à leurs décisions concernant les personnes qui vont avoir des contrats, cela a d’importantes répercussions.»

Certains fournisseurs de services publics ont déjà décidé de ne pas travailler avec des organisations et des distributeurs qui ne cherchent pas activement à diversifier leur main-d’œuvre, selon Michelle Branigan, PDG de Ressources humaines, industrie électrique du Canada (RHIEC). «Cela fait que ces distributeurs se bousculent maintenant pour apporter de véritables changements.»

Les jeunes, quant à eux, regardent à quoi ressemblent les conseils d’administration des entreprises lorsqu’ils décident où travailler, a-t-elle ajouté. «Vous devez démontrer que vous êtes un employeur de choix.»

Des outils pour aider

Les flottes ont accès à des outils qui peuvent les aider.

Le programme Carrière sur la voie rapide de RH Camionnage Canada ouvre la porte à 5 000 $ pour des stages d’étudiants, jusqu’à 10 000 $ de subvention salariale pour les travailleurs de 30 ans ou moins et jusqu’à 10 000 $ pour couvrir les frais de formation d’un nouveau chauffeur de camion. Vingt-cinq pour cent des personnes intégrées dans les programmes étaient des femmes, a précisé Angela Splinter. «Cela fait bouger les choses.»

Un prochain ensemble de ressources de RH Camionnage Canada pour les employeurs de l’industrie comprendra également un guide complet sur la diversité, l’équité et l’inclusion accompagné de modèles d’autoévaluation. Et un nouveau financement de 485 000 $ du ministère Femmes et égalité des genres Canada sera utilisé pour soutenir un «rétablissement féministe» après la pandémie de COVID-19.

En fin de compte, les candidates à l’emploi s’intéresseront à la représentation des femmes sur le lieu de travail, d’ajouter Karen Jensen, commissaire fédérale à l’équité salariale du Canada.

«Si vous voulez attirer les meilleurs talents, vous devez vous pencher sur cette question.»

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