10 jours de congés de maladie payés par an causeraient un « chaos logistique », dit l’ACC

L’Alliance canadienne du camionnage (ACC) demande au gouvernement fédéral de reporter d’un an l’adoption prévue pour le 1er décembre prochain du projet de loi C-3. Celui-ci accorderait 10 jours de congés de maladie payés aux employés des entreprises sous réglementation fédérale, soit les transporteurs qui font de l’interprovincial ou du transfrontalier.

Selon Stephen Laskowski, président de l’ACC, une telle mesure ne ferait qu’aggraver les tensions sur les chaînes d’approvisionnement et exacerber l’effet de la pénurie de chauffeurs de camions sur l’inflation.

Deux camionneurs avec casques de sécurité à l’arrière de leurs remorques dans un port.
(Photo : Pixabay)

L’Alliance recommande d’implanter cette politique de manière graduelle, avec cinq jours de congés de maladie payés à compter de la fin de 2023 et 10 à la fin de 2024.

Et ce n’est pas qu’une affaire de gros sous.

« Pour les entreprises de camionnage, le coût principal de ces 10 journées perdues n’est pas nécessairement le salaire versé au travailleur; c’est le camion qui doit être immobilisé de façon inattendue pendant des journées entières et le chaos logistique qu’il cause à l’entreprise de camionnage qui se démène pour le mettre sur la route », indique M. Laskowski.

Selon lui, cela causerait des réactions en chaîne touchant de façon négative les usines approvisionnées en matériaux par camion et l’expédition de produits finis sur les tablettes des magasins.

L’impact financier ne peut toutefois pas être négligé et il est difficile à chiffrer puisque, par nature, imprévisible. L’ACC estime que les transporteurs perdraient de 13 % à 57 % de leurs profits, selon le nombre de jours de congés utilisés par leurs employés.

Pour le regroupement national d’associations de camionnage, le projet de loi C-3 a été préparé dans un contexte pandémique prévoyant des périodes d’isolement pour les personnes atteintes de COVID-19, un contexte qui a grandement changé avec la pandémie qui est maintenant mieux contrôlée.

De plus, cela ne reflèterait pas la réalité sectorielle du camionnage, où la majorité des travailleurs prennent moins de cinq jours de congés de maladie par an, ajoute l’ACC.

Si le projet de loi devait être adopté tel que présenté, il aurait pour effet de couper la capacité de camionnage du pays de 5 % à 10 % en 2023. Cela s’ajouterait aux contraintes liées à tous les camionneurs qui ont quitté l’industrie au cours des dernières années, notamment en raison de l’obligation vaccinale pour le transport transfrontalier.

L’ACC termine en conseillant plutôt à Ottawa de s’attaquer au stratagème des Chauffeurs Inc., qui, dit-elle, a mené au transfert de milliers de travailleurs dans l’économie souterraine par des entreprises peu scrupuleuses, désirant justement échapper à leurs obligations fiscales et sociales.

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