3 questions auxquelles répondre avant d’acheter un camion électrique

Ça y est, vous avez décidé d’acheter un premier camion 100% électrique pour votre entreprise de transport. Vous voulez faire votre part dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), et vous voyez de plus en plus de modèles qui prennent le marché d’assaut. Mais voilà, vous ne savez peut-être pas par où commencer.

Photo: Volvo Trucks North America

La gestion de l’autonomie des batteries, l’infrastructure de recharge, vos besoins opérationnels spécifiques, la planification des routes et les bornes de recharge sont autant de questions pour lesquelles nous n’avez peut-être pas encore de réponses satisfaisantes.

Alors voici trois questions importantes à se poser avant de faire votre choix.

1- Les besoins opérationnels

Quelle utilisation voulez-vous faire du camion? Qu’est-ce qui sera livré, et où ? Telles sont les premières questions auxquelles il faut répondre. Avec une autonomie encore très relative – généralement entre 180km et quelque 400km, les camions électriques servent mieux, à ce jour, les applications urbaines et régionales. 

InnovHQ, la division d’Hydro-Québec qui offre des solutions de recharge pour les parcs de véhicules électriques, mentionne que « l’autonomie réelle des batteries d’un camion n’est que de 90% à 95% de la charge maximale affichée par le manufacturier. »

Le 5% à 10% restant, nommé zone tampon de sécurité et auquel le chauffeur n’a pas accès, s’assure que la batterie ne sera jamais complètement chargée ou déchargée.

Sur les routes qui exigent plusieurs arrêts durant la journée, un camion électrique, qui roule en silence et qu’on éteint aussitôt arrivé à destination, peut livrer à des heures plus hâtives et plus tardives qu’un diesel plus bruyant. Il est donc possible, pour le transporteur, d’étirer les routes urbaines sur de plus longues heures, diviser les quarts de travail, etc.

Pour un camion classe 6 qui fait du régional, donc autour de 150/200/250km aller ou aller/retour, le poids de la cargaison doit évidemment être pris en compte pour calculer l’autonomie requise. Mais pas seulement. La disponibilité et la rapidité de la borne de recharge à destination doivent aussi être réglées en amont d’un achat.

2- Les bornes électriques

Combien de camions la compagnie va-t-elle posséder dans 5 ans, 10 ans? Ai-je besoin de recharger mes camions une ou deux fois par jour ?

Si le camion n’a pas besoin d’être rechargé durant le jour, une borne de niveau II CA à 240 V pourrait suffire au gestionnaire de flotte. Avec un temps de recharge qui prend entre quatre à six heures pour 150km d’autonomie, cette borne a une puissance de recharge allant de 7,2kw à 19,2kW. Elle pourra alors recharger les batteries à une vitesse équivalente à 35 à 100km/h d’autonomie avec une alimentation de 15-80 ampères, 208 VAC ou 240V.  Il en coûte entre 1 000$ et 4 000$ pour acheter une borne et entre 1 000$ et 5 000$ pour l’installer.

Si le camion exige un remplissage à mi-journée, une borne de recharge rapide CC (BRCC, ou bornes rapides à courant continu) sera alors requise. Avec une vitesse de recharge oscillant entre 120km et 250km à l’heure, cette borne ne prend qu’entre 35 et 45 minutes pour recharger autour de 150km d’autonomie. Son alimentation standard se situe entre 60-200 ampères avec une puissance de recharge de 24, 50 et + de 100kw. 

Se procurer une borne de ce type varie entre 20 000$ et 70 000$, et l’installation entre 10 000$ et 50 000$. Heureusement qu’il existe, pour ces deux types de bornes, des subventions gouvernementales pour amortir le choc financier.

3- Adapter sa conduite

L’autre dimension fondamentale à prendre en considération avant d’acheter un camion électrique est la conduite. Avec une autonomie restreinte, le chauffeur devra peut-être adapter ses réflexes afin de maximiser le rendement de chaque remplissage.

Pour le manufacturier Volvo Trucks et l’entreprise montréalaise de livraison de colis Obibox, « il est fortement recommandé de faire chauffer ou refroidir la cabine du camion avant de débrancher le cordon d’alimentation. De cette façon, la charge maximale dans les batteries est maintenue avant d’entamer sa journée. »

Sur la route, le chauffeur évitera le gaspillage inutile de l’énergie en effectuant des départs/arrêts brusques. Des arrêts progressifs lui permettront de récupérer l’énergie cinétique du freinage et d’ajouter jusqu’à 35% d’autonomie à ses batteries.

Le même constat est fait si le chauffeur abuse de la climatisation ou du chauffage.

Avec l’aide d’un GPS, le chauffeur pourra aisément maximiser ses trajets en évitant, dans la mesure du possible, la congestion routière et les détours qui grugent sa réserve. Baisser les vitres, sur l’autoroute, pourrait réduire l’autonomie jusqu’à 10%.

Rédacteur professionnel depuis plus de 15 ans, Christian possède une expérience considérable à titre de journaliste spécialisé en transport, notamment à titre de directeur de la rédaction de L'Écho du transport, magazine aujourd'hui disparu, et de Transport durable magazine.

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