6 fois où le camionnage s’est illustré dans la culture québécoise

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La culture québécoise est riche et diversifiée. Que ce soit au théâtre, dans les beaux-arts, au cinéma, dans la musique ou dans la littérature, les artistes de la province ont raconté bien des choses à travers leurs œuvres, tel que l’histoire de la province, la beauté des paysages québécois ou bien de la présence importante de la classe ouvrière au sein de notre société, parmi laquelle on retrouve le camionneur.

Comme ce métier reflète bien l’image du travailleur québécois acharné si bien représenté dans la culture québécoise, il serait normal de voir plusieurs œuvres qui le mettent en valeur. En vérité, peu mettent le camionnage au premier plan. Cependant, nous avons trouvé pour vous six moments où la culture québécoise lui a donné de l’importance.

Cinéma

Camion de Rafaël Ouellet (2012)

(Image : K-Films Amérique)

Germain est un camionneur d’expérience. Lorsqu’il est impliqué dans un accident de la route qui provoque la mort d’une femme, son monde arrête de tourner et il sombre dans un état inquiétant. Rongé par la culpabilité, Germain n’a pas le courage de retourner derrière le volant de son camion. Il s’enfonce dans une léthargie qui inquiète son fils, Samuel. Samuel part alors au Nouveau-Brunswick à la recherche de son frère Alain afin de retourner à la maison de leur enfance apporter du soutien à leur père. En confrontant leurs différents drames, les trois hommes retrouveront ce qui les unit, et de l’espoir pour les jours à venir.

Même s’il s’agit de son quatrième long-métrage, c’est ce film qui a mis Rafaël Ouellet (Arsenault & Fils) à l’avant-scène. Pour son histoire, le réalisateur s’est inspiré de son père qui, comme dans le film, était camionneur. Il a aussi confirmé qu’il était beaucoup influencé par le contexte rural dans lequel il a grandi et où son père et ses collègues camionneurs travaillaient. Le film a d’ailleurs en partie été tourné à Dégelis, sa ville natale. Il crée avec toutes ces inspirations une histoire de réconciliation familiale et de reconstruction.

Le film a été très bien reçu par les critiques, qui ont notamment acclamé la performance de Julien Poulin dans le rôle du père. Il a d’ailleurs été récompensé de deux prix au Festival de film de Karlovy Kary de 2012, celui du meilleur réalisateur et le prix du jury eocunémique. Il a aussi reçu plusieurs nominations au Gala Québec Cinéma (alors appelé les Jutras). Il a remporté deux prix, soit meilleur acteur pour Julien Poulin et meilleure musique.

(Chaîne YouTube : Les films du Québec)

Rodéo de Joëlle Desjardins-Paquette (2023)

(Image : Entract Films)

Lorsqu’il a l’occasion de voir sa fille Lily, neuf ans, le camionneur Serge Junior aime partager avec elle sa passion pour les «rodéos», un événement au cours duquel des conducteurs de véhicules lourds prennent part à des concours d’habiletés et de vitesse. Lorsque la gestion de la garde de l’enfant entre Serge Junior et son ex-conjointe devient de plus en plus complexe, l’homme entraîne sa fille dans un long voyage à travers le Canada à bord de son camion, périple devant les mener au grand rodéo des Badlands, en Alberta.

On a mentionné ce film plusieurs fois dans nos pages. Pour son premier long-métrage, la réalisatrice et scénariste du film, Joëlle Desjardins Paquette, s’est inspiré de son père, Daniel Paquette. C’est un vétéran de l’industrie qui a travaillé 50 ans chez Kenworth Montréal, principalement comme représentant des ventes. Durant l’été, il amenait sa fille dans les festivals de camions où il présentait un camion Kenworth lors de parades. C’est là qu’elle a découvert les compétions de camions, et ses souvenirs servirent d’inspiration pour son film. Il ne s’agit cependant pas d’une autobiographie, la réalisatrice prenant des libertés avec son propre passé. La figure paternelle du film, interprétée par Maxime LeFlaguais, est ici un camionneur qui participe aux courses de camions. Il amène sa fille faire un long voyage vers l’Ouest à la suite de conflits familiaux. Le film est un road-movie, un genre qui touche beaucoup aux routiers, qui explore la relation père-fille et qui met l’accent sur la passion des personnages pour le camionnage.

Le film a en partie été tourné au Challenge 255 de Baie-du-Febvre, ce qui procure une bonne vision du milieu des courses de camions. Maxime LeFlaguais a, de plus, réellement conduit un camion du film.

Le film a reçu de très bonnes critiques acclamant les performances d’acteurs, la réalisation ainsi que la beauté de l’histoire. Le long-métrage a d’ailleurs reçu le prix de la meilleure réalisation Festival de films de Whistler, qui met en valeur les films réalisés par des femmes.

(Chaîne YouTube : Entract Films)

Musique

L’Amérique pleure, Les Cowboys fringants, 2019

Les Cowboys Fringants est un groupe incontournable de la musique québécoise. Pendant 25 ans, Karl Tremblay, Jean-François Pauzé, Marie-Annick Lépine et Jérôme Dupras ont joué des chansons entraînantes, mais aussi des textes mélancoliques qui viennent nous toucher, le tout en gardant une fierté purement québécoise. Pour son album de 2019 Les Antipodes, le groupe a traité du sujet du camionnage avec le succès L’Amérique pleure.

Comme l’explique le compositeur du groupe Jean-François Pauzé dans une entrevue sur la chaîne du SOCAN, les prémisses de la chanson parlaient surtout d’un camionneur solitaire, ce qui l’attirait moins. Il a ensuite eu l’idée de mélanger ce contexte avec l’aspect revendicatif et social qui a fait le succès de Cowboys fringants. Le texte décrit en effet un camionneur dans son quotidien sur la route  qui rend compte de plusieurs petits problèmes au sein de sa société, ramenant aussi à sa propre solitude de camionneur.

Des paroles engagées, parfois un peu pessimistes, mais qui ramènent aussi à un sentiment d’espoir avec une mélodie très entraînante. La chanson a beaucoup plu aux auditeurs, car elle a été au sommet  des palmarès pendant 26 semaines d’affilée, tout simplement un record. Elle a aussi remporté le Félix de la Chanson de l’année au Gala ADISQ 2020 et a donné son nom au film-concert du groupe sorti en 2020.

(Chaîne YouTube : Les Cowboys fringants)

La Chanson du camionneur, Fred Pellerin, 2018

Fred Pellerin est sans aucun doute l’une des grandes figures de la culture québécoise. Conteur et écrivain talentueux, il est aussi un grand musicien reconnu. Sa place importante au sein de la scène culturelle québécoise lui a permis de devenir chevalier de l’Ordre du Québec en 2012 et membre de l’Ordre du Canada en 2022. Ses albums de musique ont eux aussi été récompensés plusieurs prix, notamment au Gala de l’ADISQ, où il a reçu le Félix de l’album folk de l’année à deux reprises, soit en 2009 pour l’album Silence et en 2012 pour C’est un monde.

Cependant, ce qui nous intéresse est l’album de 2018 intitulé Après, là où figure La chanson du camionneur. Ce n’est cependant pas une chanson originale, mais une reprise de la chanson de Pierre Rochette, un des chansonniers les plus importants du Québec. Elle a été écrite après que l’artiste eut discuté avec un camionneur dans un restaurant sur la route. La chanson parle d’un camionneur qui passe de nombreuses heures sur la route, mais qui pense sans cesse à sa femme et qui est impatient de la retrouver la fin de semaine. Une situation qui touche beaucoup de chauffeurs de véhicules lourds.

Mais si j’ai choisi la version de Fred Pellerin plutôt que l’original, c’est pour mettre en avant l’amour du conteur pour la culture québécoise. Il apprécie surtout les chansonniers vétérans qui ont montré la beauté de la province avec leurs mots, notamment Gilles Vigneault à qui il a rendu hommage en 2011.  C’est dans cet esprit qu’il a fièrement repris la chanson de Pierre Rochette dans le cadre de l’émission En route vers l’ADISQ 2018.

(Chaîne YouTube : Ici Musique)

Littérature

Du diesel dans les veines : La saga des camionneurs du Nord, Serge Bouchard et Mark Fortier, 2021

(Image : Lux Éditeur)

Serge Bouchard était un célèbre anthropologue, essayiste et animateur québécois. S’il a publié de nombreux ouvrages sur les autochtones ainsi que plusieurs autres livres, il est surtout connu pour avoir animé, en compagnie de son collègue Bernard Arcand, l’émission de radio Les lieux communs, diffusée sur les ondes de Radio-Canada, qui regroupait plusieurs petites capsules anthropologiques sur divers aspects de la société. L’auteur nous a quitté en 2021, mais en laissant quand même un dernier ouvrage, écrit avec la collaboration du sociologue Mark Fortier. Ce livre parle en effet des camionneurs et s’intitule Du diesel dans les veines : La sage des camionneurs du Nord.

Ce livre nous ramène au début de la carrière de Serge Bouchard, puisqu’il s’agit d’une réécriture de Nous autres les gars de truck: Essai sur la culture et l’idéologie des camionneurs de longue distance dans le Nord-ouest québécois, la thèse qu’il avait écrite pour son doctorat à l’Université McGill en 1980. Il raconte les observations de Bouchard sur la communauté de camionneurs dans le nord-ouest du Québec, là où il a voyagé de 1975 à 1976.

Cette réécriture est l’occasion de transformer le texte de recherche académique de base en un livre brossant un portrait vivant de cette communauté. L’auteur raconte non seulement les conditions de travail des camionneurs, mais aussi leur mode de vie, leurs histoires et la passion que ces chauffeurs œuvrant à la Baie-James ont pour leur métier. En somme, une belle représentation riche de ces personnes.

La camionneuse et la légende de l’homme des rivières

(Image : Éditions Des Immortels)

Marianne, jeune camionneuse, voyage régulièrement dans la Vallée de la Matapédia, en Gaspésie, au Québec. Cette journée-là, elle aperçoit un auto-stoppeur, un vieil homme un peu bizarre qui semble être en difficulté. Elle se laissa attendrir et le fait monter à bord de son camion. Marianne, la rebelle, doit à quelques reprises rendre les armes devant l’étrange conversation de Thomas, car ce vieil homme de 92 ans s’avère bien rusé et mystérieux. La jeune femme se montre méfiante à son égard. Que lui veut-il? Lui tendra-t-il un piège? Que prépare-t-il?

Derrière ce résumé se cache une histoire qui mélange réalité et fiction. Les personnages du livre sont en effet inspirés de véritables personnes, la première étant l’auteure elle-même, Hélène Tremblay. Elle est effectivement une camionneuse depuis plusieurs années. C’est lors de ses débuts qu’elle elle a rencontré Richard Adams, un guide de pêche de saumon reconnu de la région de la Gaspésie, qui avait notamment guidé le président américain Jimmy Carter. Il s’agit de l’inspiration derrière le deuxième personnage de son récit.

À travers ce roman semi-autobiographique publié en 2003, Hélène Tremblay propose un récit initiatique qui revient à ses souvenirs sur la route. Le livre a aussi eu le droit à une suite intitulée Femme-Médecine, L’appel sacré de la nature, dans lequel le personnage de Marianne rencontre cette fois une femme-médecine.

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